Origine et histoire de l'Abbaye de Bonnefont
L'ancienne abbaye cistercienne de Bonnefont, située sur les communes de Proupiary et de Sepx en Comminges (Haute‑Garonne, Occitanie), a été fondée en 1136 sur des terres offertes par Flandrine de Montpezat et ses fils. Elle a joué un rôle religieux, artistique, agricole, économique et politique dans la région. L'abbaye a essaimé en créant plusieurs fondations, parmi lesquelles les abbayes de Villelongue, Boulbonne, Pérignac et Nizors, ainsi que Fontclar et Labaix en Espagne, et elle a contribué à la création de bastides comme Boussens, Carbonne, Plaisance‑du‑Touch et Lestelle de Saint‑Martory, en plus d'exploiter des granges. Quatre comtes de Comminges — Bernard II, Bernard V, Bernard VI et Bernard VII — furent inhumés à Bonnefont; le gisant d'un comte provenant de l'abbaye, peut‑être Bernard VI ou Bernard VII, est conservé au musée des Augustins de Toulouse, qui l'a acquis en 1823. La filiation de l'abbaye la rattache à Morimond. Après un déclin amorcé dès le XIVe siècle, la Révolution mit fin à la vie monastique; l'abbaye fut vendue comme bien national et partiellement démantelée, ses éléments ayant été dispersés dans le département — on retrouve ainsi des vestiges du cloître à Saint‑Gaudens, le portail de la salle capitulaire à Saint‑Martory et la façade de l'abbatiale à Touille — et certains éléments ont été réemployés jusque dans la ville de Toulouse, notamment un remplissage en briques signalé à l'hôtel de Bernuy. Une grande partie du cloître a été remontée dans un jardin public de Saint‑Gaudens, le reste se trouvant au musée The Cloisters de New York. Sur le site subsistent des vestiges variés, dont un bâtiment d'entrée formant un passage voûté sur croisées d'ogives et un pigeonnier intérieur comportant de nombreuses niches en tuileaux enduits; l'accès se faisait par une porte basse, les oiseaux pénétraient par une lucarne et une lanterne éclairait l'intérieur. L'abbaye fait l'objet d'une inscription et d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 28 décembre 1984. Dans les années 1980, deux associations ont acquis le site pour en assurer la sauvegarde; leurs actions ont conduit à la protection officielle et à la réalisation de fouilles et de travaux de restauration, tels que la remise en place de la vasque du lavabo, la révision du système hydraulique et le retour à son emplacement d'origine d'un enfeu. En mars 2010, ces associations ont cédé le domaine abbatial à la Communauté de communes du canton de Saint‑Martory pour un euro symbolique. Des campagnes de restauration régulières ont suivi : la porterie en 2013, la consolidation de la charpente et la mise en place de vitraux d'inspiration cistercienne dans le cellier du bâtiment des convers en 2014, puis la restauration d'une partie de la façade de la salle capitulaire en 2016. La gouvernance de Bonnefont est connue par une longue succession d'abbés, depuis Basin (1136‑1140) jusqu'à Jacques Mathieu Marquet de Villefort (1777‑1792), et à partir de 1498 la charge fut souvent détenue par des abbés commendataires, parmi lesquels Jean de Mauléon (1498‑1551). Le cloître reconstitué à Saint‑Gaudens et le gisant conservé aux Augustins restent parmi les principales traces matérielles du rayonnement ancien de l'abbaye.