Abbaye de Fontainejean à Saint-Maurice-sur-Aveyron dans le Loiret

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise gothique

Abbaye de Fontainejean

  • Fontainejean
  • 45230 Saint-Maurice-sur-Aveyron
Abbaye de Fontainejean
Abbaye de Fontainejean
Abbaye de Fontainejean
Abbaye de Fontainejean
Crédit photo : Ange-René Ravault - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIe siècle, XIIIe siècle

Patrimoine classé

Abbaye de Fontainejean (ruines) : inscription par arrêté du 6 octobre 1925

Origine et histoire de l'Abbaye de Fontainejean

L'abbaye cistercienne de Fontainejean, fille de Pontigny, se trouve au lieu-dit Fontainejean sur la commune de Saint-Maurice-sur-Aveyron, à proximité de la rivière Aveyron et de la route départementale 56. Fondée à la demande de Milon de Courtenay en 1124, elle reçoit en 1124 le premier abbé Étienne venu de l'abbaye mère avec douze religieux. Les premières installations étaient rudimentaires : cellules de branchages et un oratoire dédié à sainte Marie-Madeleine, avant l'assainissement du site et l'aménagement de fossés et canaux permettant d'alimenter un moulin. L'édification de l'ensemble monastique commence vers 1140 ; Pierre de Courtenay la place sous protection royale et l'église est consacrée en 1173. Au XIIe siècle l'abbaye connaît un essor important : on y compte en 1189 quatre-vingts moines et quatre cents étudiants, et les bâtiments comprennent un cloître, de nombreux dortoirs, cellules et dépendances. Le domaine se développe jusqu'au début du XIVe siècle par la création d'étangs, la construction de granges, moulins et fours, la fondation de villages et la mise en valeur de vignes, prés, marne et forêts. L'économie conventuelle comprenait moulins, forge, four à chaux, tuilerie, grange aux dîmes, pressoir et celliers. L'église, de transition entre roman et gothique primitif, présentait une nef à piliers alternant ronds et carrés, un transept et un chœur à fond plat ; chapiteaux sculptés et trois portes ornaient l'édifice, surmonté d'un clocher. Durant la guerre de Cent Ans l'abbaye subit de lourdes destructions, notamment sous les incursions du capitaine anglais Robert Knolles, et doit vendre ornements et terres pour survivre. Charles V accorde des secours pour la reconstruction en 1376, mais l'abbaye continue de pâtir de pillages et de difficultés financières ; elle est de nouveau pillée par les Anglais en 1422. Aux XVe et XVIe siècles le voisinage se densifie et la chapelle Saint-Laurent est édifiée entre 1506 et 1524. La commende est instaurée en 1551 ; Odet de Coligny devient abbé commendataire puis abjure le catholicisme en 1561. En 1562 l'abbaye est attaquée et incendiée par les Protestants : le chœur est partiellement épargné mais de nombreux bâtiments brûlent et des moines sont tués. À la fin du XVIe siècle des travaux de restauration réemploient les matériaux de la nef détruite pour relever les bâtiments conventuels ; la nef est parfois séparée du chœur par un mur et un clocher de bois est élevé. D'autres dommages marquent les siècles suivants : un ouragan ruine le logis abbatial en 1716, puis des restaurations interviennent au XVIIIe siècle, notamment sous le prieur Dom Feroux. Lors de la Révolution l'abbaye est supprimée ; la chapelle Saint-Laurent est démolie en 1790 et l'église vendue comme bien national en 1794, sa toiture et la flèche sont alors démontées. Privée de couverture, l'édifice voit ses voûtes s'écrouler vers 1820, puis la destruction et la vente des matériaux se poursuivent de 1822 à 1834. Au XIXe siècle le logis abbatial est détruit et des pierres de l'abbaye réemployées localement ; des fouilles en 1858 mettent au jour fragments de statues et ossements. Des vestiges subsistent aujourd'hui : portions du mur sud de la nef, un collatéral et une voûte du transept nord, la grange des dîmes et quelques éléments mobiliers comme des colonnes de marbre provenant de tombeaux. L'abbaye servait de nécropole aux princes de Courtenay ; plusieurs dépouilles et un mausolée subsistent dans les ruines, et le cœur d'Hélène de Courtenay a été transféré en 1768, une plaque signalant encore sa présence en 1910. Inscrits à l'inventaire des monuments historiques le 6 octobre 1925, les vestiges ont fait l'objet de travaux de restauration à la fin des années 1960.

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