Origine et histoire de l'Abbaye
L'abbaye de Cagnotte, située dans les Landes et initialement bénédictine, existait avant le IXe siècle ; la tradition la fait même remonter vers 780. Au XIe siècle, la communauté se déplace provisoirement à sept kilomètres à l'est et fait édifier en 1097 une église abbatiale dont des vestiges se retrouvent dans l'actuelle église de Pouillon. De retour à Cagnotte après un raid des Normands, la communauté adopte la règle cistercienne en 1141 et les vicomtes d'Aspremont entreprennent alors la construction d'une abbatiale à chevet plat dont la charpente de bois est remplacée vers 1180 par des voûtes à croisées d'ogives. Une seconde église, réservée aux moines, est consacrée en 1217 par l'évêque Gaillard d'Aspremont. L'abbatiale disparaît vers 1570 à la suite des guerres de Religion, puis l'abbaye entre en déclin : on relève 14 moines en 1629, 5 en 1739, et les habitants envahissent les restes du monument en 1756 avant qu'une autorisation de démolition ne soit donnée en 1776.
Il ne subsiste aujourd'hui qu'une partie du logis abbatial, transformée en grange, et une petite église paroissiale réduite au sanctuaire, à la travée de chœur, aux chapelles latérales et aux croisées du transept de l'ancienne abbatiale Notre-Dame de Corheta. La nef et les bas-côtés ont été reconstruits ou restaurés depuis la Révolution, la date 1861, gravée au-dessus du portail occidental, témoignant d'une campagne probable de reconstruction. L'intérêt architectural de l'église réside principalement dans le transept et le chœur : les deux bras du transept s'ouvrent par de grands arcs en tiers point à deux rouleaux reposant sur des chapiteaux sculptés, les transepts sont voûtés d'ogives et communiquent avec les bas-côtés par des arcs similaires. À l'est, une petite baie en meurtrière éclairait originellement les transepts ; au XVIIe siècle, des baies plus larges furent percées sur les faces nord et sud. Le chœur, à chevet plat et voûté d'ogives, était à l'origine éclairé par trois grandes baies romanes ; au XIVe siècle, une réfection des parties hautes a ouvert une baie plus large au sommet de l'arc de la voûte et percé deux oculi sur chacune des faces.
Du premier ensemble de l'abbaye subsiste le chevet de l'église abbatiale, daté du milieu du XIIe siècle ; les parties hautes du chœur, notamment l'arc triomphal brisé et les chapiteaux sommant les colonnes, appartiennent à la fin du XIIe siècle, tandis que les voûtes d'ogives du chœur et de la chapelle nord datent du XIIIe siècle. À l'ouest de l'église, les vestiges d'un ancien bâtiment conventuel conservent, sur l'élévation occidentale, des baies géminées du XIIIe siècle ; à l'intérieur de cet édifice, aujourd'hui effondré, une cheminée en pierre est probablement du XVIIe siècle. L'église abrite des tombeaux des vicomtes d'Orthe et d'Adélaïde d'Anjou, ainsi qu'un puits funéraire aménagé en pourrissoir au milieu du chœur où furent retrouvés les restes de dix corps. Située sur un des chemins de Compostelle, l'abbaye possédait autrefois deux hôpitaux pour pèlerins, deux écoles monacales et une dizaine de prieurés. Parmi les abbés connus figurent Guillaume Raimond d'Aspremont, ex-vicomte d'Orthe, abbé de 1177 à 1180, et Loup-Garsie II, élu abbé peu avant son décès ; près de soixante abbés ont été identifiés, certains n'ayant exercé que le titre.