Abbaye de Chéhéry à Chatel-Chéhéry dans les Ardennes

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye de Chéhéry

  • Abbaye de Chéhéry
  • 08250 Chatel-Chéhéry
Abbaye de Chéhéry
Abbaye de Chéhéry
Abbaye de Chéhéry
Abbaye de Chéhéry
Abbaye de Chéhéry
Abbaye de Chéhéry
Crédit photo : NEUVENS Francis - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XVIIIe siècle, 2e quart XIXe siècle

Patrimoine classé

L'ensemble des bâtiments en élévation, comme des vestiges archéologiques, y compris le cellier, le mur de clôture, figurant sur les parcelles 28, 30, 31, 35, 40, 78, 112 et 121 section AB du cadastre, conformément au plan annexé à l'arrêté : inscription par arrêté du 15 mai 2025

Origine et histoire de l'Abbaye de Chéhéry

L'ancienne abbaye de Chéhéry, à Châtel-Chéhéry (Ardennes), est un témoignage du renouveau de l'architecture monastique cistercienne au XVIIIe siècle, entièrement reconstruite au milieu de ce siècle. Située à environ 2 km à l'écart du bourg, sur la D142 reliant Châtel-Chéhéry à Exermont, elle fut vendue comme bien national après la Révolution et partiellement transformée en résidence. Il subsiste du monastère une partie du cloître reconstruit au XVIIIe siècle, des communs et deux longs bâtiments à toit dit « à la Mansart » qui encadrent la cour côté route ; leurs façades et toitures sont des éléments classés. Une allée de platanes conduit à la cour d'honneur et au bâtiment principal, réalisé en briques et pierres jaunes de Savonnières ; sa façade, ordonnée par un portail central à fronton surbaissé, présente au rez-de-chaussée et à l'étage deux groupes de trois fenêtres surmontés chacun d'une lucarne. Le côté Est reprend ce rythme à l'étage et montre au rez-de-chaussée de grandes ouvertures en plein cintre évoquant des arcades ouvrant sur une galerie ; du carré traditionnel du cloître ne subsistent que deux côtés en L. L'aile conservée, qui accueillait l'abbé et les hôtes, a été transformée en résidence par des acquéreurs du XIXe siècle, rendant difficile la distinction entre décorations d'origine et aménagements postérieurs. La rampe en ferronnerie de l'escalier reliant le vestibule du rez-de-chaussée à celui du premier étage, élégante et sobre, est caractéristique de la seconde moitié du XVIIIe siècle. On note également dans l'aile sud d'anciennes salles à manger et cuisines, un grand salon lambrissé du XVIIIe siècle et le salon dit « de Grisi » aménagé en 1836 pour la cantatrice Giulia Grisi. Ce salon présente une porte encadrée d'un entablement à colonnes assorti de médaillons néo-Renaissance, un plafond en caissons, un lambris en panneaux et une cheminée ornée de cariatides, dans un style Henri II alors renaissant. L'abbaye développa une activité métallurgique dès la fin du XIVe siècle ; cette production, fondée sur des forges et des verreries utilisant le charbon de bois et des minerais locaux, perdura jusque vers le milieu du XIXe siècle. La fondation remonte à 1147 lorsqu'une terre de Chéhéry fut donnée à Bernard de Clairvaux pour y établir une communauté cistercienne, qui reçut de nombreuses dotations aux XIIe et XIIIe siècles et créa fermes et granges. Le site connut des périodes difficiles liées au passage de troupes et aux conflits des siècles suivants, qui affectèrent ses constructions, avant une reprise financière au XVIIIe siècle. En 1750, l'abbé commendataire chargea l'architecte Nicolas Joseph de la reconstruction de l'abbaye. Vendue après la Révolution, elle fut acquise par le vicomte François Gérard de Melcy, qui fit détruire deux côtés du quadrilatère monastique correspondant à l'église et aux cellules afin de donner au lieu un caractère résidentiel et poursuivit l'exploitation des forges. Son fils Achille Auguste César de Melcy introduisit des techniques métallurgiques anglaises et, après son mariage en 1836 avec Giulia Grisi, fit aménager pour elle le salon qui porte aujourd'hui son nom ; leur séparation donna lieu à un procès. Vers 1850, la généralisation du coke affaiblit l'intérêt industriel du site ; les tentatives de modernisation et d'associations financières dans les années 1850 se soldèrent par une faillite, des départs et des changements de propriétaires au XIXe siècle. La propriété resta dans la famille Gérard de Melcy avant d'être vendue en 1912 à la famille Longuet-La Marche, qui l'occupa une grande partie du XXe siècle. L'ensemble a été inscrit au titre des monuments historiques en 1990. En 2019, le « château » et ses terrains ont été rachetés par Charles du Jeu et l'architecte du patrimoine Guillaume Ull, qui ont entrepris des travaux d'urgence pour stopper les infiltrations et souhaitent poursuivre une rénovation plus ambitieuse, relancer des productions agricoles et ouvrir le site au public ; ce projet devait bénéficier en 2020 d'une subvention du Loto du patrimoine.

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