Origine et histoire du Manoir de Garaison
Le Manoir de Garaison, ancien abri de pèlerins situé à Monléon-Magnoac (Hautes-Pyrénées), forme un ensemble de bâtiments clos de murs orienté plein sud et disposé autour d'une cour. Il est inscrit aux monuments historiques le 12 juillet 1973. Au nord se trouve la maison d'habitation, caractéristique de l'architecture régionale d'époque Henri IV, à pans de bois sur soubassement de pierres, tandis qu'à l'ouest s'implante une étable remarquable par ses dimensions et sa charpente. Le côté sud est occupé par une métairie et des hangars du XVIIIe siècle; les bâtiments situés à l'est ont disparu. La maison principale à colombages, orientée nord-sud, est couverte d'une toiture en tuiles canal. Les constructions utilisent des matériaux traditionnels du Magnoac, comme les galets disposés en épis, le bois, la terre cuite, le torchis ou le pisé. La cour conserve un puits récemment restauré et était autrefois pavée d'une calade; on y trouve également un ancien four à pain. Une ancienne fenêtre à meneaux permettrait de dater certains éléments au XIVe–XVe siècle, et des pierres de fortification médiévales ont été mises au jour lors de travaux d'assainissement. Dans le prolongement de la maison, la métairie a servi d'hostellerie au XIXe siècle; on remarque aussi un porche monumental, une bergerie et deux granges en enfilade. Le manoir a été acheté au XVIIe siècle par les chapelains pour accueillir les pèlerins; lors de la Révolution le bien a été confisqué et les religieux chassés. Le hameau de Garaison présente une occupation ancienne: des traces de tumulus ont été retrouvées et le nom du ruisseau l'Alia suggère une présence gallo-romaine. La baronnie de Barthère et Garaison a appartenu à la famille d'Antin. En 1515, Anglèze de Sagazan aurait eu des apparitions de la Vierge; une source miraculeuse se serait révélée et une chapelle, construite en 1540, est aujourd'hui classée monument historique. La jeune fille habitait "à une portée d'arbalète", peut-être sur un site antérieur au manoir actuel. Très tôt, Garaison est devenu un lieu de pèlerinage sur le chemin de Compostelle et le manoir a accueilli les états des quatre vallées — Aure, Basse-Neste, Barousse et Magnoac. En 1590, dans le contexte des guerres de religion, la statue de Notre-Dame des Sept Douleurs fut jetée au feu mais en réchappa; elle est depuis placée dans le chœur de la chapelle. Au XIXe siècle, le Manoir de Garaison est acheté par la famille Boué, qui en est encore propriétaire par ses descendants. En 1841 un collège ouvre dans le hameau, il est fermé en 1903; pendant la Première Guerre mondiale les bâtiments ont servi à abriter 1 700 prisonniers, parmi lesquels figurait le docteur Albert Schweitzer. En 1923 d'anciens élèves rachètent l'établissement et le collège reprend; depuis lors l'établissement catholique sous contrat accueille des élèves du primaire au lycée, encadrés par des religieux liés au sanctuaire de Lourdes.