Origine et histoire de l'Abbaye de la Pelice
L'abbaye Notre-Dame de la Pelice, ancien monastère bénédictin, est située au lieu-dit La Plisse, sur la commune de Cherreau (Sarthe), dans le diocèse du Mans ; elle fut fondée en 1170 par Bernard III de La Ferté et son épouse Isabelle de Vieuxpont-Courville. La dotation du monastère fut réglée dès 1170, mais l'acte de fondation ne fut rédigé qu'en 1205 au Mans. L'abbaye possédait la nomination des cures de plusieurs paroisses voisines et quelques prieurés, et selon les frères de Sainte-Marthe elle dépendait de l'abbaye de Tiron. Le régime de la commende contribua à sa décadence : la mense monacale fut réunie au séminaire-hôpital Saint-Charles du Mans malgré les protestations de l'administration de La Ferté.
La construction de l'église, aujourd'hui détruite, est attribuée au XIe siècle (?). La chapelle dite de la Vierge ou du Rosaire et l'aile nord du cloître, également détruites, semblent remontées au quatrième quart du XIIe siècle (?). La salle capitulaire et la galerie est du cloître ont fait l'objet d'un remaniement au cours de la seconde moitié du XVIe siècle ou au début du XVIIe siècle ; ces éléments ont disparu. Des parties agricoles adossées à la nef datent du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle. En 1666 fut édifié pour l'abbé Nicolas-François Brûlart de Sillery un logement isolé aujourd'hui détruit. Après 1826, le logis abbatial fut remanié et des communs furent construits.
Le logis abbatial, reconstruit en 1778 aux dépens de la galerie sud du cloître pour l'abbé Pierre Lefranc des Fontaines, est de plan carré en moellons, calcaire et pierre de taille ; il comprend un sous-sol, un étage et des combles coiffés d'un toit à longs pans brisés, avec croupes et noues et un dôme rectangulaire couvert en ardoise. Les pièces d'habitation y sont disposées au nord pour bénéficier de la fraîcheur estivale ; l'abbé Desfontaines y recevait sa protectrice, madame de Rohan. Le logis est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 3 juin 1986 et demeure aujourd'hui une propriété privée.
Les anciens comtes de Bellême étaient inhumés dans l'abbatiale. Parmi les abbés commendataires, Jean IV Jouvenel des Ursins (1550) dut faire face à des refus de paiement des dîmes et participa à l'assemblée pour la rédaction de la Coutume en 1558 ; Raoul Hurault (1567) porta à plusieurs reprises ces mêmes refus devant le Parlement de Paris ; Denis Hurault (1580) fut nommé évêque d'Orléans en 1584 sans être sacré ; Léonore d'Estampes de Valençay (mort en 1651) cumula plusieurs sièges et abbayes ; Nicolas-François Brûlart de Sillery (1666) fit entreprendre des constructions ; son frère Fabio Brûlart de Sillery (1677) exerça divers offices ecclésiastiques et littéraires ; De Pontac (1750), aumônier de la reine, fit abattre certains bâtiments et une partie de l'église pour échapper aux réparations ; enfin Pierre Lefranc des Fontaines (1778-1789) fit abattre le reste du cloître pour édifier le logis actuel, témoigna d'une générosité notable lors de l'hiver de 1788-1789 et quitta l'abbaye en emportant les titres aujourd'hui perdus.
Parmi ses dépendances figurent le prieuré Saint-Blaise des Vignes (paroisse Sainte-Croix, ruines), le prieuré Saint-Leu et Saint-Gilles de Contre à Saint-Rémy-des-Monts et deux prieurés situés dans l'Orne.