Origine et histoire de l'Abbaye
Fondée au XIIe siècle (vers 1126-1127) par des moniales issues de l'abbaye de Tart et consacrée à l'Assomption, l'abbaye cistercienne de Belmont, en Haute-Marne, fut l'une des premières fondations féminines de l'ordre de Cîteaux. Placée sous la protection papale et soutenue par le Tart, elle reçut de nombreux dons fonciers et administra plusieurs domaines et paroisses locaux. Très endommagée pendant la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion, l'abbaye fut reconstruite au XVIIIe siècle, les travaux paraissant achevés en 1776. Aujourd'hui subsistent le logis des hôtes dans son intégralité, une partie du bâtiment conventuel et l'ancienne église abbatiale devenue paroissiale au XIXe siècle. Le logis des hôtes présente un plan en U sur deux niveaux, avec une travée centrale surmontée d'un fronton triangulaire ; il est complété au nord par un pigeonnier de plan carré et par un four à pain. Après la Révolution, les bâtiments furent partagés et transformés en exploitation agricole : un pavillon nord‑ouest devint grange et le logis fut divisé entre deux agriculteurs. L'église fut réaménagée au XIXe siècle : une travée occidentale fut ajoutée en 1836, un clocher‑porche fut élevé à l'est en 1865‑1866 d'après les plans de l'architecte Girard, puis deux chapelles furent ajoutées en 1879 selon les plans de l'architecte Fayl‑Billot. Ces transformations déplacèrent l'entrée de la nef vers l'ancien chœur et firent passer le plan initial à un plan en croix latine, seules les trois premières travées de la nef correspondant encore à l'édifice médiéval. Au cours des siècles, l'abbaye connut pillages, épidémies et occupations, et passa au régime de la commende avant d'être dissoute à la Révolution ; ses biens furent vendus en 1790 et les dernières religieuses expulsées. Belmont participa également à l'expansion cistercienne en orient, avec une présence attestée de 1147 à 1287, et resta liée à Cîteaux jusqu'à sa fermeture. La succession des abbesses est documentée, depuis la fondatrice Pétronille de Coublanc jusqu'à Madeleine Anne Esmangart à la fin du XVIIIe siècle, plusieurs d'entre elles appartenant aux familles locales influentes. Au XIXe siècle, la commune racheta l'église et le site conserva des usages agricoles ; une chapelle dédiée à Notre‑Dame de la Paix fut élevée sur la colline en 1871. Les bâtiments conventuels ont subi de fortes dégradations et un incendie en 2010 a détruit une partie de l'ensemble ; la maison des hôtes, inscrite à l'inventaire des Monuments historiques en 2004, fait l'objet de travaux de restauration. Le site fait l'objet d'une inscription partielle aux Monuments historiques depuis 2013 et abrite depuis la même année une bibliothèque publique offrant consultation d'archives et animations culturelles saisonnières. Parmi les œuvres liées à l'abbaye figure un bas‑relief de l'Assomption en bois doré d'Antoine Besançon, commandé en 1788 et placé au‑dessus du maître‑autel au printemps 1789.