Origine et histoire de l'Église Notre-Dame
L’église Notre-Dame, petite église paroissiale du bourg de Jambville dans les Yvelines, se situe dans le parc naturel régional du Vexin français, à l’est du château, sur la place Monseigneur Colson accessible uniquement depuis le nord. Bâtie au milieu d’un enclos ceint de hauts murs correspondant à l’ancien cimetière, elle est dégagée de constructions mitoyennes mais ne peut être appréhendée de loin en raison de la proximité des murs qui la limitent. Selon l’abbé Jean Vital Gautier, la paroisse trouve son origine en 1023 ; sous l’Ancien Régime elle dépendait de l’archidiocèse de Rouen et disposait d’un petit prieuré, le collateur de la cure étant l’abbé de Saint‑Germer‑de‑Fly. L’édifice, de plan rectangulaire, remonte en partie au XIIe siècle et a connu de nombreuses campagnes de travaux et de restaurations qui lui donnent l’aspect composite que l’on observe aujourd’hui. Remaniée à plusieurs reprises, elle illustre les petites églises rurales du Vexin où des motifs d’architecture savante sont repris sans la même régularité que dans les grands monuments, d’où de nombreuses irrégularités et retouches. Les dégradations anciennes ont fait perdre la plupart des sculptures des chapiteaux et toutes les fenêtres d’origine ; les élévations extérieures ont été restaurées si radicalement qu’elles ne conservent que quelques éléments anciens, parmi lesquels un tympan roman quadrillé au nord de la nef. À l’extérieur, le clocher octogonal d’inspiration romane et sa flèche de pierre gothique constituent les éléments les plus remarquables. L’église a fait l’objet d’une inscription aux monuments historiques le 4 juin 1926, puis le clocher et le tympan ont été classés par arrêté le 17 octobre 1938. Aujourd’hui elle appartient à la paroisse de Limay‑Vexin, qui regroupe seize communes et dix‑huit lieux de culte ; des messes dominicales y sont célébrées environ tous les deux mois à 10 h 30.
La construction s’est déroulée par campagnes : le tympan roman et des parties de la façade datent du début du XIIe siècle, la base du clocher qui correspond à l’ancienne croisée du transept remonte au second quart ou au milieu du même siècle, le petit chœur est attribué à la fin du XIIe siècle, et le croisillon sud et la chapelle latérale dédiée à la Vierge relèvent d’une campagne gothique vers 1220–1230 ; la flèche de pierre est postérieure. Aux XVe–XVIe siècles, l’église a été modifiée par l’ajout d’un collatéral au sud et par le voûtement d’ogives dans le style gothique flamboyant, tandis qu’un bas‑côté nord a été ultérieurement démoli. Sous la Révolution, la paroisse a été intégrée au nouveau diocèse de Versailles.
Les restaurations récentes ont rendu partiellement lisible cet état complexe : le clocher a été restauré dans les années 1980 et ses baies restitutées, des travaux d’assainissement et la restitution de polychromies architecturales ont été réalisés en 1989 sur la nef, la base du clocher et le croisillon sud, et des verrières claires ont été posées en 1999 ; la municipalité a lancé en 2016 un appel aux dons via la Fondation du patrimoine pour financer la réfection de la toiture, estimée à 86 000 €.
L’édifice, orienté régulièrement, se compose d’un porche moderne en façade occidentale, d’une nef accompagnée d’un collatéral sud, d’une base de clocher correspondant à l’ancienne croisée, d’un chœur rectangulaire, d’un croisillon et d’une chapelle latérale sud, et d’une sacristie au nord du chœur. L’ensemble se développe sur un seul niveau d’élévation et est couvert d’une toiture commune à deux rampants, à l’exception du clocher qui passe à un plan octogonal et se termine par une flèche de pierre. On observe à l’intérieur des arcades et un formeret bouchés qui témoignent de l’existence d’un bas‑côté nord et d’un croisillon nord aujourd’hui disparus.
La nef, aux proportions modestes et relativement basse, paraît provenir d’une ancienne nef non voûtée voûtée secondairement d’ogives sans formerets ; elle est légèrement désaxée vers le nord. Le collatéral sud atteint la même hauteur que la nef et présente des travées carrées ; l’ensemble du voûtement relève du style flamboyant avec nervures pénétrantes dont les clés de voûte alternent écussons et rosaces de feuillages, et l’on relève dans la dernière travée une clé armoriée attribuée aux seigneurs d’Oinville. Les supports associent piliers isolés aux bases parfois difformes et piliers engagés ondulés à trois ou quatre renflements, disposition comparable à plusieurs églises du Vexin, ce qui suggère une parenté d’atelier pour l’exécution des voûtes.
La base du clocher, de plan carré, conserve des doubleaux à double rouleau et des ogives au profil torique caractéristique de la transition entre la période romane et la première période gothique ; ses chapiteaux ont été mutilés et leur décor a été en partie reconstitué par une restauration polychrome intérieure qui cherche à restituer l’effet du relief. Le chœur, un peu plus profond et plus étroit que la croisée, présente des profiles proches mais témoigne de réparations et de retouches ; la travée ne dégage pas l’aspect imposant d’un sanctuaire et la baie du chevet n’a pas été reconstituée après la disparition du retable.
Le croisillon sud et la chapelle latérale, datés des années 1220–1230 et peut‑être destinés aux offices du prieuré, ont été mis en valeur par la restitution de la polychromie des nervures et d’un décor en faux‑apparail ; leur architecture présente néanmoins des compromis et des ajustements aux structures anciennes, notamment au droit des piles du clocher. Les clés et les chapiteaux de cette campagne affichent un décor de crochets ou de feuilles polylobées dans le goût du XIIIe siècle.
À l’extérieur, hormis le clocher, les élévations sont le plus souvent le résultat de reprises et paraissent d’un caractère assez ordinaire : le portail occidental sous le porche est moderne, les ouvertures ont perdu tout caractère ancien et les murs sont en moellons crépis, retravaillés à plusieurs reprises. On remarque néanmoins quelques contreforts qui pourraient remonter au XIIe siècle, le tympan roman quadrillé au nord de la nef et les traces de l’arrachement du croisillon nord.
Le clocher, l’un des clochers romans octogonaux du Vexin français, présente un étage de beffroi appareillé en pierre de taille et percé d’une baie plein cintre par face ; il est couronné d’une corniche de modillons et coiffé d’une flèche gothique plus tardive, ornée à sa base de têtes saillantes et ajourée par des lucarnes allongées. Les chambranles et chapiteaux ont souvent perdu leur sculpture ou ont été remaniés lors des restaurations.
Le mobilier est peu abondant : l’église conserve quelques bancs, trois statues, des fonts baptismaux à cuve circulaire sur pied octogonal et l’autel néo‑gothique de la Vierge ; la plupart des apports du XIXe siècle ont été retirés lors des dernières interventions. Seules la Vierge à l’Enfant, statue en pierre calcaire de 130 cm datée de la première moitié ou du milieu du XIVe siècle, et la dalle funéraire de Pierre de Jambville, grande dalle sculptée datée de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle, sont classées au titre des objets. La Vierge, qui porte encore des traces de polychromie, montre la qualité du drapé ; la dalle funéraire, initialement au sol du croisillon sud et redressée contre le mur de la chapelle de la Vierge vers 1900, figure un haubert, une cotte d’armes et un décor architectural ajouré, accompagnée d’une épitaphe partiellement lisible. Deux autres statues en bois polychrome représentent saint Louis et saint Nicolas.