Origine et histoire de l'Abbatiale Notre-Dame-de-l'Assomption
L'église abbatiale de Saint-Savin est située dans les Hautes-Pyrénées et dépendait d'une abbaye qui fut l'un des plus importants centres religieux du pays de Bigorre. Le monastère remonte au moins au Xe siècle et a été édifié sur l'emplacement d'un fort gallo-romain anciennement appelé Palatium Æmilianum, nom que lui attribue la tradition charolingienne. Saint Savin, qui a donné son nom au lieu, fut ermite dans la région au VIIIe siècle. À l'époque des mauristes, l'abbaye portait des armoiries blasonnées ainsi : « D'azur à la palme d'or en barre, sur laquelle broche un coutelas d'argent, un E d'or en chef accosté de deux fleurs de lys des mêmes, une autre en pointe ». L'abbatiale comporte notamment une nef et un tabernacle. Lieu de tradition et d'histoire, elle est même évoquée par Pulci qui y fait passer le personnage de Roland dans Il Morgante maggiore. Le monastère fut pillé et incendié en 841 par les Normands et aurait également subi des attaques antérieures de Sarrazins. En 945, le comte Raymond Ier de Bigorre dota généreusement l'abbaye en lui attribuant un territoire dit le Pascal de Saint-Savin, comprenant les villages de Saint-Savin (Sen Sabi), Castet, Lau (Laou), Balagnas, Adast (Adas), Nestalas, Soulom et Us ; l'église Saint-Jean-de-Saint-Savin servait alors d'église paroissiale commune. L'abbaye s'unifia en 1080 à l'abbaye Saint-Victor de Marseille. En 1130, un conflit juridique orchestré par Bernard d'Arzicac et Centulle II de Bigorre opposa l'abbé aux habitants du val d'Azun au sujet d'une sépulture. La reine Marguerite et sa cour se réfugièrent dans l'abbaye lors des inondations de Cauterets. Aux siècles suivants, l'abbaye conserva encore le contrôle des terres évoquées plus haut. Le 21 juin 1660, un violent séisme fendra et dévastera de nombreux bâtiments de la vaste abbaye, entraînant son déclin et la modestie de ses installations. À partir du XVIe siècle, l'abbaye entra en péril en raison des guerres de Religion, d'un relâchement de la discipline et de sa mise en commende ; des moines de la Congrégation de Saint-Maur entreprirent une tentative de restauration au XVIIe siècle. En 1790, seuls trois moines y résidaient ; l'année suivante l'église devint paroissiale et les bâtiments monastiques furent vendus comme biens nationaux, utilisés ensuite comme carrière de pierre et convertis, notamment la salle capitulaire, en écurie. Un autre séisme en 1854 provoqua des destructions additionnelles, mais Prosper Mérimée ordonna la restauration de l'église en 1855, ce qui sauva le bâtiment de la ruine. Sur le plan archéologique, Gustave Bascle de Lagréze signala au XVIIIe siècle la présence de débris antiques, de témoignages de la présence de Celtibères ainsi que de médailles et d'armes romaines. Parmi les abbés connus figurent Eneco d'Ygnigue, Bernard I d'Escors et Garcias, et des listes plus complètes sont consultables dans les travaux de Bascle de Lagrèze et dans des catalogues disponibles sur Gallica. L'abbaye reçut plusieurs donations et dîmes au cours du Moyen Âge : en 1083 la moitié de la dîme d'Azos fut donnée en présence de Raymond-Arnaud d'Arcizas et de Raymond de Vieusac, en 1130 Pierre de Silhen et son fils offrirent la dîme de l'église de Silhen, et en 1157 Arnaud d'Arcizas signa la donation de la terre d'Uz faite par Gailliarde d'Orout ; la maison d'Arcizac, originaire d'Arcizans, participa notablement aux richesses de l'abbaye. Les principales études et sources mentionnées comprennent des matériaux du Monasticon Gallicanum, le cartulaire édité par Charles Durier, la Monographie de Gustave Bascle de Lagrèze et des travaux d'Alphonse Meillon. L'abbaye est également connue sous les noms de Saint-Savin-en-Lavedan, Santi Savini di Bigorra et Santi Savini Levitanensis.
