Origine et histoire de l'Abbaye d'Ourscamp
L'abbaye Notre-Dame d'Ourscamp est une ancienne abbaye cistercienne située à Chiry-Ourscamp, dans l'Oise. Elle a été fondée en 1129 à l'initiative de Simon de Vermandois, évêque de Noyon, et implantée par des moines venus de Clairvaux sous l'égide de saint Bernard ; elle constitue la huitième fille de Clairvaux et l'une des plus anciennes fondations cisterciennes de Picardie. Le site succède à un ancien oratoire attribué à saint Éloi ; une légende locale rapporte que, lors de sa construction, saint Éloi aurait réussi à atteler un ours. Du XIIe au XIIIe siècle, plusieurs campagnes de construction se succèdent et donnent lieu à trois églises abbatiales successives ; l'église reconstruite entre 1154 et 1201 n'a laissé que des éléments fragmentaires, tandis que le chœur, rebâti entre 1233 et 1257, conserve des vestiges substantiels. L'infirmerie conventuelle, dite « salle des morts », la basse-cour et son portail figurent parmi les parties médiévales encore perceptibles. L'infirmerie, vaste salle voûtée en ogives à trois nefs et dotée de niches pour les lits, est considérée comme l'unique infirmerie gothique cistercienne de France restée intacte. Au XIIIe siècle, l'abbaye possédait d'importantes dépendances et domaines agricoles, et compta un temps plusieurs centaines de moines ; elle est néanmoins pillée et incendiée lors de la Grande Jacquerie de 1358. Les logis abbatial et conventuels connaissent des remaniements aux XVIIe et XVIIIe siècles : vers 1745-1748 le cardinal de Gesvres réédifie des bâtiments conventuels et abbatiaux et fait élever la grille d'honneur, tandis qu'en 1748 un logis destiné à l'abbé commendataire est édifié en prolongement du logis abbatial. La Révolution chasse les derniers moines en 1792 ; les biens, mis en vente comme biens nationaux, reviennent à l'État lorsque les acquéreurs ne peuvent régler leur achat, et certains bâtiments sont alors utilisés comme hôpital. Au début du XIXe siècle, Maximilien Radix de Sainte-Foix fait abattre la nef pour créer des ruines « romantiques » et transforme l'abbaye en filature ; l'activité industrielle se développe au cours du siècle suivant. L'occupation allemande et les bombardements de la Première Guerre mondiale endommagent notamment l'infirmerie et les logis des XVIIe et XVIIIe siècles ; des travaux de restauration sont menés entre 1920 et 1936. La congrégation des Serviteurs de Jésus et de Marie s'installe dans les lieux dans les années 1930-1940 ; le comte Paul Biver acquiert le domaine en 1940 et le confie en 1943 à cette congrégation. L'ensemble des ruines de l'abbaye fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques dès la liste de 1840, puis la protection est étendue en 1943 aux bâtiments conventuels, à leurs dépendances, aux terrains alentour et à la grille d'entrée ; les douves sèches et les murs de clôture ont été classés en 2004, de même que le portail médiéval de la basse-cour. Sur le plan architectural, l'église abbatiale, qui mesurait autrefois 102 m de longueur, 24 m de largeur et 16 m de hauteur, ne subsiste que par le chœur gothique dont l'élévation primitive comprend une grande arcade et des fenêtres hautes jumelées surmontées d'un oculus ; le triforium est d'intervention postérieure. L'ancienne infirmerie, transformée en chapelle, conserve un retable de Gaspard de Crayer (1640) et un haut-relief en marbre illustrant la légende de l'ours, dont l'interprétation a parfois été liée à une allusion astronomique. Les bâtiments conventuels visibles aujourd'hui datent pour l'essentiel du XVIIIe siècle autour du logis abbatial ; des grilles romanes sont conservées au musée Le Secq des Tournelles à Rouen. L'abbaye, fille de Clairvaux, a elle-même donné naissance à Beaupré, Mortemer et Froidmont et possédait notamment des maisons à Paris, dont une maison d'Ourscamp rue du Renard et un hôtel d'Ourscamp rue François-Miron, ce terrain ayant été reçu en 1248 et l'hôtel construit vers 1585. L'orgue de la chapelle, instrument néoclassique représentatif de la facture française du milieu du XXe siècle, a été réalisé par le facteur Rœthinger en 1947-1948, inauguré en 1949 et a fait l'objet de travaux de rénovation et d'entretien à plusieurs reprises ; il a subi des dégradations lors des inondations de 2001 et nécessite des interventions complémentaires. Affiliée à la paroisse Saint-Éloi de Noyon, l'abbaye abrite aujourd'hui une communauté religieuse qui propose retraites et activités pastorales et participe à la valorisation et à la restauration du site.