Origine et histoire de la Tour d'Eygliers
Au XIVe siècle, Guillestre reste une ville ouverte, protégée seulement par le château des archevêques qui la domine à l’est. Ce château, probablement très ancien mais attesté seulement à partir de 1251, servait de refuge aux habitants lors du passage des troupes armées. D’après les sources et les vestiges, il comportait une courtine quadrangulaire d’environ quatre-vingts mètres de long, dominée au nord par une puissante tour carrée et cantonnée d’au moins quatre tours semi‑circulaires. Les remparts ont été édifiés sous l’égide de l’archevêque Michel Estienne de Pérellos, que les Guillestrins chargèrent dès 1390 de choisir leur emplacement et leur tracé. Il proposa d’enclore la ville ancienne située au pied du château, le quartier de Ville‑Vieille, ainsi que les quartiers neufs selon un plan globalement ovale. L’ouvrage reliant la ville au château comprenait dix tours et quatre portes principales, et une ou plusieurs poternes permettaient un accès direct du château au bourg. En 1397, alors que le chantier était en cours, la tour d’Eygliers élevée sous la direction d’Albert Réotier et de Raymond Martin par des maçons milanais s’écroula. Face à de nouvelles menaces, les remparts furent réparés en 1621. En 1692, lors du retrait de l’armée du duc de Savoie, la ville et le château subirent de graves dommages, réparés sur ordre du roi l’année suivante. D’autres travaux eurent lieu au XVIIIe siècle ; en 1745, l’assemblée de Guillestre fit réparer les bastions du bourg par crainte de nouvelles attaques. Progressivement abandonnés, les remparts servirent de carrière : les courtines furent percées de nombreuses portes et fenêtres, les portes de Saint‑Sébastien et de Sainte‑Catherine furent détruites, et les fossés comblés pour être transformés en jardins ou places publiques. Devenu inutile, le château fut démoli dès la fin du XVIIIe siècle.