Origine et histoire du Musée de la Reddition
Le musée de la Reddition, créé par la ville de Reims en 1985 à l'occasion du 40e anniversaire de la signature du 7 mai 1945 à 2 h 41 de la première partie des actes de capitulation allemande, occupe une partie des locaux de l'actuel lycée Franklin‑Roosevelt. La salle où se déroula la reddition est classée au titre des monuments historiques depuis le 31 décembre 1985. Après la libération de Reims le 30 août 1944, les bâtiments, d'abord réquisitionnés par l'occupant allemand, furent affectés à l'administration américaine de l'Oise, puis accueillèrent le quartier général de la 101e division aéroportée. En février 1945 Dwight D. Eisenhower installa le Supreme Headquarters Allied Expeditionary Force (SHAEF) dans le collège moderne et technique de la rue Jolicœur, situé à proximité de la ligne de chemin de fer Paris‑Metz‑Allemagne. Après le suicide d'Adolf Hitler, l'amiral Dönitz envoya des émissaires pour négocier une capitulation avec l'Ouest; plusieurs échanges eurent lieu du 5 au 7 mai, mais les Alliés n'acceptèrent qu'une reddition inconditionnelle et totale valable pour l'ensemble de l'Europe. Le 7 mai 1945 à 2 h 41 du matin, la reddition fut signée à Reims par la délégation allemande conduite par le Generaloberst Alfred Jodl, accompagné du major Wilhelm Oxenius et de l'amiral von Friedeburg. Le document, rédigé en quatre langues, fut signé côté allié par le général Walter B. Smith représentant le SHAEF et par d'autres officiers des forces alliées; aucune version française n'existe et le texte anglais fait foi. Staline exigea immédiatement une nouvelle signature officielle à Berlin, estimant que la chute de la capitale allemande devait être politiquement mise en avant; de plus, le représentant soviétique en France, Ivan Sousloparov, n'avait pas reçu l'accord de Moscou mais signa néanmoins l'acte. Pour rassurer les Soviétiques, les Alliés acceptèrent que l'acte de Reims soit considéré comme préliminaire à une cérémonie officielle le lendemain à Berlin. Eisenhower refusa de participer à Reims faute de présence d'un homologue allemand de son rang, le maréchal Keitel. La France fut tenue à l'écart des préparatifs : le général François Sevez ne signa que comme témoin et n'avait été convoqué qu'in extremis, alors que le général de Lattre avait été officiellement désigné. L'acte de Reims, court et conçu dans l'urgence pour mettre fin aux combats, n'employa pas le projet de capitulation élaboré par les juristes de la Commission consultative européenne, et une nouvelle signature s'avéra nécessaire pour satisfaire les intérêts des alliés, ce qui explique que la date officiellement retenue pour la capitulation soit le 8 mai 1945 et que la reddition de Reims soit quelque peu tombée dans l'oubli. Le parcours muséographique comprend plusieurs salles : au rez‑de‑chaussée un film en français, allemand, anglais et russe présente le contexte et les protagonistes; une salle expose des uniformes, des informations sur les unités présentes à Reims (FFI, aviateurs britanniques et allemands) et divers petits objets; une autre met en scène des membres de l'état‑major interallié et montre médailles et journaux du 8 mai 1945; enfin la war room est présentée dans l'état de l'époque, avec les cartes des opérations du 7 mai et des photographies des acteurs de la journée. Le musée rassemble également vitrines et documents d'époque, titres de presse du 8 mai, reconstitutions des personnes présentes au SHAEF, et des pièces liées aux figures et événements associés à la reddition et à la victoire célébrée à Reims.
