Origine et histoire de l'Abbaye
L’ancienne abbaye de Masevaux est située 9, place des Alliés à Masevaux (Haut‑Rhin, Grand Est). La chapelle fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis 1898. Selon la tradition, l’abbaye aurait été fondée par le prince Mason, frère du comte Eberhard, fondateur de l’abbaye de Murbach dans la vallée de Guebwiller. D’après certaines sources, elle aurait d’abord été un monastère de bénédictines avant d’être rapidement transformée en chapitre de dames nobles dirigé par une abbesse. La première église fut élevée entre 720 et 780, puis remplacée à une date inconnue par un édifice de style roman. Le chœur fut reconstruit dans la seconde moitié du XIVe siècle, à partir de 1353. L’église subsista jusqu’en 1859, année où la nef fut détruite par un incendie et définitivement supprimée. Le chœur, restauré, fut fermé à l’ouest par un mur, coupé par un plancher médian et transformé en 1881 en tribunal cantonal, avec l’adjonction d’un bâtiment au nord. Les chanoinesses étaient logées dans un bâtiment perpendiculaire à l’église, qui devint le logis de l’abbesse au XVIIIe siècle. Vers 1780 l’abbesse décida la construction de neuf maisons à l’ouest de l’abbatiale, une pour chaque chanoinesse ; le projet de 1781 fut dressé par François‑Martin Burger, qui confia la direction des travaux à Jean‑Baptiste Kléber. Le logis de l’abbesse fut entièrement remanié et comprenait un salon d’été dont les lambris et les portes sculptées, déposés à la Révolution, sont partiellement conservés dans l’église abbatiale (ancien tribunal) et au musée de l’Impression sur étoffes à Mulhouse. En 1790 sept des maisons étaient achevées, mais la campagne fut interrompue par la Révolution : un inventaire des biens fut dressé, les chanoinesses quittèrent Masevaux et l’abbesse emporta le buste‑reliquaire de saint Léger à Fribourg‑en‑Brisgau, puis à la collégiale de Lucerne. La vente des bâtiments du chapitre intervint en 1798 ; le géomètre Kuhlmann dressa alors un plan et divisa les propriétés en neuf lots vendus à des particuliers. La commune ne put racheter l’église abbatiale que plus tard et en fit l’église paroissiale lorsque les travaux de la nouvelle église Saint‑Martin furent interrompus ; à l’achèvement de cette dernière, l’église Saint‑Léger fut vidée de son mobilier, en partie replacé dans l’église paroissiale ou vendu, une grande part étant passée à la paroisse de Bréchaumont (Territoire de Belfort). Depuis 1990, le chœur abrite les bureaux du SIVOM de la vallée de Masevaux. Les bâtiments des chanoinesses sont aujourd’hui occupés par des logements. Au début du XIXe siècle, le jardin et les communs situés à l’est de l’église furent rachetés par l’industriel mulhousien Nicolas Koechlin, qui y construisit une usine textile englobant le logis de l’abbesse ; ce site, appelé Domaine de l’Abbaye, est actuellement occupé par de petites entreprises.