Abbaye de la Tenaille à Saint-Sigismond-de-Clermont en Charente-Maritime

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise romane

Abbaye de la Tenaille

  • Le Bourg
  • 17240 Saint-Sigismond-de-Clermont
Abbaye de la Tenaille
Abbaye de la Tenaille
Abbaye de la Tenaille
Abbaye de la Tenaille
Crédit photo : Jack ma - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIe siècle, 4e quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Restes de la chapelle romane (cad. A 914) : classement par arrêté du 29 novembre 1958 ; Façades et toitures du château et des écuries du XVIIIe siècle (cad. A 914) : inscription par arrêté du 2 décembre 1958 ; En totalité, l'abbaye de la Tenaille, ainsi que le sol et le sous-sol (cad. A 1011 à 1013) : inscription par arrêté du 26 juillet 2019

Origine et histoire de l'Abbaye de la Tenaille

L'ancienne abbaye de la Tenaille, dite abbatia beatae mariae de Tenelia ou Tenallia, se situe à Saint-Sigismond-de-Clermont (Charente-Maritime) et fut une fondation cistercienne d'importance relative, implantée sur la via Turonensis, l'une des grandes voies de pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle. L'ensemble originel comprenait une église romane du XIIe siècle, aujourd'hui en ruines, et des bâtiments d'habitation et de service des XVIIIe et XIXe siècles ; subsistent notamment une chapelle romane, des entrepôts du XVIIIe siècle et une vaste demeure. La chapelle romane conserve une coupole pyramidale appareillée d'origine tandis qu'une seconde coupole est effondrée ; la nef était autrefois couverte de trois coupoles en enfilade, aujourd'hui disparues, la première ayant été remplacée par une pyramide en pierre surmontée d'une tenaille. L'édifice, bâti en pierres de taille, présente un portail de style romano-byzantin surmonté d'un fronton baroque du XVIIIe siècle et une façade décorée d'arcades superposées sur trois niveaux ; la chapelle a été classée au titre des monuments historiques en 1958. La demeure, principalement du XVIIIe siècle, comporte des frontons « à la grecque », des balustres et des guirlandes, et sa façade avec toiture à l'italienne est inscrite à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1958 ; les entrepôts en vis-à-vis montrent un fronton sculpté d'instruments agricoles.
Selon les textes anciens, l'abbaye possédait des reliques prestigieuses, notamment un clou de la croix du Christ et la tenaille qui l'avait arraché, ce qui en fit un lieu de pèlerinage et un lieu où l'on venait prêter serment. Une anecdote rapportée par Gautier en 1839 raconte que les moines auraient, par ruse, détourné le cours d'une fontaine pour faire jaillir du vin, fait longtemps cru par les habitants. Les archives nombreuses de l'abbaye ont été perdues lors de l'incendie du collège de Saintes en 1793, si bien que peu de documents permettent de reconstituer son histoire.
La fondation remonte aux initiatives de religieux issus de Fontevraud : Géraud de Salles manifesta le projet d'établir une maison dans les landes au sud de Pons et, en 1137, l'abbé Guillaume de Conchamp reçut de Gérard de Blaye un terrain où il installa douze moines en provenance de Fontdouce ; La Tenaille est donc fille de Fontdouce. L'installation provoqua des résistances locales et donna lieu à des compensations foncières pour les paysans de Saint-Sigismond, puis l'abbaye reçut des donations de grandes familles régionales, la première connue venant de Guillaume de Maingot en 1160.
La vie monastique déclina au XVIe siècle : le parlement de Bordeaux signala en 1542 la dissolution morale et le vagabondage des moines, ordonnant des mesures pour ramener les religieux dans l'enceinte sous peine d'amendes et de sanctions, et l'abbaye perdit dès lors beaucoup de son lustre. En 1582, Jacques de Pons, seigneur de Plassac converti au calvinisme, chassa les derniers moines, ruina les bâtiments et fit tuer l'un d'eux ; l'abbé Jacques de Catrix dut fuir et mourut peu après. Le seigneur de Plassac s'empara alors des revenus et les fit administrer par son homme de confiance.
Les revenus furent rendus à l'Église en 1615 lorsque le duc d'Épernon les conféra au collège des jésuites de Saintes, avec une somme de compensation confirmée par une bulle papale en 1617, mais leur restitution suscita des conflits locaux au sujet de la gestion de biens comme les marais salants. Les revenus de La Tenaille constituèrent une ressource essentielle pour le collège, qui décida en 1723 de cultiver directement des vignes pour accroître ses gains. Après l'expulsion des jésuites et la mise sous séquestre de leurs biens en 1762, l'abbaye fut administrée et ses effets vendus ; ses revenus furent attribués au nouveau collège en 1763 et certaines coupes de bois furent opérées en 1786.
Vendue comme bien national en 1794 (9 nivôse de l'an II), la propriété passa dans des mains privées ; Armand de La Barre fit construire la maison de maître et ses dépendances, et après une saisie elle fut adjugée en 1832 à Alexis Martin de Bonsonge, le domaine comprenant alors une maison de maître, une maison pour un fermier et cent hectares. La famille, par alliance, vit ensuite au château de La Tenaille, et l'un de ses membres devint maire de la commune.
Les possessions de l'abbaye étaient étendues et comprenaient un prieuré au village de Bourdaine (Saint-Paul-de-Bourdenne) dans la paroisse de Clion, un ermitage à Recroze dans la paroisse de Mosnac le long du chemin de pèlerinage, des terres dans la châtellenie de Plassac, des maisons à Pons, des terres et fiefs dans plusieurs paroisses voisines, des parts de cures, des rentes de moulins à Chazillac et Crachapt, des parts dans des marais salants au Gua et des terres au village de Brettes ; ces biens furent tour à tour affermés ou exploités et procurèrent des revenus variables, attestés par des mentions fiscales et pouillés.
La liste des abbés connue par les documents médiévaux et modernes cite de nombreux noms, parmi lesquels Guillaume II, Benoît, Ancelin, Guillaume III, Constantin, Pierre II, Jean-Pierre Renaud, Ranulfe Corali, Jean II Fauquet, Hugues I Bregières, Hugues II Daniel, Louis I Chauvinet, Philippe Chauvinet, Antoine de Vallée, Pierre III de Blois, Louis II de Blois, Jean III du Gua, Jacques I de Pons, Jean IV de Catrix et Jacques II de Catrix, ce dernier étant le dernier abbé répertorié.

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