Abbaye de la Victoire de Senlis dans l'Oise

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Eglise gothique

Abbaye de la Victoire de Senlis

  • RD 330
  • 60300 Senlis
Abbaye de la Victoire de Senlis
Abbaye de la Victoire de Senlis
Abbaye de la Victoire de Senlis
Abbaye de la Victoire de Senlis
Abbaye de la Victoire de Senlis
Abbaye de la Victoire de Senlis
Abbaye de la Victoire de Senlis
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Abbaye de la Victoire de Senlis
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Abbaye de la Victoire de Senlis
Abbaye de la Victoire de Senlis
Abbaye de la Victoire de Senlis
Crédit photo : P.poschadel - Sous licence Creative Commons
Propriété privée

Période

XIIIe siècle, XVe siècle, XVIIIe siècle, XIXe siècle

Patrimoine classé

Restes de l'abbaye : inscription par arrêté du 14 mai 1927 ; Vestiges de l'église et son sol archéologique ; façades et toitures du corps principal Sud de la ferme, de l'ensemble du bâtiment Nord et de son cellier médiéval ; décors peints du bâtiment Sud de la ferme, pavillon de l'Anguillière (cad. BE 15, 16, 20, 21, 24, 30) : inscription par arrêté du 28 juin 1989

Origine et histoire de l'Abbaye de la Victoire

L’abbaye Notre‑Dame‑de‑la‑Victoire, située sur la commune de Senlis à 2,5 km au sud‑est du centre‑ville, se signale aujourd’hui par des vestiges dispersés : quelques ruines de l’église médiévale, des bâtiments transformés en résidences, une ferme remaniée et le pavillon de l’Anguillière dans le parc. Elle fut fondée par lettres patentes de Philippe Auguste du 8 mai 1222 pour commémorer la victoire de Bouvines ; la première pierre avait pourtant été posée dès le jour des Cendres 1221 par l’évêque Guérin. L’architecte mentionné est le religieux Menend, les pierres provenaient des carrières de Borest, et le pape Honorius III plaça l’abbaye sous sa protection par une bulle du 28 octobre 1223. Douze chanoines de l’abbaye Saint‑Victor de Paris s’y installèrent le jour des Cendres 1224 et Jean‑Baptiste, chanoine de Saint‑Victor, fut le premier abbé pendant vingt‑deux ans. Louis VIII édicte en 1225 des règlements pour assurer l’observance de la règle de Saint‑Victor ; la même année l’église fut consacrée et des libéralités, dont un legs de 1 000 livres du roi et des donations de Guérin, contribuèrent aux débuts de la maison. Au cours du XIIIe siècle l’abbaye obtint son indépendance après un différend avec Saint‑Victor, et les lettres patentes initiales furent annulées. Pendant la guerre de Cent Ans les chanoines durent s’exiler à Senlis dès 1419, et les protections royales montrèrent leur inefficacité face aux hostilités. À la fin du XVe siècle Louis XI donna à l’abbaye un rang particulier et soutint ses travaux : une bulle de 1475 lui conféra un titre honorifique, des pourparlers diplomatiques eurent lieu sur place et le roi contribua à la reconstruction d’une nouvelle église dont les travaux, commencés autour de 1478, ne furent achevés qu’en 1529 ; de cet édifice subsistent aujourd’hui des vestiges visibles dans le parc. Louis XI fit aussi entreprendre un château près de l’église, jamais achevé et démoli en 1555. Les dernières décennies du Moyen Âge furent marquées par des conflits d’autorité et des violences de succession au sein de la direction de l’abbaye, épisodes au terme desquels Étienne Parigot parvint à restaurer l’ordre et à accroître les biens de la communauté jusqu’à son décès en 1514. À la même époque l’abbaye adhéra, en 1497, à la congrégation de Château‑Landon, qui réunit plusieurs maisons liées à Saint‑Victor. Le régime de la commende s’instaura progressivement : des abbés commendataires firent valoir leurs prérogatives, provoquant disputes et séparations de mense, tandis que les revenus de l’abbaye provenaient d’un réseau étendu de communes — parmi lesquelles Asnières‑sur‑Oise, Barbery, Blaincourt‑lès‑Précy, Borest, Brenouille, Choisy‑la‑Victoire, Chevrières, Crépy‑en‑Valois, Gonesse, Gouvieux, Liancourt, Mont‑l’Évêque, Oissery, Précy‑sur‑Oise, Rieux, Rully, Sacy, Saintines, Saint‑Martin‑Longueau et le hameau de Villemétrie à Senlis. Les XVIe et XVIIe siècles voient des visites et réformes répétées en raison de désordres dans la vie conventuelle, des contributions forcées aux dépenses royales et des procédures pour rétablir la discipline ; un chapitre général se tint à la Victoire en 1571 et des tentatives de réforme furent engagées au XVIIe siècle, les réformes effectives n’étant toutefois appliquées que dans le courant du XVIIIe siècle sous l’épiscopat de Denis Sanguin de Livry. Au XVIIe et XVIIIe siècles la communauté connut des difficultés financières croissantes, des emprunts et la dispersion de certains chanoines, et l’abbaye ne retrouva pas sa prospérité médiévale. À partir de 1768 des dispositions royales limitant les recrutements aggravèrent la situation ; sur requête d’Armand de Roquelaure les biens furent réunis à ceux de l’évêché et l’abbaye fut supprimée par décret du 27 octobre 1783, les lettres patentes suivant en 1787, les chanoines recevant des rentes viagères. À la fin de l’Ancien Régime les bâtiments étaient en mauvais état, à l’exception de l’église qui conservait une certaine prestance, et la bibliothèque ne comptait que huit cents livres ; une autorisation de démolir fut donnée en mai 1784 et des destructions eurent lieu. Pendant la Révolution l’ensemble fut vendu comme bien national à partir du 23 avril 1791 ; plusieurs lots changèrent de mains et des démolitions affectèrent l’église, puis la propriété passa successivement à différents acheteurs, Alexandre Legrand de la Grange devenant acquéreur en 1803 et poursuivant des travaux de remaniement. Le palais abbatial central fut transformé en résidence, revendu à Jean‑Baptiste Aubert en 1812 puis acquis par Henri‑Constant Mazeau en 1819, qui reconstitua le domaine en rachetant notamment les ruines de l’église et la ferme abbatiale ; sa veuve, remariée à Sébastien Élias de Navry, fit restaurer et agrandir le château entre 1839 et 1846 et le parc fut aménagé à partir de 1835 dans le goût du jardin anglais. Le domaine resta ensuite dans la descendance de Mazeau et de ses alliés, et, après diverses modifications et reclassements, plusieurs éléments de l’ancienne abbaye ont été inscrits au titre des Monuments historiques : par arrêté du 14 mai 1927 les restes de l’abbaye l’ont été, et un second arrêté du 28 juin 1989 porte sur les vestiges de l’église et son sol archéologique, les façades et toitures du corps principal nord de la ferme, les décors peints, l’ensemble du bâtiment sud avec son cellier médiéval et le pavillon de l’Anguillière. Aujourd’hui l’ensemble du vaste domaine, clos de hauts murs et accessible principalement depuis la D 330 ou par le chemin de Villemétrie, comprend des logements privés et ne conserve plus d’exploitation agricole liée à l’abbaye.

Liens externes