Période
XIIe siècle, XIVe siècle
Patrimoine classé
La nef, les bas-côtés et le porche ouest de l'église, la galerie occidentale du cloître (rez-de-chaussée et du premier étage) , le réfectoire, la tourelle sud-ouest (cad. ZT 114 à 117) : classement par arrêté du 26 mai 1977 ; La totalité des parties non classées de l'abbaye Saint-Ménélée, comprenant le chœur et le transept de l'église, le logis abbatial avec sa salle de justice aux décors peints et le sol du cloître, situés sur le parcelles n° 115, 116, 117, figurant au cadastre section ZT, ainsi que l'espace non cadastré situé à l'Est du chevet de l'église : inscription par arrêté du 20 mai 2015
Origine et histoire de l'Abbaye
L'ancienne abbaye Saint-Ménélée est implantée dans le village de Menat, au cœur de la vallée de la Sioule dans le Puy-de-Dôme ; c'est l'une des fondations monastiques les plus anciennes d'Auvergne. Ruinée, elle est reconstruite et réformée à la fin du VIIe siècle par saint Ménélée, venu d'Anjou. Rattachée ensuite à l'abbaye de Cluny, elle devient un des centres de la réforme monastique en Auvergne. De nombreuses paroisses lui sont liées et lui rapportent des dîmes, parmi lesquelles Notre-Dame de Montluçon, Saint-Sulpice de Villebret, Bellaigue et Saint-Bonnet de Sussat. L'enrichissement du prieuré se traduit par la construction d'une grande église romane, qui sera par la suite fortifiée pour se protéger contre les bandes de routiers. L'abbaye passe en commende en 1628, tombe en décadence à la veille de la Révolution, est vendue comme bien national et son église est désacralisée ; en 1802 l'abbatiale est rendue au culte et devient l'église paroissiale de Menat. Le site est classé au titre des monuments historiques en 1977, complété par une inscription en 2015, et une rénovation importante est annoncée en mai 2022.
L'ensemble monastique comprend l'abbatiale romane, le cloître et les bâtiments conventuels ; le monastère était fortifié et la tourelle ouest en témoigne encore. L'abbatiale conserve les dispositions primitives de la nef et des bas-côtés attribuées au début du XIIe siècle, mais la voûte en berceau originelle a été remplacée par une charpente apparente. L'église primitive comportait un chœur avec déambulatoire et trois chapelles rayonnantes, un transept et une nef à bas-côtés ; une partie de cet ensemble a été détruite au XIXe siècle lors d'une reconstruction. Les anciens plans montrent, au sud-ouest de la chapelle absidiale, une tour très élevée et crénelée ; le chevet fortifié a été rasé et remplacé par une abside plus simple après les destructions de la Révolution. Un porche carré élevé au XIVe siècle protège le portail ouest, refait à la même époque.
La façade et l'abbatiale présentent un clocher sculpté remarquable, un portail roman et un portail polylobé : ce dernier, daté du XIIIe siècle, comporte cinq lobes et quatre redents ornés d'animaux et de motifs symboliques, tandis que des rosaces figurent les étapes de la vie. Dans la nef, un chapiteau classé représente la légende de saint Ménélée et sert de fonts baptismaux ; il a été dégagé en 1992 et mis en valeur dans l'allée centrale après avoir été encastré dans le mur sud. Ce chapiteau montre, à gauche, le jeune Ménélée repoussant l'anneau de mariage présenté par Barontius et sa fille Sensa, et, à droite, saint Théofrède, abbé de Saint-Chaffre ; il faisait partie du rond-point du chœur roman, dont d'autres chapiteaux sont conservés dans des musées. Huit piliers à noyau carré, flanqués de quatre colonnes et coiffés de chapiteaux « à feuilles grasses », composent la nef ; ces sculptures sont attribuées à un atelier poitevin de la fin du XIe siècle.
Le cloître, aujourd'hui largement disparu, s'appuyait au sud sur l'église ; le logis abbatial se situait à l'ouest, la cuisine et le réfectoire au nord, et la salle du chapitre à l'est avec le dortoir à l'étage. Seule subsiste la galerie ouest accolée au logis abbatial ; la salle du chapitre s'est effondrée dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le réfectoire, grande salle gothique du XIVe siècle, a perdu sa toiture et son mur méridional s'est effondré en 1987, mais subsistent des éléments de décor peint et des culots de voûtes sculptés. Le logis abbatial, perpendiculaire à l'église, abritait les appartements de l'abbé ; il accueille aujourd'hui la mairie, le musée paléontologique et la médiathèque. Le musée, initialement créé par le Cercle de paléontologie Bernard Palissy, est géré depuis 1997 par l'association Rhinopolis en collaboration avec le Cercle, le Muséum national d'Histoire naturelle et le Conseil départemental du Puy-de-Dôme, et présente au premier étage des peintures murales du XVe siècle, dont un calendrier roman.
