Abbaye d'Ardenne à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe dans le Calvados

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise gothique

Abbaye d'Ardenne

  • Chemin de Saint-Germain
  • 14280 Saint-Germain-la-Blanche-Herbe
Abbaye dArdenne
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Abbaye dArdenne
Crédit photo : Ikmo-ned - Sous licence Creative Commons
Propriété du conseil régional

Période

XIIIe siècle, XVIe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Eglise ; porte nord ; mur d'enceinte ; grange ; porterie ouest : classement par arrêté du 28 août 1918 ; Anciennes remises et écuries de ferme ; logement pour les pauvres passants ; bergeries, étables, logement du fermier ; façades et couvertures du bâtiment dit cuisine et boulangerie ; salle voûtée en sous-sol ; deux salles situées aux extrémités nord-ouest et sud-ouest de ce bâtiment : classement par arrêté du 21 octobre 1947 ; Les parties suivantes de l'ancienne abbaye d'Ardenne : l'assiette de l'enclos abbatial, telle qu'elle est délimitée sur le plan annexé à l'arrêté, avec ses sols, réserve archéologique et jardin ; l'ensemble des murs et bâtiments, à l'exception de ceux déjà classés ; figurant au cadastre section AD, sur les parcelles n° 12, 13, 14, 15, 16, 17 : inscription par arrêté du 15 octobre 1998

Origine et histoire de l'Abbaye d'Ardenne

L'abbaye Notre-Dame d'Ardenne, fondée au XIIe siècle à Saint-Germain-la-Blanche-Herbe près de Caen, appartient à l'ordre des Prémontrés et est aujourd'hui occupée par l'Institut mémoires de l'édition contemporaine (IMEC). La tradition rapporte qu'en 1121 un bourgeois caennais, Aiulf du Marché, et sa femme Asseline, auraient eu la vision de la Vierge les incitant à fonder une chapelle sur une parcelle appelée « le puits aux Saxons », où s'installe un prieuré conduit par Gilbert, chanoine venu de Picardie. L'église romane qui succède à la chapelle primitive est consacrée en 1138 par l'évêque de Bayeux, Richard III de Kent. Rattaché en 1144 à l'abbaye de La Lucerne, le prieuré entre dans l'ordre de saint Norbert et devient abbaye indépendante en 1160 ; l'abbé Robert reçoit alors une carrière de pierre à Bretteville-sur-Odon, indice d'une importante campagne de construction au XIIe siècle.

L'abbaye se développe rapidement au Moyen Âge et accroît son patrimoine : elle contrôle plusieurs prieurés (Saint-Vincent de Lebisey à Hérouville-Saint-Clair en 1291, l'Ermitage à Saint-Martin-des-Besaces à la fin du XIIe siècle, Saint-Thomas à Lion-sur-Mer en 1328) et nomme les curés de douze paroisses du Calvados et de l'Orne. Le 23 février 1230, l'effondrement du chœur cause la mort de vingt-six religieux, dont l'abbé Nicolas, et marque un tournant dans l'organisation de l'abbaye.

Au XVe siècle, Ardenne souffre des guerres : en 1417 les moines se réfugient à Caen pour échapper aux pillages, et lors du siège de 1450 l'abbaye est occupée par Charles VII du 5 juin au 5 juillet ; après la guerre l'abbé Robert Chartier reconstruit le cloître et des bâtiments conventuels. Le XVIe siècle voit l'instauration du régime de la commende et un long déclin lors des guerres de Religion : l'abbaye est gravement endommagée en 1562, abandonnée pendant des années et l'abbatiale sert d'étable, avant un redressement progressif qui porte en 1587 la communauté à huit chanoines, quatre novices et leur maître.

