Origine et histoire de l'Abbaye d'Arthous
L'ancien prieuré d'Arthous, également appelé abbaye Sainte‑Marie d'Arthous, est un établissement des chanoines prémontrés situé au lieu‑dit Arthous, sur la commune d'Hastingues, aux confins du Pays d'Orthe dans les Landes. Fondé au XIIe siècle, vers 1160‑1167, le monastère bénéficia de la faveur des vicomtes de Béarn et des rois d'Angleterre et connut une prospérité marquée aux XIIIe et XIVe siècles. Le XVIe siècle fut une période de décadence et de destructions ; les guerres de Religion entraînèrent pillages et incendies, suivis d'une reprise d'activité après la réforme de l'ordre sous Louis XIII. Supprimée à la Révolution et vendue comme bien national, l'abbaye devint domaine agricole avant d'être donnée au département des Landes en 1964. Des campagnes de restauration commencèrent ensuite, notamment pour l'église à partir de 1966 et pour les bâtiments conventuels à partir de 1968, puis l'ensemble fut aménagé pour l'accueil du public et la valorisation patrimoniale au tournant du XXIe siècle.
L'église conserve un style roman tardif à nef unique et un chevet tripartite d'une grande unité décorative : modillons et chapiteaux sculptés montrent des ornements géométriques et végétaux, des pommes de pin et des personnages aux visages ronds aux yeux saillants. Les modillons figurent des ensembles symboliques comme des péchés et des vertus, ainsi que des scènes animales évoquant la proximité des Pyrénées ; on y repère aussi des chanoines représentés avec des instruments liturgiques ou des éléments de construction. L'étude des matériaux et des marques de tâcherons permet de distinguer plusieurs campagnes de construction : l'absidiole sud semble être la première phase, l'abside centrale lui succède rapidement et l'absidiole nord est édifiée par une autre équipe après une interruption des travaux, tandis que les murs gouttereaux et le portail ouest relèvent d'une phase de transition vers des formes gothiques.
La nef, longue de 32,8 mètres et large de 7,4 mètres, était à l'origine charpentée ; on y conserve toutefois deux travées voûtées au début du XVIe siècle, dont les lourdes ogives ont provoqué l'écartement des murs et la construction de contreforts au sud. La croisée fut voûtée au XIVe siècle ; des incendies au XVIe siècle ont laissé des traces de rubéfaction et des chapiteaux partiellement brûlés. La façade ouest a été remaniée aux XVIIe et XVIIIe siècles, le portail médiéval à tympan historié ayant été en partie démonté ; il subsiste des fragments et quatre colonnes avec leurs chapiteaux rappelant la qualité du décor primitif. Un mur installant une séparation dans la nef en 1727 a été supprimé lors des restaurations récentes.
Des éléments importants des bâtiments conventuels datent des XVIIe et XVIIIe siècles, résultat de reconstructions après les destructions des guerres de Religion : logis abbatial, réfectoire, cellules et galeries de cloître forment un exemplaire d'architecture canoniale d'époque moderne, tandis que très peu de constructions conventuelles médiévales subsistent, si ce n'est des portions du mur nord et la base du mur ouest. Le réfectoire, selon l'usage des Prémontrés, était parallèle à l'église le long du cloître ; le corps de bâtiment qui l'abritait fut reconstruit aux XVIe‑XVIIe siècles et son étage accueillait des cellules de moines. Le cloître médiéval a été détruit à une date indéterminée.
L'abbaye possédait un domaine temporel étendu, contrôlant notamment l'ensemble de la commune actuelle de Hastingues jusqu'à la fondation de la bastide, des prieurés et des terres agro‑pastorales comme Pagolle, et administrait un prieuré‑hôpital à Subernoa. Arthous a aussi joué un rôle sur les chemins de Compostelle : la maison monastique et ses prieurés servaient d'étapes et d'accueil pour les pèlerins, les religieux assurant une prise en charge particulière des plus démunis ; un hôpital est signalé près de l'abbaye en 1327.
L'église fut classée au titre des monuments historiques dans les années 1950 et les bâtiments conventuels au cours des années 1960, et le site a été confié au département qui l'a transformé en centre départemental du patrimoine à partir des années 2000. Le musée départemental d'histoire et d'archéologie installé à l'abbaye présente principalement des collections archéologiques : une première grande série d'objets préhistoriques issue des fouilles de Robert Arambourou autour de Sorde, une collection gallo‑romaine mise au jour lors de sondages sur des villas antiques, ainsi que d'autres dépôts de fouilles. Parmi les pièces remarquables figure une barque monoxyle en chêne retrouvée dans l'Adour.
Aujourd'hui, l'abbaye d'Arthous accueille des expositions, des stages et des activités de médiation pour faire connaître le patrimoine local, tout en offrant des espaces de recherche et de conservation qui mettent en valeur les découvertes préhistoriques, gallo‑romaines et médiévales du Pays d'Orthe.