Origine et histoire du Château de Cheyrelle
Le château de la Cheyrelle, perché à 1 100 m d’altitude sur la commune de Dienne (Cantal), est un manoir du XIXe siècle dont la silhouette et l’intérieur doivent leur singularité aux transformations réalisées au début du XXe siècle. À partir d’une construction du milieu du XIXe siècle — la première pierre ayant été posée en 1858 et l’édification principale attribuée à la période 1858–1868, l’ouvrage ayant par ailleurs connu des agrandissements au cours du XIXe siècle — Gustave Serrurier‑Bovy a aménagé, entre 1903 et 1905, l’intérieur et l’extérieur en appliquant ses principes esthétiques de clarté, de rationalité et de fonctionnalité ; il a lui‑même conçu une grande partie du mobilier aux lignes simples, seule partie du décor d’origine à être restée intacte. Les travaux de cette époque, conduits par René Dulong et Serrurier‑Bovy pour le propriétaire Pierre Felgères, ont donné au lieu sa forme définitive et en font un exemple significatif des idées proches du mouvement Arts & Crafts et préfigurant certains aspects de l’architecture contemporaine. L’ensemble bâti comprend le bâtiment principal dit « le château », la « nouvelle maison » construite en 1904 qui regroupe les communs et les chambres de service (écurie, remise, sellerie, cuisine, cave, etc.), un pavillon de gardien élevé en 1905 à l’entrée, ainsi qu’une maison de ferme ; le parc d’environ 1,7 hectare, planté de beaux sujets, offre une vue dégagée sur le village de Dienne, la vallée de la Santoire et le plateau du Limon depuis la terrasse. Propriété de la famille Felgères de 1847 à 1989, le domaine a conservé une activité agricole tout au long du XXe siècle ; Jacqueline Felgères‑Trillat a relancé l’élevage de la race Salers et reçu le Prix du Mérite agricole en 1967. En 1940, son époux Jean‑Jacques Trillat participa à l’évacuation de l’eau lourde et d’éléments de radium provenant du laboratoire de Joliot‑Curie. Après les décès des propriétaires, terres, meubles et bâtiments furent progressivement vendus ; la propriété fut rachetée en 1990 par deux particuliers parisiens qui firent procéder à l’inscription, puis au classement comme monument historique, le décor intérieur étant classé par arrêté du 27 mars 2006. L’arrêté souligne l’intérêt public de l’ensemble en raison de « l’importance exceptionnelle de cette œuvre singulière réalisée entre 1903 et 1905 », en particulier comme exemple complet et subsistant des principes novateurs de Serrurier‑Bovy. L’activité agricole a pris fin en 1994 et la grange subsistante a été démolie en 2006. Rachetée une nouvelle fois en 2014, la propriété fait l’objet depuis l’automne 2017 d’une importante campagne de restauration et le château est de nouveau ouvert à la visite depuis l’été 2024.