Abbaye de la Trinité de Beaulieu-lès-Loches en Indre-et-Loire

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise romane

Abbaye de la Trinité de Beaulieu-lès-Loches

  • Place du Maréchal-Leclerc
  • 37600 Beaulieu-lès-Loches
Abbaye de la Trinité de Beaulieu-lès-Loches
Abbaye de la Trinité de Beaulieu-lès-Loches
Abbaye de la Trinité de Beaulieu-lès-Loches
Abbaye de la Trinité de Beaulieu-lès-Loches
Abbaye de la Trinité de Beaulieu-lès-Loches
Abbaye de la Trinité de Beaulieu-lès-Loches
Abbaye de la Trinité de Beaulieu-lès-Loches
Crédit photo : ManuD - Sous licence Creative Commons
Propriété de la commune

Période

1er quart XVIIIe siècle

Patrimoine classé

La façade et les toitures ainsi que la salle du Conseil de la Mairie : inscription par arrêté du 11 décembre 1944

Origine et histoire de l'Abbaye de la Trinité

L'ancienne abbaye de la Trinité de Beaulieu-lès-Loches se trouve au cœur de la ville ; l'édifice conservé est le seul bâtiment des lieux conventuels élevés après l'introduction de la réforme de Saint-Maur en 1662. Sa première pierre a été posée le 3 février 1700 ; le corps de logis principal, parallèle à l'église, et une aile en retour vers le sud s'élevaient au centre des jardins du monastère. Représentatif de l'architecture mauriste, ce bâtiment se distingue notamment par la qualité de la stéréotomie de ses voûtes ; la salle du conseil conserve des boiseries.

L'abbaye a été fondée par Foulque Nerra à son retour d'un pèlerinage en Terre sainte, vers 1003-1004 ; les chartes de fondation ont fait l'objet d'études et la date de 1007 est avancée pour l'une d'elles. Refusée par l'évêque de Tours, la consécration de l'abbatiale fut effectuée par le légat Pierre, évêque de Piperno, à la demande du pape Jean XVIII, mais la date précise (1007 ou 1012) reste discutée. L'édifice primitif était une nef unique de 14 mètres de largeur ; selon Raoul Glaber, un ouragan fit s'effondrer la charpente, et la nef fut ensuite divisée en trois vaisseaux et couverte de voûtes de pierre soutenues par des piliers carrés flanqués de demi-colonnes engagées.

Foulque Nerra ayant rapporté des reliques du Saint-Sépulcre, ce dernier devint un second patron de l'abbaye et sa fête se célébrait le 15 juillet. Le fondateur dota également l'abbaye du bourg de Beaulieu avec des droits de justice et le droit de battre monnaie, droit exercé jusqu'au règne de Philippe le Bel.

Les parties romanes subsistantes sont attribuées à Geoffroy Martel, fils de Foulque, qui fit construire une seconde église au milieu du XIe siècle pour abriter le tombeau de son père ; cette église, probablement consacrée en 1052, fait l'objet de débats quant à sa datation en raison de l'hétérogénéité des maçonneries et des modifications survenues peu après son achèvement, notamment l'adaptation des murs pour recevoir des voûtes maçonnées. La largeur de la nef et l'emploi de pierre de taille témoignent d'une construction prestigieuse et d'un important patronage.

Un grand clocher de 61 mètres, appuyé contre le mur nord de la nef et dans l'axe de la façade ouest, fut construit au XIIe siècle ; l'étude des charpentes a montré que certaines poutres proviennent d'arbres abattus entre 1163 et 1164, situant la construction du clocher dans la décennie 1160-1170.

L'abbaye et l'église subirent plusieurs violences et sinistres : pillages pendant la guerre de Cent Ans en 1359, incendie et destruction de l'église en 1412 lors du siège de Loches avec l'enlèvement de l'abbé André Bernard, puis reconstructions partielles sous les abbatiats de Guillaume III Moreau de Beauregard, d'Hugues III de Fumée et de son neveu Hardouin de Fumée, qui ne permirent toutefois que la reconstruction de quatre travées de la nef. La tour-lanterne renversée par un ouragan en 1451 fut rebâtie à partir de 1452, aux frais de Jean de Cignory selon les sources anciennes.

Louis XI concéda plusieurs droits à l'abbaye en 1463 et le titulaire de l'abbaye obtint en 1480 le titre de seigneur baron de la ville avec justice haute, moyenne et basse. Aux débuts des guerres de Religion, la ville et l'abbaye furent pillées en 1562 ; seules les reliques furent sauvées. L'église perdit sa charpente à la suite de deux ouragans, le second, documenté, ayant eu lieu le 9 juillet 1598 et causé d'importants dommages.

La réforme de Saint-Maur fut introduite à Beaulieu par Louis Voyer d'Argenson en 1662 ; en 1679 les biens de l'abbaye furent partagés et, en mars 1743, le clocher du Saint-Sépulcre, menaçant ruine, fut abattu. À la veille de la Révolution il ne restait plus que cinq moines ; après la Révolution l'église devint paroissiale sous la dédicace Saint-Pierre-Saint-Paul. La façade actuelle de la nef, construite en 1902-1905, remplace celle figurant sur le dessin de Gaignières, réalisé lors de l'ajout d'une travée à la nef.

Le grand clocher a fait l'objet d'une campagne de restauration conduite de septembre 2016 à avril 2018 par l'architecte en chef des monuments historiques Arnaud de Saint-Jouan : la restauration a commencé par la dépose d'environ 5 000 blocs de pierre de la flèche, une partie des pierres d'origine a été réutilisée et les cloches ont de nouveau sonné le 1er avril 2018.

La direction spirituelle de l'abbaye s'est succédé pendant des siècles ; la liste des abbés, incomplète, commence par Odon, venu avec quelques moines, et comprend de nombreux titulaires et abbés commendataires — parmi eux Gérald, Maurice, Guillaume III Moreau de Beauregard, Hugues III et Hardouin de Fumée, André Bernard, Jean Bernard, Louis Voyer d'Argenson et Charles Boileau — jusqu'à Joseph Nicolas Micolon de Blanval, 42e et dernier abbé en 1790.

L'ancienne abbaye de la Trinité fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 11 décembre 1944.

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