Période
2e moitié XIIe siècle, XVIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Chapelle Sainte-Anne, ainsi que la grille attenante ; aile de l'ancien réfectoire (transformée en chapelle au XIXe siècle) avec la cuisine ; aile du lavoir ; grange ; cellier ; mur d'enceinte (cad. A 67 à 70, 72 à 76, 78) : classement par arrêté du 26 octobre 1981 - Ancienne hôtellerie-taverne, appelée aujourd'hui Hôtellerie des Dames, y compris sa cave située au nord sous le bâtiment voisin (cad. A 68) : inscription par arrêté du 26 janvier 1994 - Edifices désignés ci-après et figurant au plan annexé à l'arrêté : façades et toitures de l'ancienne boucherie (n° 3) , du bâtiment situé en face de la grange (n° 29) ; ancienne écurie de l'abbé transformée en bâtiment des enfants au XIXe siècle (n° 23) : façades, toitures, voûtes et piliers au rez-de-chaussée, chapelle XIXe siècle ; totalité du pavillon d'entrée ouest (n° 1) , du pont XVIIIe siècle de l'entrée sud (n° 12) , des deux statues d'enfants placées près de l'ancien pavillon de chimie, du quartier d'isolement avec ses courettes et leurs murs (n° 33) , du terrain délimité par l'enceinte du grand et du petit Clairvaux (cad. A 67 à 76, 78 ; pont XVIIIe siècle non cadastré à la rencontre des R.D. 101 de Meurville à Clairvaux et 12 de Vendeuvre-sur-Barse à Maranville) : inscription par arrêté du 24 novembre 1997 - Bâtiments numérotés sur le plan annexé à l'arrêté : grand cloître (n° 31) et petit cloître (n° 32) ; bâtiments qui bordent la cour d'honneur : porterie (n° 18) , ancien logis de l'abbé (n° 19) , ancienne hôtellerie des Dames et logements des officiers (n° 17) , ailes nord et sud des anciennes écuries (n° 24 et 25) ; pavillon de chimie (n° 15) ; glacière (n° 16) ; bâtiment XVIIIe siècle près de la chapelle Sainte-Anne (n° 14) ; bâtiment construit pour servir de bibliothèque (n° 20) ; bâtiment des hôtes (n° 21) et son aile en retour au sud (n° 22) ; pont d'accès au sud (n° 12) ; ancien auditoire (n° 4) ; fontaine et vivier (n° 5) ; lavoir à l'est du vivier (n° 6) ; ancienne prison des séculiers (n° 7) ; ancien atelier de serrurerie (n° 8) (cad. A 68, 71, 72, 74) : classement par arrêté du 26 mars 1999
Origine et histoire de l'Abbaye de Clairvaux
L'ancienne abbaye de Clairvaux, située à Ville-sous-la-Ferté dans l'Aube, est une fondation cistercienne de grande influence. Elle a été établie en 1115 par Bernard de Clairvaux et douze moines envoyés par l'abbaye-mère de Cîteaux, sur un site choisi pour son isolement et la proximité de l'Aube. Dès ses débuts, Clairvaux acquiert un important patrimoine foncier et se développe grâce à un réseau de granges et à sa position sur la route des foires de Champagne. Sous l'impulsion de saint Bernard, l'abbaye connaît un rayonnement exceptionnel : elle fonde ou incorpore quatre-vingts abbayes filles directes et contribue à l'expansion cistercienne en Europe. Les premiers bâtiments, en bois puis en pierre, sont agrandis puis, en 1135, l'ensemble monastique est déplacé à environ 400 mètres vers l'est pour faire face à l'afflux de vocations. L'abbatiale, décorée sobrement conformément à l'esprit bernardin, comprend un grand chœur avec déambulatoire et chapelles rayonnantes autour du tombeau du fondateur ; sa dédicace intervient après la mort de Bernard. Autour du cloître se groupent les bâtiments propres à la vie monastique — dortoirs, scriptorium, réfectoire, cuisine, chauffoir — ainsi que le bâtiment des convers, caractéristique de l'art cistercien par sa sobriété. Au XVIIIe siècle la communauté, prospère, entreprend une vaste transformation classique qui intègre et remplace une grande partie des constructions médiévales, tandis que quelques éléments plus anciens, comme le bâtiment des convers, sont conservés. Vendue comme bien national à la Révolution, l'abbaye est achetée en 1792 par des industriels avant d'être rachetée par l'État au début du XIXe siècle et transformée en établissement pénitentiaire ; les bâtiments monastiques deviennent alors successivement manufacture, prison pour femmes, puis maison centrale. L'histoire carcérale du site est marquée par de graves épisodes : la revente de l'abbatiale comme carrière, un scandale en 1847 qui révèle la mort de sept cents détenus en trente mois, puis la mise en place de cellules individuelles après la loi de 1875 et l'usage de « cages à poules » jusqu'en 1970. À partir du XXe siècle, l'abbaye accueille des services publics et, depuis 2002, le ministère de la Culture y est fortement présent, assurant l'ouverture au public de parties du site et d'importants travaux de restauration, dont la rénovation du dortoir des convers entre 2003 et 2013. Le bâtiment des convers, classé monument historique, est l'un des vestiges médiévaux les mieux conservés et fait l'objet de campagnes de restauration. Aujourd'hui, les espaces accessibles au public comprennent notamment la prison des enfants, le réfectoire des moines et le grand cloître de style classique, qui servent à la fois de lieu de mémoire et de programmation culturelle — le festival de musique « Ombres et lumières », créé en 2004, en est un exemple. La fermeture de la maison centrale en 2023 a suscité des inquiétudes quant à la conservation et à l'avenir patrimonial du site. L'ensemble conserve également des éléments dispersés, comme l'hôtellerie-taverne du XVIe siècle dite Petit Clairvaux, qui témoignent de l'histoire complexe de cette abbaye entre vie monastique, réformes architecturales et usages contemporains.