Le prieur Jean de la Croix, venu de l'abbaye de Belle-Étoile en 1596, assure la restauration matérielle et spirituelle de l'abbaye pendant près de six décennies et réinstitue une discipline plus stricte dès 1598. Un concordat signé en 1602 avec le commendataire Pierre de Villemor ouvre une période de reconstruction : l'église est consacrée en 1609, un dortoir et une bibliothèque sont édifiés, et un nouveau maître-autel est consacré en 1639 ; la fermeture des arcades du cloître pour former une galerie aurait été réalisée à cette époque. En 1627 le prieur obtient l'adoption des statuts réformateurs de Pont-à-Mousson, puis Ardenne adhère à la Congrégation de Lorraine après négociation de garanties sur la régionalisation ; l'abbaye devient alors l'une des plus puissantes de Normandie et compte trente religieux en 1628. Jean de la Croix meurt le 4 janvier 1654 et la rénovation architecturale se poursuit : la porte Saint-Norbert est achevée en 1672, des voûtes sont remplacées en 1686 et la galerie du cloître restaurée en 1689, tandis que deux chapelles sont ajoutées au mur nord de l'église.

Le XVIIIe siècle se caractérise par des remaniements méthodiques : la galerie orientale du cloître est reconstruite en 1766, l'ancienne salle capitulaire démolie, et un nouveau logis abbatial est édifié après 1711 pour le commendataire, ouvrage attribué à l'architecte Pierre Queudeville. À la veille de la Révolution, Ardenne exerce encore un important contrôle sur ses domaines et moulins. Lors de la Révolution française les religieux sont chassés et l'abbaye vendue comme bien national le 1er mai 1791 à un nommé Chauffrey ; en 1795 plusieurs ventes dispersent le mobilier et les tableaux, et le maître-autel du XVIIIe siècle est transféré en 1812 à l'église Saint-Jean de Caen. L'abbaye est acquise en 1799 par l'Anglais William Russell, qui y séjourne jusqu'en 1814 et transforme l'église pour quelque temps en temple protestant.

Au XIXe siècle le domaine est morcelé entre divers propriétaires et partagé en trois exploitations agricoles ; vers 1820–1823 le cloître et une grande partie du logis abbatial sont démolis, et dans les décennies suivantes des prélèvements de pierres entraînent de nouvelles destructions, observées notamment par Arcisse de Caumont, tandis que des bâtiments de ferme sont implantés. Au XXe siècle la valeur patrimoniale du site est reconnue : une grande partie de l'abbaye (église, porte nord, mur d'enceinte, grange, porterie ouest) est classée monument historique le 28 août 1918 et le reste l'est le 21 octobre 1947.

Pendant la Seconde Guerre mondiale l'un des propriétaires, Roland Vico, s'engage dans la Résistance et les bâtiments servent d'arsenal et de centre clandestin avant d'être occupés par des soldats allemands qui utilisent les tours comme postes d'observation ; l'abbaye, située sur un point haut à 67 mètres d'altitude, est occupée le 7 juin 1944 par la 12e Panzerdivision SS Hitlerjugend, qui y amène de nombreux prisonniers canadiens dont une vingtaine seront exécutés. Gravement endommagé, notamment au niveau de la grange médiévale, le site est repris par l'armée canadienne le 8 juillet et son classement dès 1945 permet d'engager des travaux grâce aux indemnisations de guerre ; la façade de l'église s'effondre en 1947, puis une reconstruction menée par l'architecte Marcel Poutaraud s'étend sur trente-cinq ans.

À partir des années 1970 plusieurs projets de reconversion voient le jour : acquis en 1985 par l'EPBS puis par la région Basse-Normandie au début des années 1990 pour accueillir le programme Normandy Scholar, le site fait l'objet de fouilles et d'une première campagne de restauration dirigée par l'architecte Bruno Decaris, qui livre certains bâtiments en 1994. À partir de 1996 la restauration, financée par la région et l'État, est conduite en vue d'installer l'IMEC ; les architectes Bruno Decaris et Agnès Pontremoli adaptent l'abbatiale en bibliothèque et la grange aux dîmes en salle de conférences, d'expositions et de concerts, tout en respectant le caractère extérieur des bâtiments, et construisent un bâtiment annexe relié par un tunnel pour le stockage et le traitement des archives ; l'ensemble est livré en 2004. L'IMEC, membre du réseau européen des Centres culturels de rencontre depuis 1998, s'installe durablement dans l'abbaye, et en 2016 les anciennes écuries ainsi que les portes de Bayeux et Saint-Norbert sont restaurées pour l'accueil et les expositions.

Liens externes