Origine et histoire de l'Abbaye de Fondouce
Fondée au début du XIIe siècle par le bénédictin Guillaume de Conchamps, seigneur de Taillebourg, l'abbaye Notre‑Dame de Fontdouce est située à Saint‑Bris‑des‑Bois en Charente‑Maritime. Les premiers moines ont probablement vécu dans des bâtiments en bois ; les plus anciens vestiges en élévation sont les deux chapelles romanes superposées datées vers 1120. La communauté bénédictine suivait des règles d'inspiration cistercienne, marquées par une grande austérité. Vers la fin du XIIe siècle fut édifiée une vaste église abbatiale dont la taille se devine encore à partir de gravures anciennes et d'un pilier conservé. Au début du XIIIe siècle, un cloître de style gothique fut accolé à l'ouest de l'abbaye romane ; autour de lui se trouvaient la salle capitulaire ouverte sur le cloître, le réfectoire alimenté par la Fontdouce, la cuisine et le dortoir des moines, tandis que le parloir servait d'espace de transition et présente la même richesse architecturale que la salle capitulaire. L'abbaye connut alors son apogée : elle possédait des prieurés (notamment La Grainetière et La Tenaille), des terres sur un rayon d'environ 100 km et des salines sur la côte, et la communauté s'agrandit et s'enrichit. Au XVe siècle, le titre d'abbaye royale modifia son administration : l'abbé fut nommé par le roi et la commende, souvent attribuée à un laïc, absorbait une grande part des revenus, ce qui contribua au déclin progressif du monastère. Les guerres de Religion au XVIe siècle entraînèrent le saccage de l'église abbatiale, qui ne fut jamais reconstruite. En 1783 le lieu servit de carrière pour fournir des pierres aux réparations de l'église de Saint‑Bris ; pendant la Révolution les derniers moines furent expulsés en 1793 et le site fut vendu comme bien national en 1794. Le fermier Boutinet, acheteur du terrain, éleva sur les vestiges conventuels une maison de style Premier Empire. La petite église romane primitive, dite chapelle de l'abbé, est restée intacte : plan rectangulaire, abside semi‑circulaire et crypte de même dimension. De l'abbatiale gothique il ne subsiste que peu de vestiges, notamment un faisceau de colonnes du transept et un mur de croisillon. Parmi les autres constructions conservées figurent un cellier en bon état, les deux chapelles superposées, un bâtiment mutilé probablement ancien dortoir ou salle des hôtes, et un campanile du XVIIe siècle avec cloche. L'ensemble est implanté dans un vallon verdoyant mis en valeur par des jardins à la française et des bassins d'eau claire reconstitués d'après une gravure antérieure à la Révolution, les points d'eau étant alimentés par la rivière dont la source se trouve en amont à quelques centaines de mètres. La propriété est passée dans la famille des actuels propriétaires dès les années 1820 ; à partir des années 1970 ceux‑ci ont entrepris fouilles et restaurations visant notamment la salle capitulaire, le parloir gothique et les chapelles romanes. Ces travaux leur valurent en 1979 le troisième prix du concours "chef‑d'œuvre en péril". Des fouilles préventives et une campagne archéologique dirigée par la DRAC ont mis au jour en 2004 et en juillet 2006 une vaste salle des moines de 300 m2 en sous‑sol, avec escalier en colimaçon, latrines, cheminée, dallage conservé, arcades, chapiteaux et colonnes. Des recherches archéologiques devaient être poursuivies en 2007, avec un aménagement intérieur destiné à permettre l'accueil des visiteurs et la location pour des réceptions. En 1986, le site a été protégé au titre des monuments historiques, avec classement notamment des parties gothiques que sont la salle capitulaire et le parloir.