Origine et histoire de l'Abbaye de Cuissy
L'abbaye Notre-Dame de Cuissy est une ancienne abbaye régulière et réformée de l'ordre des Prémontrés, située à Cuissy-et-Geny, près de Laon dans le département de l'Aisne. Elle se constitue au XIIe siècle lorsque Luc de Ronci, doyen de l'église de Laon, s'y retire avec plusieurs disciples sur des terres de la vallée de la Misère offertes en 1122 par Gauthier de Jumigny et Ermengarde de Roucy ; une petite communauté se trouvait déjà en retraite en ce lieu depuis 1115. Quelques années plus tard, ces religieux rejoignent l'ordre des chanoines réguliers de Prémontré fondé par saint Norbert, et le monastère est érigé en abbaye en 1124. Abandonnée pendant la Révolution française, elle conserve toutefois plusieurs éléments construits aux XVIIe et XVIIIe siècles qui sont inscrits au titre des monuments historiques depuis 1928. Selon la Gallia Christiana, plusieurs abbés se détachent dans sa succession : Hugues II, attesté en 1174 et devenu plus tard général de l'ordre ; Pierre, transféré à Cuissy en 1217 après avoir été chanoine d'Orchie de Braîne et abbé de Val-Secret ; et Jean de Cergès, qui en 1245 donna son accord à la fondation de l'abbaye Sainte-Élisabeth de Genlis en raison de son droit de patronage. À l'époque des abbés commendataires, Jean de Vendôme, abbé en 1558, fit clore le grand enclos de vignes et, grâce au patronage de son parent le prince de Condé, l'abbaye échappa aux ravages des guerres civiles. François de Castelnau, frère du diplomate Michel de Castelnau de la Mauvissière, fut le 54e abbé et dut en 1573 aliéner une partie du temporel pour entretenir la communauté et acquitter les impôts militaires. Son petit-neveu Anne-Michel de Castelnau procéda à une réforme en 1641 : l'abbaye rejoignit alors la communauté de l'Antique Rigueur de Prémontré gouvernée par Sainte-Marie Majeure de Pont-à-Mousson; il apparaît dans les documents de l'époque sous la forme "abbé de Cussy". L'abbé de Cuissy exerçait le droit de patronage sur les cures de Dizy et de La Ville-aux-Bois-lès-Dizy et percevait les dîmes afférentes. Des vestiges subsistent, parmi lesquels un colombier, une porte monumentale et un pavillon datés des XVIIe et XVIIIe siècles.
