Origine et histoire de l'Abbaye de Jovilliers
L'ancienne abbaye des Prémontrés de Jovilliers est un vaste ensemble du XVIIIe siècle implanté sur la commune de Stainville, dans la Meuse, le long de la route de Ménil‑sur‑Saulx à Juvigny‑en‑Perthois. Elle trouve son origine au XIIe siècle : en 1132 Geoffroy III, sénéchal de Champagne et sire de Joinville, donna la ferme de Jovillaris à Herbert, abbé de Rieval, donation confirmée en 1141 par Henri de Lorraine et suivie, en 1142, du début de la construction du premier monastère. Les chanoines réguliers et prémontrés exploitèrent les terres environnantes et l’église abbatiale, placée sous le vocable de Saint‑Pierre‑et‑Saint‑Paul, servit de paroisse aux fermiers de la basse cour. L’abbaye subit d’importantes destructions : en 1592 la nef et une partie du couvent furent incendiées par les huguenots, puis les dégâts causés par des gens de guerre et le retour des huguenots en 1611 anéantirent les efforts de restauration. À partir de 1731, le dernier abbé régulier, Claude Collin, avec l’appui des Prémontrés de Pont‑à‑Mousson et de Jeand’Heurs, mena la reconstruction jusqu’à sa mort en 1743. À la Révolution, le monastère et ses biens furent vendus en lots et transformés en exploitations agricoles, usage qui perdure aujourd’hui. Au XIXe siècle, la nef fut à nouveau détruite et l’édifice subit de nouveaux pillages et démolitions. Les vestiges ont été inscrits au titre des monuments historiques par arrêté du 17 novembre 1995 et le périmètre de l’abbaye figure à l’inventaire supplémentaire. Aucun élément de l’abbaye primitive du XIIe siècle ne subsiste ; les bâtiments actuels sont des reconstructions classiques, datées à partir d’avril 1720, réalisées en pierre de Savonnières‑en‑Perthois. On conserve les communs et leurs intérieurs du XVIIIe siècle, le cloître et la cour dominée par l’imposante façade de l’abbatiale. Celle‑ci a gardé seulement sa façade remarquable, composée de deux tours carrées massives à deux niveaux reliées par un portail en hémicycle ; en dehors de cet hémicycle, les pilastres et chapiteaux des tours sont restés inachevés, conférant à l’ensemble une grande austérité. Des références et ressources documentaires existent, notamment des notices Mérimée, des notices d’autorité VIAF et BnF, ainsi que des études et ouvrages signalés sur l’abbaye.