Origine et histoire de l'Abbaye de Froidmont
L'ancienne abbaye cistercienne de Froidmont se situe au bord de la forêt de Hez-Froidmont, près de Froidmont et d'Hermes dans l'Oise. Les bâtiments religieux ont été détruits à la Révolution ; subsistent dans l'enclos la ferme, la grange, des communs et un colombier. Le porche, les bergeries et le mur d'enceinte sont inscrits au titre des monuments historiques depuis le 27 décembre 1988, et la grange a été classée le 4 décembre 1995.
L'abbaye a été fondée au XIIe siècle : en 1134 Alix, dame d'Achy et de Bulles, fit don de terres sur le mont de Hermès pour l'installation d'une communauté cistercienne. Une douzaine de religieux venus de Notre-Dame d'Ourscamp, dirigés par le moine Manassès, s'installèrent d'abord dans un ermitage sur le mont César avant d'édifier le monastère au bord de la rivière Trye. L'église fut consacrée en 1136 par Odon, évêque de Beauvais ; le monastère porta d'abord le nom de Notre-Dame de Trye, puis celui de Froidmont dans les années 1150, et l'ermitage abandonné devint la Vieille abbaye, transformée en ferme. Dès 1137 le roi Louis VI mit l'abbaye sous sa protection et l'exempta de toute juridiction séculière, et une bulle d'Eugène III d'août 1147 confirma la fondation et l'exemption des dîmes.
Au Moyen Âge l'abbaye reçut de nombreuses donations et possédait, d'après une bulle d'Alexandre III de 1164, sept granges exploitées par des frères convers : la Vieille Abbaye, Gouy, Mauregard, Grand Mesnil, Brunvillers-la-Motte, La Verrière et Porfondeval. L'état des granges de 1224 fait apparaître un important cheptel et, à la même époque, la communauté comptait environ 150 religieux, dont une centaine de frères convers ; parmi les moines de chœur se trouvait le poète Hélinand de Froidmont. Les possessions de l'abbaye furent à nouveau confirmées par une bulle d'Innocent III en 1204 et par un diplôme de saint Louis en 1258. En 1358 l'abbaye subit un incendie lors de la Grande Jacquerie : ses terres furent ravagées et le bétail volé, ce qui obligea les moines à se réfugier à Beauvais pendant deux ans, puis à affronter les chevauchées anglaises, qui entraînèrent le creusement de fossés autour des bâtiments abbatiaux ; après ces troubles la discipline et les vocations déclinèrent progressivement.
À partir de 1528 l'abbaye passa sous le régime de la commende : François Ier nomma Claude de Béze abbé commendataire, qui fit reconstruire une grande partie des bâtiments et fit consacrer l'abbatiale le 5 juin 1534 ; une chapelle dédiée à sainte Marguerite fut édifiée à l'entrée pour desservir les serviteurs et les habitants des environs. Odet de Coligny lui succéda sans résider à l'abbaye ; les contributions exceptionnelles demandées par le roi et les guerres de Religion entraînèrent des difficultés financières et des déplacements des moines, Henri IV accordant des lettres de sauvegarde en 1598. Aux XVIIe et XVIIIe siècles les relations avec les abbés commendataires restèrent tendues : un procès en 1646 aboutit à une meilleure répartition des revenus pour l'entretien des bâtiments ; en 1666 Louis XIV fonda six messes basses pour le repos de l'âme de sa mère ; Charles-Joachim Colbert de Croissy, nommé en 1684, participa au rétablissement de la règle. Nommé en 1769, Étienne-Charles de Loménie de Brienne obtint en 1774 l'autorisation de démolir les parties les plus ruineuses, dont la chapelle Saint-Marguerite, une section du mur de clôture et plusieurs fermes ; en 1781 le Parlement de Paris interdit la distribution de l'aumône par l'abbaye le Jeudi Saint.
L'inventaire révolutionnaire eut lieu le 5 mai 1790 : dix religieux et quatre domestiques vivaient alors au monastère et la bibliothèque comprenait 950 ouvrages et 20 manuscrits. Les moines furent expulsés le 1er janvier 1791 ; les bâtiments furent vendus en septembre et en octobre, leurs décors dispersés, puis détruits et revendus comme matériaux de construction, si bien qu'en 1870 il ne restait que la ferme dite de la Basse-Cour et la grange.
Aujourd'hui l'abbaye conserve la grange monastique à charpente de chêne datée des XIIIe et XIVe siècles, les communs, un colombier et un mur d'enceinte du XIIe siècle en bon état. Le colombier, tour étroite datée de 1870 en briques alternant deux couleurs, repose sur un soubassement de pierre calcaire plus ancien ; ses ouvertures alignées sur un même axe, ses chaînes en pierres claires et sa toiture conique munie d'un épi avec pigeon d'arrêt caractérisent son architecture. Froidmont est fille de l'abbaye Notre-Dame d'Ourscamp. Le poète Hélinand de Froidmont y composa les Vers de la Mort entre 1194 et 1197.