Abbaye de Charroux dans la Vienne

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise romane

Abbaye de Charroux

  • 4 Place Saint-Pierre
  • 86250 Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Abbaye de Charroux
Crédit photo : Auteur inconnu - Sous licence Creative Commons
Propriété de l'Etat ; propriété privée

Période

XIIe siècle

Patrimoine classé

Les restes de la chapelle sud du choeur de l'église abbatiale : classement par décret du 6 janvier 1945 - Les immeubles nus ou bâtis situés sur le territoire de l'ancienne abbaye (cad. B 305, 307p, 317 ; A 319, 322, 323, 326, 328, 332, 333p, 334, 335, 339) : inscription par arrêté du 1er février 1950 - L'ensemble des vestiges (cad. B 307p ; A 312p, 315, 316, 320, 321) : classement par arrêté du 13 juin 1950

Origine et histoire de l'Abbaye

L'ancienne abbaye bénédictine Saint-Sauveur de Charroux, fondée au VIIIe siècle à Charroux (Vienne), fut très prospère au Moyen Âge avant d'être réduite puis vendue comme bien national à la Révolution. Elle aurait été fondée en 784 ou 785 par le comte Roger de Limoges et son épouse Euphrasie d'Auvergne, sous la protection de Charlemagne, qui lui auraient apporté des dons et des reliques. Rapidement dotée de livres, d'objets précieux et de nombreuses reliques, l'abbaye devint un important centre spirituel et culturel, accueillant plusieurs conciles — dont celui de Charroux — et exerçant une influence politique notable. La présence d'une relique dite de la Vraie Croix et d'un reliquaire remarquable contribua à faire de Charroux un lieu de pèlerinage majeur. Dès le IXe siècle la communauté comptait plus de quatre-vingts moines ; des éléments sculptés et une inscription funéraire conservés au musée Sainte-Croix de Poitiers témoignent des bâtiments carolingiens aujourd'hui disparus.

Au tournant de l'an mil l'abbé Geoffroy lança d'importants travaux malgré de multiples incendies ; l'abbatiale fut consacrée à plusieurs reprises et reconstruite en 1082, adoptant des innovations constructives tout en conservant des traits carolingiens. L'église, remarquable par sa vaste rotonde et sa tour-lanterne, figura parmi les grandes églises de la chrétienté, et le pape Urbain II y institua des protections et prérogatives pour l'abbaye. À la fin du XIe et au début du XIIe siècle Saint-Sauveur connut son apogée : elle possédait de nombreuses églises et prieurés, attirait la visite de princes et de rois, et s'enrichit grâce aux pèlerinages vers ses reliques. Le XIIIe siècle vit encore des agrandissements, dont l'adjonction en 1269 d'un portail gothique occidental.

La guerre de Cent Ans et les troubles qui suivirent provoquèrent un déclin progressif : trésors et archives furent mis à l'abri puis perdus, la communauté se réduisit fortement et l'abbaye fut incendiée en 1422. Sous l'abbatiat de Jean Chaperon, à partir de 1444, un redressement permit à l'abbaye de retrouver une partie de son influence, confirmée par les privilèges réaffirmés au XVe siècle, mais l'instauration de la commende et la mauvaise gestion des abbés commendataires entraînèrent une longue décrépitude. Les guerres de Religion au XVIe siècle aggravèrent la situation : pillages répétés, fonte des cloches, ventes du mobilier liturgique et dégradation des bâtiments aboutirent à la quasi-disparition de la communauté avant la fermeture définitive.

Un brevet royal et une bulle papale au XVIIIe siècle organisèrent la suppression de l'abbaye et le rattachement de ses biens ; vendue en plusieurs lots en 1790, l'église et les bâtiments furent partiellement démantelés et transformés en carrière, alors que certains éléments furent rachetés et conservés. Au XIXe siècle la Société des antiquaires de l'Ouest, son président Charles de Chergé et Prosper Mérimée intervinrent pour la sauvegarde ; la tour-lanterne fut classée au titre des monuments historiques et des fragments sculptés furent protégés ou rassemblés dans la salle capitulaire. Des classements et inscriptions successifs depuis 1945 et 1950 ont permis la protection de la chapelle sud du chœur, des immeubles de l'ancien domaine et de l'ensemble des vestiges.

Sur le plan architectural, l'abbatiale relève principalement du roman poitevin, la façade occidentale étant de style gothique. Les fouilles et restaurations de l'après-guerre ont restitué un plan original centré sur une vaste rotonde à trois déambulatoires, avec au nord et au sud des chapelles faisant office de transept, un chœur réservé aux moines à l'est, et à l'ouest une nef à collatéraux se terminant par un narthex et une façade imposante ; une crypte sous la tour recevait les reliques et l'autel principal. L'ensemble du bâtiment mesurait cent vingt-six mètres de long et la composition centrée renvoie explicitement à des modèles comme l'église du Saint-Sépulcre et à la symbolique funéraire et de résurrection propre aux martyria.

De l'architecture subsiste surtout la tour-lanterne dite tour Charlemagne, vestige du XIe siècle : octogonale, de douze mètres de diamètre et trente-sept mètres de hauteur, elle repose sur huit piles quadrilobées et comportait des niveaux d'arcatures et des fenêtres hautes destinées à éclairer l'autel. Les décors sculptés, en particulier des chapiteaux attribués à l'atelier dit « à feuilles grasses » et quelques chapiteaux animaliers aux lions, témoignent d'un rayonnement artistique régional et sont en partie conservés au musée ou réemployés dans le bourg. La rotonde, qui permettait la circulation des pèlerins autour des reliques, était autrefois ornée de cinquante à soixante-dix chapiteaux du XIIe siècle dont plusieurs éléments ont été préservés ou déplacés.

Le portail gothique de 1269, installé devant la façade romane, offrait un programme sculpté riche — vierges sages et folles, apôtres, prophètes, rois et évêques et un tympan du Jugement dernier au centre — dont des fragments figurent aujourd'hui dans la salle capitulaire et la salle dite « du trésor ». Les bâtiments monastiques au sud conservent le plan du cloître reconstruit au XVe siècle sous Jean Chaperon, et la salle capitulaire gothique voûtée d'ogives, lieu de la vie conventuelle, a été restaurée ; on y signale l'emplacement de treize tombeaux découverts lors des fouilles de 1949.

La salle dite « du trésor » rassemble de nombreuses pierres sculptées et des reliquaires, dont un reliquaire aux anges en argent doré à décor attribué, par ses armes, à Blanche de Castille, et qui illustre l'importance du trésor de l'abbaye. Les reliquaires ont permis la reprise des ostensions, gestes liturgiques solennels organisés tous les sept ans et encore pratiqués. Enfin, les sources conservées et la longue liste d'abbés mentionnés dans les archives montrent l'ampleur de l'histoire monastique de Charroux, qui a laissé un ensemble de vestiges parmi les plus remarquables du patrimoine religieux poitevin.

Liens externes