Origine et histoire de l'Abbatiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul
La collégiale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, à Évaux-les-Bains (Creuse), est un chef-d'œuvre de l'époque romane classé monument historique depuis 1841. Son origine se rattache au regroupement de chanoines autour des reliques de l'ermite Marien, mort en 513, dans la vieille cité thermale. Aucun document précis n'explique la naissance de l'édifice, mais il existait déjà un important monastère au IXe siècle. Évaux dépendait d'une prévôté ancienne de l'ordre de Saint-Augustin et n'a été rattachée au monastère Saint-Amable de Riom qu'en 1264. Le clocher-porche conserve des sculptures probablement carolingiennes incrustées dans ses murs, ce qui atteste son ancienneté et suggère une origine remontant au haut Moyen Âge. Les chanoines entreprirent l'édification du clocher ouest au XIe siècle ; son dernier étage est du XIIIe siècle. La nef illustre la transition du roman au gothique. Pendant la guerre de Cent Ans, l'église romane subit d'importants dégâts, obligeant au XVe siècle la reconstruction des piles de la nef et des murs des bas-côtés ; lors de ces travaux on retrouva sous les piliers du XVe siècle des bases antérieures rappelant l'église de Chambon-sur-Voueize. En 1634, l'église fut rattachée à la congrégation des Génovéfains de France. La voûte de la nef s'effondra le 7 mars 1657, puis le chœur et le transept en 1660 ; au XVIIIe siècle le chevet roman fut remplacé par l'abside actuelle et le chœur, élargi et aligné sur l'ancien transept, reconstruit. L'église était richement décorée, avec un mobilier comparable à celui du Moutier-d'Ahun ; d'importants travaux de restauration auraient été en grande partie financés par Anne-Marie-Louise d'Orléans, dame de Combrailles, mais la communauté resta lourdement endettée, et des négociations engagées en 1714 n'aboutirent qu'en 1731 à la réunion d'Évaux à la Sainte-Chapelle de Riom, qui désigna alors le prieur. Un incendie en 1942 dévasta l'édifice en détruisant les voûtes en bois reconstruites, un retable important, les stalles et la clôture du chœur ; la châsse de saint Marien et un autel représentant saint Augustin et sainte Geneviève entourés de chanoines en sortirent intacts. La toiture a été refaite en 1984.
L'édifice se compose de trois parties distinctes dans l'histoire de l'art : le clocher-porche à l'ouest, la nef centrale et le chevet à l'est. Le clocher-porche, commencé au XIe siècle, illustre le roman primitif ; son étage supérieur relève du gothique et l'étage inférieur du XVIIIe siècle. Les fûts et bases observés aux étages intermédiaires pourraient provenir d'un péristyle romain, et leurs chapiteaux à entrelacs sont de facture archaïque ; ces éléments, ainsi que deux métopes insérées dans les murs ouest et sud du niveau inférieur, pourraient être antérieurs au clocher lui-même. La jonction de la nef et du transept présente des chapiteaux de belle qualité datés de la seconde moitié du XIIe siècle, et les arcs en berceau brisé annoncent les débuts du gothique. La nef est couverte d'une voûte en bois qui a retrouvé sa place après l'incendie de 1942, la voûte ayant auparavant été remplacée par des croisées d'ogives. Le chevet roman a été remplacé au XVIIIe siècle par un ensemble de style classique. Parmi les éléments remarquables conservés figurent l'intérieur de l'édifice, un chapiteau roman de la fin du XIIe siècle, l'autel et la châsse de saint Marien.