Abbaye cistercienne de Bellebranche à Saint-Brice en Mayenne

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye cistercienne de Bellebranche

  • Bellebranche
  • 53290 Saint-Brice
Abbaye cistercienne de Bellebranche
Abbaye cistercienne de Bellebranche
Abbaye cistercienne de Bellebranche
Abbaye cistercienne de Bellebranche
Abbaye cistercienne de Bellebranche
Abbaye cistercienne de Bellebranche
Abbaye cistercienne de Bellebranche
Abbaye cistercienne de Bellebranche
Propriété privée

Patrimoine classé

Ancienne chapelle du logis abbatial, le bâtiment romain (aile des convers, réfectoire) , le logis dit chapelle Saint-Michel ; l'emplacement et les vestiges des églises et cloître disparus (cad. A 13, 18, 29, 30, 408, 410) : inscription par arrêté du 21 mai 1986

Origine et histoire de l'Abbaye cistercienne de Bellebranche

L'ancienne abbaye cistercienne Notre‑Dame de Bellebranche est située à Saint‑Brice, dans le sud‑est de la Mayenne, en région dite Mayenne angevine. Les formes médiévales du nom, attestées entre 1175 et 1446, apparaissent sous diverses graphies latines et vernaculaires. Une tentative de fondation est signalée en 1098 ; une petite colonie de moines du Louroux fut envoyée en 1150 et l'établissement prit corps avec la donation fondatrice de Robert III de Sablé, datée du 27 juillet 1152, que confirma et accrut Robert IV à l'occasion du décès de sa femme et de son départ pour la Terre sainte. Bellebranche est la 389e fondation de l'ordre de Cîteaux ; si des notices anciennes indiquent des confirmations pontificales, seule une bulle d'Alexandre III, datée du 6 octobre 1163 et promulguée à Sens, est conservée, accordant des exemptions de dîmes. L'abbaye reçut dès ses débuts de nombreux legs destinés à la célébration de messes et à la mémoire des donateurs. Les religieux se virent reconnaître le droit d'élire leur abbé et leur prieur, droit confirmé en 1498 par Louis XII, et l'établissement devint rapidement l'une des maisons cisterciennes les plus riches de l'Anjou et du Maine grâce aux libéralités des seigneurs locaux. Autour du monastère, les moines avaient aménagé sept étangs, deux bois de haute futaie, des bois taillis, 53 quartiers de vigne en trois clos et dix métairies sur Saint‑Brice et Beaumont; au XVe siècle leur patrimoine comprenait de nombreuses métairies, fiefs et manoirs en Anjou et en Maine, dont la gestion à ferme donnait toutefois des rendements modestes et, selon les religieux, ne suffisait guère à l'entretien d'une communauté de l'ordre de trente‑cinq religieux. La charité faisait partie des usages : une distribution aux pauvres avait lieu le premier mardi de Carême et un dîner accompagné d'une aumône était servi le jeudi, et chaque office ou service claustral bénéficiait d'une dotation propre. Pendant la guerre de Cent Ans et les périodes de conflits qui suivirent, l'abbaye subit de graves destructions et dépouilles : croix, calices, livres, ornements et récoltes furent perdus ou dévastés, les revenus tombèrent et les religieux durent parfois se réfugier au château de Sablé; la reconquête par Bertrand du Guesclin à la fin de 1361 est mentionnée dans ce contexte. La communauté quitta au XIVe siècle la stricte observance bernardine pour adopter la règle mitigée dite Clémentine, qui réduisait l'abstinence à quatre jours par semaine. Un collège rue du Godet à Angers offrait aux jeunes religieux la possibilité de suivre des études universitaires et servait parfois d'asile en temps de guerre ; des lettres royales évoquent aussi les dommages subis et les amortissements consentis par le roi pour certaines acquisitions. Les lettres de sauvegarde achetées aux Anglais en 1433 n'empêchèrent pas de nouvelles ruines, et l'évêque du Mans Jean d'Hierray se consacra à la tentative de restauration après avoir trouvé l'église et le cloître en grande partie détruits et la communauté réduite à quelques logements. La commende, établie en 1552, affaiblit l'esprit monastique ; à la fin du XVIe siècle l'abbaye