Origine et histoire de l'Abbaye de Louroux
L'abbaye du Louroux, appelée aussi du Loroux, est une ancienne abbaye cistercienne située à Vernantes, en Maine-et-Loire, sur une île aménagée entre les bras du Lathan à l'endroit où la route départementale D58 traverse la rivière. Fondée le 13 septembre 1121 par Eremberge d'Anjou, son nom dériverait du latin oratorio. À son apogée médiéval, le Louroux comptait jusqu'à trois cents moines et exerçait la responsabilité directe de dix-sept établissements cisterciens, parmi lesquels Pontron, Bellebranche, Beaugerais, Santa Maria della Vittoria, Le Perray-aux-Nonnains et La Virginité. Durant la guerre de Cent Ans, l'abbaye subit de lourdes destructions : en 1357 des Tard-Venus commandés par Robert Marcault chassèrent les moines et transformèrent l'abbatiale en place forte, puis Bertrand du Guesclin les délogea en 1370, permettant le retour des religieux en 1371. La tradition rapporte un séjour de Charles VI pendant trois mois et la destruction du chartrier, qui a rendu fragmentaires les connaissances sur la période antérieure. Après le départ des Anglais, une chapelle de style gothique angevin fut édifiée et ornée de fresques représentant quatre anges portant les instruments de la Passion; face aux menaces anglaises vers 1435, l'abbé Aimeric fit renforcer les défenses par des murs, doubles douves et ponts-levis doubles. Le roi René effectua d'importantes donations à l'abbaye et fit poser un vitrail qui, pour survivre, fut transporté en 1812 à l'église de Vernantes puis en 1901 au musée Saint-Jean d'Angers. Mis en commende au XVIe siècle, le monastère connut une perte de revenus importants et fut pillé en 1572 durant les guerres de Religion. À la Révolution, l'abbaye fut fermée et les moines expulsés; une tradition locale évoque l'ensevelissement des cloches et d'objets liturgiques dans la forêt voisine de Billot. En 1795, Marie Paul de Scépeaux de Bois-Guignot rassembla dans l'ancienne abbaye des chefs chouans pour discuter du traité de la Mabilais. Une grande partie du monastère fut détruite en 1852 et ses pierres réutilisées, notamment pour la construction d'un château voisin; le site devint propriété privée depuis la Révolution. Les vestiges archéologiques furent mis en scène au début du XIXe siècle dans un parc paysager aménagé autour d'un château neuf, et la chapelle dite des Hôtes, près de l'entrée principale, a conservé des caractéristiques du début du XVe siècle ainsi que des peintures murales de la seconde moitié du même siècle. Sur le plan architectural, il subsiste des restes du transept et du porche ; les recherches montrent que l'abbatiale adoptait d'abord une structure proche de Fontevraud avec une nef « à passage », puis fut voûtée en croisée d'ogives selon une architecture gothique. La croisée du transept date du deuxième ou du troisième quart du XIIe siècle; les voûtes de cette croisée et des vestiges du sud‑est du chœur appartiennent à la seconde moitié du XIVe siècle. Le portail d'entrée relève du XVe siècle, la chapelle et le logis des Hôtes de la première moitié du XVIe siècle; un moulin à eau, daté du XVe ou du XVIe siècle, a été remanié au XIXe siècle; un bâtiment dit « du Jeu de paume » et un édifice au nord de la porte datent du XVIIIe siècle, tandis que les parties agricoles et le logement au nord sont du XIXe siècle. Le Louroux est la neuvième abbaye‑fille de Cîteaux et a engendré plusieurs maisons filles dont Pontron, Bellebranche, Beaugerais et Santa Maria della Vittoria. Le site a été classé en 1974 et certains restes ont été classés au titre des monuments historiques en 2008. Les abbés attestés couvrent la période de la fondation à la fin de l'abbaye, depuis Foulques (attesté en 1121) jusqu'à Jacques-Hyacinthe de Cusaque, en place à la suppression en 1791.