Origine et histoire de l'Abbaye de L'Escaladieu
L'abbaye de l'Escaladieu, située à Bonnemazon dans les Hautes-Pyrénées, est un ancien monastère cistercien fondé au XIIe siècle. Son nom, issu de l'occitan Escala a Diu et du latin Scala Dei, signifie « échelle vers Dieu » et renvoie à l'hospitalité offerte aux pèlerins. Des moines venus de l'abbaye de Morimond s'installent d'abord dans la haute vallée de Campan, puis s'établissent au site actuel près du château de Mauvezin, où ils fondent l'Escaladieu ; Bernard de la Barthe en devient le premier abbé et la communauté se développe grâce au soutien des vicomtes de Bigorre. Située sur une route de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, l'abbaye aménage un hospice pour accueillir les voyageurs et accroît progressivement ses possessions. Entre le milieu du XIIe siècle et la fin du XIIIe siècle, L'Escaladieu fonde ou accueille plusieurs abbayes « filles » en Espagne et en Gascogne et participe à la création de la bastide de Masseube. Le monastère sert également de lieu de sépulture aux comtes de Bigorre entre les XIIe et XIVe siècles ; Pétronille, comtesse de Bigorre, y meurt en 1251. À partir du XIVe siècle, les troubles franco-anglais entraînent le déclin de la communauté et l'édifice subit des dommages aux XIVe et XVIe siècles. Durant les guerres de Religion, l'abbaye est brûlée et assiégée à plusieurs reprises, provoquant la destruction du chevet, du porche et du bâtiment des convers. Des reconstructions et transformations s'échelonnent jusqu'au XVIIIe siècle : au XVIIe siècle le premier étage des bâtiments monastiques est rebâti selon une symétrie classique, de larges baies sont percées dans l'aile des moines et l'église, et le dortoir est morcelé en cellules individuelles souvent décorées de stucs. Vendue comme bien national en 1793, l'abbaye passe ensuite en mains privées et le site demeure ainsi jusqu'en 1986. Classée au titre des monuments historiques par des arrêtés de 1938 et 1939, elle fait l'objet à partir de 1986 des premiers travaux de restauration menés par l'association Rencontres de l'Escaladieu. Le lieu accueille par la suite des animations culturelles et musicales, puis il est acquis en 1997 par le Conseil général des Hautes-Pyrénées, qui engage un programme de restauration à long terme. L'abbaye conserve aujourd'hui des éléments majeurs de son passé monastique et demeure un témoignage de la rigueur de l'architecture cistercienne.
