Origine et histoire de l'Abbatiale Notre-Dame-la-Blanche
L'abbatiale Notre‑Dame‑la‑Blanche de Selles‑sur‑Cher, également appelée abbatiale Saint‑Eusice, est située à Selles‑sur‑Cher (Loir‑et‑Cher) et a été classée au titre des monuments historiques en 1862. Selon Grégoire de Tours et la Vie de saint Eusice, le roi Childebert fit bâtir une église sur l'emplacement de l'ermitage de Saint‑Eusice après son retour victorieux ; Eusice y mena auparavant une vie érémitique près du Cher et y serait inhumé. L'édifice primitif fut ravagé par les incursions vikings aux VIIIe–IXe siècles, puis relevé; Thibault II releva une partie de la nef en 1015. En 1145 l'abbaye fut attribuée à des chanoines réguliers de l'ordre de Saint‑Augustin, ce qui entraîna la reconstruction de l'abbatiale au cours du deuxième quart du XIIe siècle. La nef fut partiellement remaniée à la fin du XIIe siècle : l'effondrement du mur nord provoqua la reconstruction du mur, des piliers et de la voûte dans un style gothique aux XIIIe et XIVe siècles. Le clocher fut frappé par la foudre en 1523; en 1563 les troupes protestantes de Coligny détruisirent le chœur et dispersèrent le trésor, entraînant l'effondrement de la voûte et la destruction de la crypte. Au début du XVIIe siècle le chœur et le déambulatoire furent recouverts d'un plafond en bois et les fenêtres du chœur obturées; en 1613 la congrégation des Feuillants rehaussa le chœur et agrandit la crypte pour y déposer les reliques de saint Eusice. Pendant la Révolution, les croisillons du transept furent fermés en raison du risque d'effondrement des voûtes. En 1882 l'architecte Anatole de Baudot entreprit une restauration visant à restituer l'état primitif de l'édifice; l'abbatiale telle qu'on la contemple aujourd'hui résulte de ces travaux. L'édifice comprend une nef flanquée de collatéraux, un transept et un chœur entouré d'un déambulatoire à trois chapelles rayonnantes; le carré du transept repose sur quatre piles massives qui encadrent une coupole à pendentifs et supportent le clocher. Le portail principal, orné de colonnes et de chapiteaux pouvant provenir d'une basilique mérovingienne, et l'élégant portail latéral témoignent d'une belle facture, tandis que l'étage supérieur se compose d'un simple mur percé d'oculi et que le plafond est lambrissé. Le chevet de la chapelle axiale est orné de deux frises sculptées du XIIe siècle : la première, sous les fenêtres, représente divers épisodes de la vie du Christ dans un style assez rustre, la seconde, au‑dessus des fenêtres, illustre la vie de saint Eusice. Les reliefs de l'abside évoquent notamment l'Annonciation, la Nativité, la Résurrection de Lazare, la Cène et le Lavement des pieds. La crypte, située sous le chœur, abrite le tombeau de saint Eusice datant du VIe siècle. Parmi les abbés se succédèrent Eusice (mort au VIe siècle), le régulier Raymond Jordan (XIVe siècle‑1380) et, plus tard, des abbés commendataires tels que Jean‑François de La Trémoille (1483‑1506) et René de Beauvilliers (1530‑1557).