Période
XVIIe siècle, 1er quart XVIIIe siècle
Patrimoine classé
L'ensemble formé par l'ancienne abbaye et l'ancien pénitencier : en totalité, les sols et sous-sols des parcelles correspondantes à l'ancien enclos abbatial et pénitentiaire et, en totalité, tous les anciens bâtiments monastiques avec leurs prolongements pénitentiaires en connexion avec l'église et le cloître (antérieurs au XXe siècle, à l'exclusion des bâtiments indépendants qui ne leur sont pas physiquement reliés) (cad. BD 173 (parc au sud-est) , 174 (aire et bâtiments principaux) , 175 (aire de l'ancien quartier d'isolement à l'est) , 191 à 193 (bâtiments annexes du nord-ouest) , 889 (aire de l'ancienne maison Vernière) ) : classement par arrêté du 2 novembre 2004 - Le sol d'un terrain de l'ancien domaine monastique situé en prolongement à l'est de l'ancien enclos monastique et pénitentiaire (cad. BD 165, 685, 686, lieudit La Brèche) : inscription par arrêté du 2 novembre 2004
Origine et histoire de l'Abbatiale Saint-Sauveur
L'ancienne abbaye bénédictine Saint-Benoît, dite abbaye Saint-Sauveur, et l'ancien pénitencier se situent à Aniane, dans l'Hérault. Elle a été fondée en 777 ou 782 par saint Benoît d'Aniane, réformateur de l'ordre bénédictin et conseiller des empereurs carolingiens, acteur de la renaissance intellectuelle et spirituelle de la fin du VIIIe et du début du IXe siècle. Parmi ses biens figuraient des salines dans le pagus de Narbonne, la première mention étant une donation faite par Louis le Pieux le 20 mars 822. Les bâtiments monastiques furent entièrement détruits entre 1562 et 1572. En 1633, la communauté adhéra à la réforme de la Congrégation de Saint-Maur. Un projet de 1661, qui prévoit une église au nord avec une nef rectangulaire bordée de chapelles latérales, sans transept et à chœur réduit, entourée des bâtiments conventuels, correspond au plan réalisé ; la reconstruction commença peu après. La construction de l'abbatiale Saint-Sauveur s'étendit de 1679 à 1714, puis le grand bâtiment ouest et le cloître furent rebâtis, et les travaux se poursuivirent jusqu'à la Révolution. Des parties importantes, notamment le logis abbatial orné dans un style Louis XVI archaïsant, ont été préservées ; à la veille de la Révolution l'église disposait d'un orgue sur lequel joua l'organiste Balthazar Pierre Étienne Olive. Après la Révolution l'église devint paroissiale tandis que les anciens bâtiments conventuels furent transformés en 1810 en filature de coton.
En 1845 l'administration pénitentiaire regroupe les propriétés morcelées de l'ancien enclos abbatial pour créer une maison centrale de détention relevant du ministère de la Justice, accueillant plus de 800 détenus, avec l'ajout de deux ailes parallèles à l'est et d'une caserne. En 1885 la maison centrale devint une « colonie industrielle pour jeunes détenus », puis une Institution publique d'éducation surveillée le 2 février 1945, pouvant recevoir jusqu'à 200 enfants et adolescents pour l'enseignement de métiers industriels ; des extensions furent réalisées en 1951. L'établissement évolua en Institut spécialisé d'éducation surveillée en 1975 avant d'être désaffecté en 1994. Plusieurs révoltes et tentatives d'évasion, durement réprimées, ont marqué l'histoire de cette institution, notamment en 1898 et 1938, période à laquelle Marie Rouanet consacre un chapitre dans Les Enfants du bagne (1994).
Malgré ces vicissitudes, l'abbaye d'Aniane reste l'un des rares ensembles monastiques complets conservés en Languedoc. L'ancienne église abbatiale, toujours affectée au culte catholique comme église paroissiale Saint-Sauveur, a été classée monument historique par arrêté du 9 septembre 2002 ; les bâtiments monastiques et l'ancien pénitencier ont été classés le 2 novembre 2004, une partie du domaine étant inscrite à la même date. En 2010 la Communauté de communes Vallée de l'Hérault a acquis les bâtiments hors église et divers projets de réhabilitation ont été étudiés. Des fouilles archéologiques menées par le CNRS en 2011 ont mis au jour des éléments carolingiens (750-900) et médiévaux, notamment une fontaine du XVIIe siècle et le dallage d'un bassin probablement destiné à l'élevage de poissons pour la communauté monastique. La bibliographie et les ressources disponibles comprennent des travaux de Dom Michel Germain, Honoré Fisquet, Claude Devic, Léon Cassan et Edmond Maynial, Louis Barthès, Jean‑Marie Pérouse de Montclos et Geneviève Durand, Jacques Bourquin, André Bonnery, Laurent Schneider, ainsi que des notices et documents en ligne dans l'inventaire Mérimée, les bases VIAF et BnF et les sites de la Communauté de communes Vallée de l'Hérault et de la région.