Origine et histoire de l'Abbaye de Fontenay
L'abbaye de Fontenay est une abbaye cistercienne fondée en 1118 par saint Bernard, située à Marmagne en Côte-d'Or, à la confluence de la combe Saint-Bernard et du ruisseau de Fontenay. Elle est la plus ancienne abbaye cistercienne conservée et se distingue par la sobriété de son ornementation. Classée monument historique depuis 1862, elle a été inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1981. L'abbaye fut consacrée par le pape cistercien Eugène III le 21 septembre 1147 en présence de nombreux cardinaux, évêques et abbés.
L'église abbatiale, construite entre 1127 et 1150 selon un plan cruciforme, mesure 66 mètres de long ; le transept fait 19 mètres et la nef, large de 8 mètres, est flanquée de deux bas-côtés. Les grandes arcades en berceau brisé reposent sur des colonnes aux chapiteaux à décor lancéolé et le chœur, plus bas que la nef, conserve un pavage en céramique qui recouvrait autrefois tout le sol. On y observe une Vierge à l'Enfant du XIIIe siècle ainsi que les gisants du XIVe siècle de Guillaume de Mello et de son épouse Marie de Châteauvillain.
Le cloître, cœur du monastère, mesure trente-six par trente-huit mètres ; ses quatre galeries, composées chacune de huit travées, présentent des archivoltes et des doubles arcades reposant sur des piliers à doubles colonnettes aux chapiteaux lancéolés. La galerie est conduisait aux offices, à la salle capitulaire et, par un escalier de jour, au dortoir ; la galerie sud desservait le réfectoire et portait autrefois un lavabo côté cour. En 1911, des travaux ont permis la découverte de l'armarium, placard mural destiné aux livres liturgiques utilisés pour la lectio divina.
La salle capitulaire, d'origine carrée, comportait trois travées voûtées ; la troisième travée fut détruite par un incendie vers 1450 et la cloison entre la salle capitulaire et le parloir a été abattue au début du XXe siècle. La salle des moines, longue de trente mètres et couverte de douze voûtes d'ogives, servait à des activités variées, notamment la copie et l'enluminure de manuscrits. Le dortoir occupe tout l'étage au-dessus de la galerie est ; desservi par un escalier de nuit, il fut incendié au XVe siècle et reçoit aujourd'hui une charpente en forme de coque renversée.
Le grand bâtiment traditionnellement appelé forge, construit à la fin du XIIe siècle et mesurant cinquante-trois mètres sur treize mètres cinquante, fait l'objet d'interprétations divergentes : s'il a été longtemps présenté comme une forge liée au minerai voisin, des éléments architecturaux suggèrent aussi des usages liés au brassage ou à la cuisson. Hors de l'enceinte se trouvent plusieurs constructions d'époques diverses : une infirmerie du XVIIIe siècle appuyée sur des murs anciens, la chapelle des étrangers et la boulangerie du XIIIe siècle, le colombier et l'ancien chenil, ainsi que le logis abbatial et la « maison rouge » de la première moitié du XVIIIe siècle. La galerie Seguin, édifiée en 1850 par Marc Seguin à l'emplacement de l'ancien réfectoire et des cuisines, témoigne des aménagements postérieurs sur le site.
Aux XIIe et XIIIe siècles, l'abbaye connut une période de grande prospérité, développant des activités métallurgiques et sidérurgiques et fondant, sous l'abbatiat de Guillaume d'Épiry, l'abbaye des Écharlis. Elle bénéficia de protections et d'exemptions royales et devint abbaye royale, tout en subissant plusieurs pillages lors des guerres qui affectèrent la Bourgogne. À partir du XVIe siècle, l'instauration de la commende, supprimant l'élection des abbés par la communauté, marque le début d'un déclin qui s'accentue aux XVIIIe et XIXe siècles.
Par manque de moyens, les moines durent au XVIIIe siècle démolir le réfectoire ; en 1768 le Petit Fontenet à Montbard fut vendu à Buffon, et en 1791 l'abbaye fut vendue à Claude Hugot puis transformée en papeterie pour près d'un siècle. Elle passa en 1820 à la famille Montgolfier, fut rachetée en 1906 par le banquier Édouard Aynard qui lança une importante campagne de restauration entre 1905 et 1911 — démolition des usines, dégagement du sol de l'église et remontage pierre par pierre d'une aile du cloître — et demeura dans la famille Aynard tout en étant ouverte au public.
La succession des abbés est bien documentée, depuis Geoffroy de La Roche-Vanneau, premier abbé, jusqu'à Louis III Abel de Bonafous à la fin du XVIIIe siècle. L'abbaye a servi de décor à plusieurs films, dont Angélique, marquise des anges (1964) et Cyrano de Bergerac (1990), et une messe de dédicace a été célébrée en 2018 pour le 900e anniversaire de sa fondation. L'importance historique, architecturale et technique du site a fait l'objet de nombreuses études et publications spécialisées.