fut pillée par les huguenots dès 1567 et victime d'exactions sanglantes, ce qui la laissa gravement compromise. Au XVIIe et XVIIIe siècles la mense abbatiale fut attribuée au collège jésuite de La Flèche par une bulle de Paul V du 11 juin 1607, ce qui entraîna des controverses, des échanges et des conventions ultérieurs, notamment une proposition d'échange avec l'abbaye de la Buxière en 1609 ; les religieux obtinrent cependant parfois la garde de la mense en location, continuèrent à recevoir des novices et virent leurs effectifs remonter. Au XVIIe siècle la communauté s'endetta ; en 1684 une convention avec les Jésuites prévoyait des pensions et, par arrêt du Conseil privé du 26 octobre 1686, la mense fut unie au collège à charge de régler les dettes, d'entretenir le monastère et d'assurer les fondations, tandis que les religieux conservaient certains droits et occupaient encore une partie des bâtiments; les Jésuites employèrent le reste comme maison de campagne. On rapporte que Jean‑Baptiste Gresset aurait composé Le Lutrin vivant à Bellebranche en 1734 ; par la suite les chapelains et les doctrinaires succédèrent aux jésuites et la Révolution mit fin à la présence religieuse, les biens étant vendus aux dates rendues publiques et l'église ayant fait l'objet d'une vente séparée. Bellebranche est fille de l'abbaye du Louroux. La succession des abbés réguliers, puis des abbés commendataires et des prieurs est bien documentée ; parmi les noms relevés figurent Robert de Bayeux, Geoffroy, Étienne Jacgais, Jean Rocher, ainsi que des abbés commendataires tels que le cardinal Louis de Lorraine, Jean‑Baptiste Bencivini et François de Donadieu. L'état actuel du site rend difficile la restitution précise des dispositions médiévales : l'église, centre de la vie monastique, et le cloître, autour duquel s'organisaient les salles et services conventuels, ont disparu ou été profondément transformés, et le domaine fut vendu séparément en 1791. Des plans et dessins anciens aident partiellement la reconstitution : un croquis conservé au Prytanée de La Flèche représente une église à nef unique avec petite flèche et ouverture circulaire au porche, tandis qu'un dessin attribué à Legay de Prélaval, vraisemblablement datable du début du XVIIIe siècle, montre un plan en croix latine à chevet plat, une sacristie et des baies d'allure romane ; un état de 1807 signale encore l'église alors que le cloître avait disparu. L'inventaire rédigé en 1762 à l'expulsion des Jésuites décrit un mobilier comprenant devant d'autel en cuivre doré, antependia, quatre devant d'autel en cuir doré, un buffet d'orgue de dix‑huit tuyaux et peu de tableaux, ce qui témoigne d'un mobilier liturgique survivant aux destructions. À proximité de l'emplacement de l'église se dresse la tour dite Saint‑Michel, également appelée chapelle Saint‑Michel ou infirmerie dans le cadastre ; restaurée en 2012, elle a livré une croix de consécration. Le logis abbatial, attribué à Legay de Prélaval dans une représentation ancienne, est un corps principal flanqué de deux ailes avec un corps central surmonté d'un campanile ; une ancienne chapelle du logis fut autrefois dédiée à saint Louis et des réaménagements, dont une réhabilitation au début du XXe siècle pour Albert de Sars, ont rouvert des baies ogivales murées, tandis qu'un cadran solaire daté de 1711 et le millésime 1733 apparaissent encore sur des éléments architecturaux. Lors des travaux on a mis au jour des pierres calcinées et de petites croix de fer, vestiges des incendies du XVIe siècle, et un grand arc ogival rouvert sur la façade est pourrait correspondre à l'accès vers l'abbaye ou au départ d'un cloître. L'ancienne chapelle du logis, l'aile dite « bâtiment romain » (aile des convers, réfectoire), le logis dit « chapelle Saint‑Michel » ainsi que l'emplacement et les vestiges des églises et du cloître ont été inscrits à l'inventaire des monuments historiques le 21 mai 1986.

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