Origine et histoire de l'Abbaye
L'abbaye Notre‑Dame de Longpont est une ancienne abbaye cistercienne dont les ruines se dressent sur la commune de Longpont, dans l'Aisne. Fondée au début du XIIe siècle (1131–1132 selon les sources), elle est rattachée à la filiation de Clairvaux et certaines traditions la lient à Bernard de Clairvaux à la demande de l'évêque de Soissons, Josselin de Vierzy. Les moines s'installent d'abord dans des bâtiments provisoires, puis construisent l'abbaye au début du XIIIe siècle ; l'église Notre‑Dame est consacrée en 1227. Située à une quinzaine de kilomètres au sud‑ouest de Soissons et à une dizaine de kilomètres au nord‑est de Villers‑Cotterêts, elle occupe le vallon de la Savière traversé par une voie romaine. L'abbaye fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1889.
Le monument subit de lourds dégâts au cours des conflits anciens : dommages pendant la guerre de Cent Ans puis réparations au XVIe siècle, destructions liées aux guerres de Religion réparées au XVIIe siècle, et un incendie en 1724 qui détruit une grande partie des constructions ; à la suite de ce sinistre, l'aile sud du cloître est rebâtie, les façades des bâtiments conventuels sont refaites et un portail monumental est élevé. À la Révolution l'abbaye est vendue comme bien national ; l'église et l'aile est servent de carrière de pierres, et une partie du cellier est ultérieurement aménagée en chapelle par l'abbé de Maussac, qui devient l'église paroissiale de Longpont, dédiée à Saint‑Sébastien. La famille de Montesquiou acquiert les bâtiments au début du XIXe siècle ; des restaurations sont entreprises au XIXe siècle, puis à nouveau après les destructions liées aux deux guerres mondiales. Le site est privé mais ouvert à la visite les samedis, dimanches et jours fériés ; la ligne Paris–Laon dessert la zone à proximité.
Des vestiges significatifs subsistent : de l'abbatiale ne restent que le fronton principal avec sa grande rosace vide, des murs et des contreforts ; la toiture, le chœur et le transept ont disparu. Deux bâtiments entourent une cour où subsiste une galerie du cloître, aménagés au XVIIIe siècle et dotés d'une façade principale ornée de balcons en fer forgé de style Louis XIV. On y conserve le chauffoir des moines, avec sa grande cheminée centrale reposant sur quatre piliers, et l'ancien cellier gothique du XIIIe siècle, transformé au XVIIIe siècle pour l'accueil des hôtes des abbés commendataires, avec à l'étage des rangées de baies pourvues de balcons. Le vestibule du XVIIIe siècle conserve un grand escalier de pierre orné d'une rampe en fer forgé.
Dans le village se tient la porte fortifiée de l'abbaye, datée du XIVe siècle : un massif rectangulaire flanqué de quatre tourelles coiffées en pierre et doté d'un étage à colombages. Elle présente une porte piétonne et une porte charretière en arcs en tiers‑point, précédée d'un massif plus tardif et défendue par un assommoir ; une galerie de bois de la Renaissance subsiste vers l'intérieur. Construite comme un châtelet pouvant loger une petite garnison, cette entrée est l'un des rares exemples de ce type dans l'enceinte d'une abbaye. Les armoiries de l'abbaye, gravées sur la façade extérieure et adoptées ensuite par la commune, représentent un pont de trois arches d'argent sur une rivière, surmonté de deux fleurs de lys d'or.
Dès sa fondation l'abbaye bénéficie de nombreuses donations, notamment de Raoul, comte de Vermandois. Les moines entretiennent un hospice à Paris, rue de Longpont, et la succession des abbés est documentée du XIIe siècle jusqu'à la Révolution. Parmi les personnalités liées au monastère figurent Jean de Montmirail, qui s'y retira et y mourut comme simple moine en 1217, et Louis d'Évreux, demi‑frère de Philippe IV, qui s'y retira en 1318 et y mourut l'année suivante.