Abbaye d'Écurey à Montiers-sur-Saulx dans la Meuse

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye d'Écurey

  • 45 D5
  • 55290 Montiers-sur-Saulx
Propriété d'une société privée

Période

XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Façades et toitures du logis abbatial, de la ferme et de l'hôtellerie ; portail, hémicycle, abreuvoir et pigeonnier ; salles voûtées du corps Nord du bâtiment de ferme ; terrains archéologiques (cad. F 168, 281) de l'ancienne abbaye médiévale disparue (cad. F 167, 168, 281, 282, 289) : inscription par arrêté du 26 avril 1993

Origine et histoire de l'Abbaye d'Écurey

L'abbaye d'Écurey, située le long de la Saulx sur la commune de Montiers-sur-Saulx dans la Meuse, est une ancienne abbaye cistercienne. Le site, désigné dans les chartes sous les formes Escuraium ou Escureium, suggère une occupation antérieure, probablement d'époque gallo-romaine. Un premier monastère bénédictin avait été établi au VIe siècle sur la paroisse de Montiers-sur-Saulx et a donné son nom au village, Montiers venant de Monasterium ; il fut détruit lors des invasions hongroises. L'abbaye cistercienne a été fondée en 1144 par Geoffroy III de Joinville ; la charte de fondation fut scellée par son frère Guy II de Pierrepont, évêque de Châlons, et la communauté venait de l'abbaye des Vaux en Ornois. Durant son premier siècle, l'abbaye bénéficia du patronage soutenu de la famille de Joinville. Plusieurs membres de cette famille firent des dons importants : Simon accorda notamment des terres exploitées par les moines entre 1205 et 1220, et Jean, le biographe de Saint Louis, fut également généreux tout en entretenant des relations conflictuelles avec la communauté. Guillaume de Joinville accéda aux sièges épiscopaux de Langres puis d'archevêque de Reims, et la famille de Clefmont devint elle aussi bienfaitrice à partir du XIIIe siècle. Au XIVe siècle l'abbé d'Écurey jouit d'une grande réputation et son avis était sollicité, comme en 1344 lorsqu'il fut mandaté pour examiner la situation de l'abbaye de Saint-Benoît-en-Woëvre. Les moines développèrent au XVe siècle des techniques métallurgiques pour l'extraction et le traitement du fer. L'abbaye souffrit des luttes féodales : la forteresse des Joinville à Montiers fut assiégée par Henri II de Bar, et les domaines de l'abbaye furent pillés ou détruits. Un long conflit opposa Écurey à son abbaye-mère, qui cherchait à faire de la fondation un prieuré dépendant ; le chapitre général intervint pour préserver son autonomie conformément aux usages cisterciens. L'abbaye subit aussi les pillages liés à la guerre de Cent Ans, notamment en 1359 par Henri V de Vaudémont. Au XVe siècle l'établissement se trouvait fortement appauvri au point que l'abbé ne put se rendre au chapitre général, et l'abbaye fut placée sous la surveillance de Morimond, surveillance qui perdura au XVIe siècle. Au XVIIIe siècle, les bâtiments furent remaniés et rebâtis dans le style de l'époque. À la Révolution, l'ensemble fut vendu comme bien national et en grande partie détruit ; il subsista le logis de l'abbé commendataire, l'hôtellerie et la ferme, et des boiseries furent remontées dans le salon de musique du château de Montaigu. Entre 1842 et 1901 une importante fonderie fut établie sur le site, spécialisée dans la fonte d'ornement, et cessa son activité en 1986. En 2011 le site a accueilli un pôle d'excellence rurale dédié aux projets de transition énergétique et d'écoconstruction, complété en 2015 par le centre d'expérimentation Écurey Pôles d'avenir, qui étudie notamment l'ortie et l'éco-rénovation. Lors des six premières sessions de formation, 95 entrepreneurs, salariés et personnes en insertion ont été formés aux techniques d'éco-rénovation.

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