Période
XVIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
La salle voûtée et la porte d'accès (actuellement murée) situées au rez-de-chaussée d'un bâtiment sis 14 rue Kléber (cad. AV 78) : inscription par arrêté du 29 octobre 1968 - Les parties suivantes (actuellement sous-préfecture et annexe de l'hôpital) situées square Charles-de-Gaulle : les façades et les toitures ; la rampe en fer forgé de l'escalier intérieur et le salon avec son décor de boiseries (actuellement bureau du sous-préfet) (cad. AV 75, 76) : inscription par arrêté du 6 juin 1977 - Sol de l'ancienne église ; bâtiment abritant la salle voûtée déjà inscrite (maison dite de Monsieur Thurn l'aîné) ; bâtiments, façades et toitures, et ensemble du parc, ainsi que ses éléments construits de l'actuelle propriété Scheurer (ancienne maison dite de Monsieur de Girardy) ; façades et toitures de la maison canoniale dite de Monsieur de Laubespin, au nord, ainsi que de la maison canoniale mitoyenne, et que leurs parcs avec leurs clôtures (cad. AV 130 à 132, 78, 151, 152, 80, 84 à 88, 153, 79, 18, 22 à 28) : inscription par arrêté du 7 décembre 1998
Origine et histoire de l'Abbaye
L'abbaye bénédictine de Lure, située à Lure (Haute‑Saône), a été fondée au début du VIIe siècle par saint Desle, disciple de saint Colomban, sur un site marécageux adjacent à l'étang de la Font, résurgence de l'Ognon. Le lieu, déjà traversé par la route de Mandeure à Luxeuil, a livré de nombreuses antiquités romaines. Selon la tradition, Clotaire II accorda des terres à saint Desle, et des seigneurs locaux, notamment Weishar et sa femme Berthilde, firent des dons permettant l'édification des premiers oratoires. L'abbaye s'enrichit ensuite par des donations de familles comtales et l'extension de ses domaines. Au concile d'Aix‑la‑Chapelle de 817 la règle de saint Benoît remplaça la règle de saint Colomban et l'abbaye fut inscrite parmi les maisons monastiques dont l'obligation première était la prière. Le monastère connut au IXe siècle des troubles sous l'autorité de seigneurs laïcs puis fut pillé lors des invasions hongroises ; il fut relevé au Xe siècle par l'abbé Baudran avec le soutien d'Otton Ier. Dès cette époque l'abbaye reçut des privilèges impériaux lui permettant de choisir son abbé et de relever directement du Saint‑Siège ; ces droits furent confirmés et étendus au cours du XIe siècle. Les abbés de Lure prirent rang de princes de l'Empire et virent leurs prérogatives réaffirmées par plusieurs empereurs. Au Moyen Âge l'abbaye percevait des revenus importants, contrôlait des fiefs locaux et, à partir du XVIe siècle, participa à l'émission de monnaie après une concession impériale. En raison de conflits d'avouerie, Lure se rapprocha de l'abbaye de Murbach et, au milieu du XVIe siècle, les deux maisons furent unies par un décret de 1556, ratifié par une bulle pontificale en 1560 ; les abbés portèrent dès lors les titres et armes des deux établissements et eurent une représentation commune aux diètes impériales. Pendant la guerre de Trente Ans Murbach plaça Lure sous protection française ; lors de la conquête de la Franche‑Comté l'abbaye fut bombardée et, en 1679, la souveraineté temporelle de l'abbé fut réunie au comté de Bourgogne au nom du roi de France, sans disparition immédiate de ses autres droits. Par une bulle du 3 août 1764 les deux monastères furent sécularisés et transformés en chapitres nobles, l'abbé conservant plusieurs titres et privilèges confirmés par des lettres royales. L'abbaye obtint des concessions minières au milieu du XVIIIe siècle ; ces mines furent ensuite retirées à l'abbaye à la Révolution, nationalisées puis exploitées par des organismes publics et des sociétés privées. Vendue comme bien national à la Révolution, l'ensemble monastique fit l'objet d'une réorganisation : l'église abbatiale fut démolie et ses pierres réemployées, tandis que des bâtiments accueillirent des administrations et des habitations privées. Les constructions restantes, disposées selon un plan en L et bordées au nord et à l'est par des jardins structurés par des canaux, comprennent un palais abbatial des XVIIe‑XVIIIe siècles dont plusieurs éléments sont inscrits aux monuments historiques. Aujourd'hui ce palais abrite la sous‑préfecture et un jardin botanique a été aménagé derrière le bâtiment dans les années 1990. La succession des abbés, souvent issue de familles princières ou ecclésiastiques, se prolonge jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.