Origine et histoire du Temple réformé
Le temple réformé de Sainte-Marie-aux-Mines, situé 23 rue du Temple dans le Haut-Rhin, est l'un des plus anciens temples protestants de France et un rare témoignage de l'architecture réformée des XVIe et XVIIe siècles. La Réforme calviniste y fut introduite vers 1550 avec l'arrivée d'un pasteur placé sous la protection d'Eguenolphe de Ribeaupierre, et les premiers fidèles, principalement des mineurs, se réunissaient d'abord à Fertrupt et à Échéry. La croissance de la paroisse amena la communauté à édifier un temple durant la guerre de Trente Ans, les travaux débutant en juillet 1634 grâce aux dons des fidèles et à deux emprunts. La toiture fut posée en septembre 1634, un panneau en grès au-dessus de la porte porte la date 1634 en chiffres romains, et les vitres des fenêtres furent posées en 1635 ; le bâtiment a également été inauguré le 1er octobre 1634. Le plan est rectangulaire, avec des dimensions de 22,7 par 17,3 mètres, et la grande salle est meublée de bancs avec agenouilloirs, d'une table de communion et d'une chaire centrale élevée. Le temple est éclairé par dix-huit hautes fenêtres ogivales, complétées par plusieurs petites fenêtres rondes ; l'entrée est située à l'ouest et la chaire, très haute, fait face à cette entrée, les bancs étant disposés de part et d'autre d'une allée centrale. Dès l'origine une galerie permet d'augmenter la capacité, les célébrations de la Cène étant alors dédoublées pour permettre la participation de tous. La communauté réformée fut renforcée par l'immigration de calvinistes germanophones venus de Suisse, ce qui entraîna un partage linguistique et des tensions ; en 1698 il fut décidé d'attribuer un pasteur à chaque langue tout en partageant le temple, situation qui perdura jusqu'à la réunification en 1827 par le pasteur Michel Paira. Le clocher ne fut ajouté qu'en 1807 ; il présente un plan octogonal et atteint environ 23 mètres de hauteur, il accueillit dès l'origine deux cloches fondues par la fonderie Grass de Ribeauvillé. Les cloches connurent des problèmes, l'une étant constatée fêlée en 1861 et les deux étant alors remplacées par le fondeur Gousset, et le clocher fit l'objet de multiples réparations au cours des XIXe et XXe siècles. Le bâtiment a subi à de nombreuses reprises des travaux de restauration : la charpente et la couverture furent réparées en 1747, année où les bardeaux de bois furent remplacés par une couverture en tuiles, et les vantaux de la porte remplacés en 1748 sont encore en place. En 1810 l'industriel Jean-Georges Reber fit remplacer les fenêtres et fit repeindre les élévations extérieures, soulignant les chaînes d'angle en gris et ornant les encadrements des baies de pilastres cannelés terminés par un coquillage ou un feuillage. D'autres interventions sont attestées aux XVIIIe et XIXe siècles, notamment des renforts de poutres et des remplacements de fenêtres, et une grande rénovation eut lieu en 1934; le temple subit ensuite des dommages en 1940 et 1941. À la fin du XXe siècle une restauration extérieure a été entreprise et une restauration intérieure était prévue en 2003. En 1907 un legs permit d'installer des vitraux peints de part et d'autre de la chaire, provenant des établissements Gebrüder Ott de Strasbourg. Les orgues, d'abord installées par Joseph Rabiny en 1788 puis déplacées en 1828, furent remplacées en 1847 par un instrument du facteur Callinet de Rouffach. Plusieurs pierres tombales du XVIIIe siècle sont visibles sur le sol du temple, dont celles de Jean Fattet, juge des mines, de son épouse Louise Schoenauer et peut-être de Christiane Dorothée Schwengsfeld, ainsi que des sépultures du pasteur Christof Merian et de Maria Rosina Seyler. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis 1994 et la paroisse est membre de l'Union des Églises protestantes d'Alsace et de Lorraine.