Abbaye de Clairmarais dans le Pas-de-Calais

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye

Abbaye de Clairmarais

  • 7 Route d'Arques
  • 62500 Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Abbaye de Clairmarais
Crédit photo : Marc Ryckaert (MJJR) - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIIe siècle, XVIIe siècle

Patrimoine classé

Ruines de l'abbaye : inscription par arrêté du 2 décembre 1946 ; Ferme comprenant : 1. vestiges en partie médiévaux de l'entrée de l'abbaye avec la porterie et les bâtiments des étrangers (dont la chapelle) ; 2. ferme proprement dite avec le portail d'entrée, le logis (accolé aux bâtiments des étrangers) et sa tourelle d'escalier (datée 1680) , les bâtiments agricoles (granges, étables, écuries, porcheries, maréchalerie, etc. . . ) ; 3. le pigeonnier (cad. D 108, 110, 323, 326) : inscription par arrêté du 3 juillet 1987

Origine et histoire de l'Abbaye

Ancienne abbaye cistercienne

L'abbaye de Clairmarais, située dans le Pas-de-Calais, a été fondée en 1140 par Gonfroi, envoyé de saint Bernard, selon la règle de l'ordre de Cîteaux. À l'origine, sur l'initiative de Foulques, abbé des Gunes vers 1128, un projet bénédictin avait été envisagé, puis l'orientation se tourna vers les cisterciens. Bernard de Clairvaux décida la construction d'une nouvelle maison dans la forêt de Rihoult, au nord-est de Sithieu (actuel Saint-Omer), et envoya Gonfroi avec douze moines pour établir la communauté. Le 26 avril 1140, après l'aménagement des terres marécageuses, ils posèrent les fondations d'une première maison et d'un oratoire dédié à la Vierge, un peu en contrebas de l'emplacement actuel, et donnèrent au lieu le nom de Clarus Mariscus en raison du terrain environnant ; Gonfroi fut le premier abbé. L'établissement s'installa définitivement à Clairmarais en 1161 et, à ses débuts, les moines ne possédaient qu'environ 65 mesures, soit une vingtaine d'hectares, dont près de la moitié en pâtures et marais.

Dans les décennies qui suivirent, l'abbaye reçut de nombreux dons de terres et de rentes de la part de seigneurs locaux, notamment Thierry d'Alsace et sa femme Sibylle d'Anjou, Mathieu de Lorraine comte de Boulogne, Arnould Ier de Guînes et le châtelain de Saint-Omer. En 1145 Arnould Ier, sa femme Mathilde et leur fils Baudouin cédèrent à Clairmarais leurs possessions à Niwerlede (probablement Nieurlet), avec des dispositions relatives au creusement de fossés, donation confirmée la même année par Milon II, évêque de Thérouanne. Vers 1150 Arnould et sa famille exemptèrent les abbayes de Clairvaux et de Clairmarais du tonlieu ; d'autres donations importantes furent faites par Baudouin II de Guînes et Christine d'Ardres en 1174, et Thierry d'Alsace concéda en 1156 une portion du bois de Ruhout. Des familles comme les châtelains de Bourbourg et les seigneurs d'Ardres firent également des libéralités, et en 1270 Arnoul III de Guînes confirma une rente accordée antérieurement.

L'abbaye bénéficia de la protection pontificale lorsque, en 1170-1171, Alexandre III confirma la possession de plusieurs biens, notamment des terres gagnées sur la mer, et en 1176 Philippe d'Alsace la prit sous sa protection en la dotant de 1 283 mesures, dont 297 de dunes à Loon-Plage, terres d'église exemptes de toute obligation féodale et connues sous le nom de « censes de l'Enna », lesquelles furent à l'origine de nombreux procès en raison de dégâts causés par les lapins. La rupture des digues en 1720 entraîna un conflit entre la magistrature de Bourbourg et les abbés au sujet des réparations.

Au fil des siècles, l'abbaye se développa et s'enrichit : elle comprenait une église munie d'un carillon de 19 cloches, des verrières, sculptures, tableaux, plusieurs chapelles et de nombreuses dépendances — fours, boulangerie, boucherie, brasserie — grâce aux dons reçus, et possédait des terres dans de nombreux villages alentours. À son apogée, la communauté rassemblait environ cent religieux et deux cents frères convers. Après près de six cents ans d'existence et cinquante-neuf abbés, l'abbaye fut dissoute en 1791 ; à sa fermeture, le 29 août 1791, elle ne comptait plus que vingt-trois moines et ses biens, dunes de Loon-Plage incluses, furent vendus comme biens nationaux. Près de deux siècles plus tard, une brasserie artisanale a rouvert en juin 2019 dans la ferme de l'abbaye, l'un des rares bâtiments survivants, reprenant l'activité brassicole jadis exercée par les moines.

Les ruines de l'abbaye sont inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 2 décembre 1946 ; la ferme cistercienne de la Cloquette, et plus précisément les façades et toitures du petit pavillon du XVIIIe siècle (cadastre B 193), ont été inscrites par arrêté du 27 juin 1991. Clairmarais est fille de l'abbaye de Clairvaux et dépend de l'abbaye de Cîteaux.

Cinquante-neuf abbés se sont succédé pendant près de sept cents ans ; parmi les plus notables figurent Gunfrid (Gonfroi), premier abbé, Guillaume vers 1150, David en juillet 1174, Lambert en 1220, Simon de Markette élu en 1225 et en fonction jusqu'en 1257, Gilles II Dupont de Bourbourg (37e abbé, 1518-1525), Hertault (38e, qui commença la bibliothèque en 1527), Hubert Raoul (42e, auteur en 1598), Morand Blomme (43e, gratifié de la mitre en 1615), Georges d'Affringues (46e, élu en 1635 et mort en 1639), Dom de Brianville (abbé en 1728), Edmond Tirant (57e, 1767-1782) et Charles-Omer Deschodt, dernier abbé élu en 1787, approuvé par Louis XVI et expulsé le 29 août 1791 avant d'être déporté en 1793.

Parmi les moines, Dom Jean Ballin, mort le 14 avril 1593, fut curé des domestiques et est inhumé dans le cloître ; il a laissé trois ouvrages manuscrits — un travail sur les comtes de Flandre conservé à la bibliothèque de Saint-Omer, un recueil chronologique d'anecdotes historiques sur le Nord de la France dont des extraits ont été retrouvés dans la bibliothèque du chancelier d'Aguesseau et conservés à Mons, et un abrégé de ce recueil également à Saint-Omer avec une préface datée du 23 novembre 1588.

Onze feuillets du cartulaire de l'abbaye, datés de 1153 à 1297, furent examinés lors d'une mise en vente à Drouot et confiés au cabinet d'expertise Honoré d'Urfé en 2009. Les principales études et sources disponibles sur l'abbaye comprennent notamment les travaux d'Henri de Laplane (L'abbaye de Clairmarais d'après ses archives, 1868), l'ouvrage Les abbés de Clairmarais de la même publication, la Table chronologique d'Alphonse Wauters et un article de Dany Sandron publié en 1999 dans le Bulletin Monumental.

Liens externes