Origine et histoire de l'Abbaye de Beaupré
Ancienne abbaye de Beaupré
L'abbaye cistercienne de Beaupré, située à Achy dans l'Oise, a été fondée en 1134 (ou 1135) par le seigneur Manassès de Milly et confiée à l'ordre cistercien. Douze moines venus de l'abbaye d'Ourscamp, elle-même fille de Clairvaux, y installèrent la communauté sous la direction du premier abbé, Pierre. Les premiers bâtiments furent édifiés et consacrés dès 1136 ; l'église abbatiale fut consacrée une fois achevée en 1170. Des bulles papales de reconnaissance furent accordées en 1144 et 1147, et une partie du cartulaire pour la période 1201-1300 est conservée à la Bibliothèque nationale de France.
Implantée dans la vallée du Petit Thérain, la communauté entreprit dès le XIIe siècle des aménagements hydrauliques pour drainer et exploiter ses terres : déviation du cours, creusement de fossés et réalisation de canaux souterrains maçonnés. L'organisation du site répartissait les bâtiments : au sud de la rivière se trouvaient l'abbatiale, le cloître, la salle capitulaire, le réfectoire et le logis abbatial, tandis qu'au nord se trouvaient le vivier, la ferme et le moulin. Les moines étendirent leur domaine par acquisitions, notamment la forêt de Malmifait (acquise pour moitié puis en totalité au milieu du XIIe siècle) et la ferme de Woimaison, donnée en 1140.
L'abbaye connut des périodes de troubles et de sinistres : elle fut ravagée par les troupes anglaises en août 1346 et subit de violentes inondations aux XVIIe et XVIIIe siècles, qui entraînèrent la destruction partielle de bâtiments et la perte du palais abbatial, transféré ensuite à Woimaison. Des travaux de restauration eurent lieu au début du XVIIIe siècle sous l'abbatiat d'Hippolyte de Béthune ; le moulin fut reconstruit en 1736 et l'église abbatiale fut également remise en état sous l'abbé commendataire Henry Hubert de Courtalvert de Pezé vers le milieu du siècle.
La Révolution entraîna la vente des bâtiments comme biens nationaux : l'adjudication eut lieu le 10 mars 1791, tandis que le moulin fut vendu séparément pour 30 000 livres ; dix moines se trouvaient alors encore sur place. La forêt de Malmifait devint domaniale. Le domaine fut revendu en 1803 à des entrepreneurs qui y installèrent une filature de coton, activité qui cessa en 1824 ; l'abbaye fut ensuite vendue à la démolition, entraînant la destruction de l'abbatiale, du cloître et des bâtiments réguliers. Le moulin, maintes fois réaménagé au XIXe siècle et en grande partie reconstruit en 1868, a été utilisé jusqu'au siècle dernier et se trouve aujourd'hui abandonné.
Sur le plan architectural, ne subsistent que l'entrée monumentale du XVIIIe siècle, une grande salle voutée souvent qualifiée de réfectoire, des vestiges du moulin et des communs transformés en logements. L'ensemble a fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques en 1988 ; la protection porte notamment sur l'entrée monumentale, les anciens bâtiments réguliers datés du XVIIIe siècle, les vestiges du moulin, les communs à l'exclusion des éléments du XIXe siècle, ainsi que les parcelles formant le sol de l'abbaye. À la fin des années 1980, un projet de carrière suscita la création d'une association destinée à protéger les vestiges.
Beaupré est fille de l'abbaye Notre-Dame d'Ourscamp. La Gallia Christiana dresse la succession des abbés réguliers et des abbés commendataires, depuis Pierre I (1135-1153) parmi les réguliers jusqu'à des commendataires notables comme Hippolyte de Béthune (1666-1720) et Henry Hubert de Courtalvert de Pezé.