Période
XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
La chapelle Sainte-Glossinde, y compris le porche ; les petit et grand vestibules ; la chapelle de l'Evêque au premier étage ; la salle du tribunal ecclésiastique (ancienne salle du Chapitre) avec son décor, au rez-de-chaussée (cad. 29 47, 95/45) : classement par arrêté du 7 septembre 1978 - Les façades et toitures du pavillon d'entrée ; les façades et toitures du palais épiscopal proprement dit ainsi que le grand escalier, la pièce voutée avec la grande cheminée, l'ancienne cuisine, la bibliothèque, la salle du conseil au rez-de-chaussée ; les façades et toitures du bâtiment administratif, ainsi que les pièces du rez-de-chaussée (sauf salle du tribunal ecclésiastique classée) ; le jardin avec ses murs de clôture (cad. 29 47, 95/48, 49) : inscription par arrêté du 7 septembre 1978
Origine et histoire de l'Abbatiale Sainte-Glossinde
L’abbaye Sainte-Glossinde de Metz, fondée vers 604 par Glossinde de Champagne, était une communauté bénédictine féminine dont l’église abbatiale subsiste aujourd’hui. Les caves intègrent des cryptoportiques gallo-romains qui servaient sans doute d’entrepôts à l’époque romaine. Selon la tradition, Glossinde, issue de la noblesse franque, refusa un mariage imposé, se retira à la cathédrale de Metz et reçut le voile monastique avant de fonder la communauté qui compta rapidement une centaine de religieuses ; elle mourut le 25 juillet vers 610 et ses reliques furent bientôt l’objet de vénération. Une église dédiée à la Vierge et à saint Pierre fut édifiée en 635, et les reliques de Sainte-Glossinde furent successivement transférées dans diverses églises avant d’être placées dans la chapelle principale du couvent. L’abbaye a conservé son implantation primitive à Metz malgré les épreuves : spoliations et déclin au Xe siècle, puis restitution par l’évêque Adalbéron Ier, qui plaça Himiltrude à la tête de la communauté et fit construire une église en 951. Au XVe siècle, les bâtiments touchant la muraille furent démolis pour des raisons militaires. Lors des conflits du XVIe siècle, Metz fut occupée en 1552 et des fortifications empiétèrent sur le monastère ; le clocher fut partiellement abattu en 1565 et l’entrée sud installée en 1611. L’abbesse Louise de La Valette fit restaurer l’église et rétablit la vie commune, laissant les inscriptions qui rappellent ses œuvres et sa mort en 1647. Après l’intégration officielle de Metz à la France en 1648, Vauban fit prélever une partie des terrains de l’abbaye pour les défenses entre 1674 et 1676, sacrifiant le chœur de l’église. Une réformation spirituelle et matérielle fut conduite entre 1680 et 1719 par les sœurs Marie et Catherine Texier de Hautefeuille, avec l’appui de l’archidiacre Bossuet. En 1717 la salle du chapitre, la cuisine et le réfectoire furent réunis dans une même aile ; la salle du chapitre est la seule de ces pièces qui subsiste aujourd’hui. Menacée de ruine, l’abbatiale fut reconstruite entre 1752 et 1757 par les architectes Barlet et Louis, avec un nouveau clocher achevé vers 1756 et le concours du gouverneur Charles de Belle-Isle. Pendant la Révolution le clocher fut de nouveau détruit ; le 31 août 1792 l’abbesse Isabelle-Claire (Élisabeth Claire) de Choiseul-Beaupré et les religieuses furent expulsées, et l’église dépouillée de son mobilier le 7 septembre puis transformée en dépôt de grains et en remise pour bétail. Rendue au culte en 1802, l’abbaye désaffectée fut attribuée au logement de l’évêque Pierre-François Bienaymé et partagea ses locaux avec le grand séminaire de 1805 à 1807, puis le petit séminaire jusqu’en 1827. L’architecte Nicolas-Maurice Derobé la restaura en 1816 et dressa le portail d’ordre ionique donnant sur la place Sainte-Glossinde ; l’abbaye accueillit ensuite des œuvres caritatives et un noviciat jusqu’au début du XXe siècle, et fit l’objet d’une restauration en 1909. Aujourd’hui les bâtiments abritent la résidence de l’évêque, l’administration diocésaine, l’officialité et les services des pèlerinages diocésains. La chapelle Sainte-Glossinde, les vestibules, la chapelle de l’évêque au premier étage et l’ancienne salle du chapitre, ornée de son décor, sont classés au titre des monuments historiques depuis le 7 août 1978 ; la chapelle sert aux offices épiscopaux et n’est ouverte au public que lors des journées du patrimoine, parfois pour des concerts de musique sacrée. Architectoniquement, l’abbatiale est un exemple unique de rococo à Metz : la nef, très courte, était réservée aux moniales tandis que le transept accueillait les laïcs, et le décor sculpté est particulièrement raffiné. La coupole comporte une fresque réalisée en 1756 par Jean Girardet, peintre attaché à Stanislas, qui représente Dieu entouré d’anges et les scènes apocalyptiques avec les évangélistes dans les angles. Le maître-autel et son baldaquin datent du XVIIIe siècle et sont en marbre de Charleville, ornés d’angelots et de figures d’anges. Le chœur abrite un vitrail de sainte Glossinde réalisé en 1908 par Fritz Geiges, ainsi que d’autres verrières figurant des évêques, une abbesse, sainte Barbe, saint Michel, saint Érasme, saint Benoît et saint Étienne ; la nef contient six vitraux à motifs étoilés et des verrières dédiées à saint Arnoul et saint Chrodegang encadrent leurs autels. Le mobilier comprend confesionnaux et boiseries sculptées, un lutrin et une chaire ornée, ainsi qu’une armoire-autel datant de la Révolution richement décorée de fresques religieuses. La crypte conserve les épitaphes funéraires de quatorze religieuses. L’instrumentation musicale comprend un orgue Cavaillé-Coll installé en 1864, doté de deux claviers et d’un pédalier, dont les tuyaux de façade furent réquisitionnés en 1917, ainsi qu’un harmonium à un clavier.