Origine et histoire de l'Abbaye de Mondaye
L'abbaye Saint-Martin de Mondaye, située dans la campagne du Bessin sur la commune de Juaye‑Mondaye, dans le Calvados, a été fondée vers 1200 et se signale comme la seule abbaye canoniale de l'ordre des Prémontrés encore en activité en Normandie. Son origine remonte à l'ermitage du prêtre Turstin ; à sa mort en 1200 l'évêque de Bayeux donna à la communauté la règle de saint Augustin et Raoul de Percy leur céda le terrain. Agrégée à l'ordre de Saint‑Norbert en 1210 sous la protection de La Lucerne, l'abbaye reçut de nombreux dons qui permirent de la développer et, à la fin du XIIIe siècle, de remplacer l'ermitage par une église et un bâtiment conventuel. Les difficultés nées de la guerre de Cent Ans, la peste de 1347 et les ravages militaires, notamment en 1389, affectèrent durablement la communauté. Sous l'abbatiat de Jean Ferey (1512-1557) Mondaye connut un nouvel essor intellectuel, mais les guerres de Religion entraînèrent incendies et dispersions ; l'abbé Julien Guichard fut tué en 1564 et l'église ne retrouva sa stabilité qu'après le concile de Trente grâce au soutien d'Anne de Médavy. Au XVIIe siècle, la réforme de Lorraine fut adoptée à Mondaye en 1655 pour rapprocher la vie canoniale de ses origines, tandis que l'abbaye fut dirigée pendant une longue période par un abbé commendataire nommé en 1631. Entre le début du XVIIIe siècle et la fin du XIXe siècle l'ensemble monastique fut largement reconstruit dans le style classique sous la conduite d'Eustache Restout, prieur et principal architecte de Mondaye, qui supervisa la réédification de l'église, du logis conventuel, du pavillon d'entrée et des bâtiments agricoles entre 1704 et 1743, sans toutefois achever le cloître. La communauté dut quitter l'abbaye à plusieurs reprises (notamment en 1789, 1880 et 1903) mais les travaux ultérieurs, achevés à la fin du XIXe siècle, respectèrent le parti architectural imaginé par Restout. À la Révolution, les religieux furent dispersés et l'abbaye dépouillée de ses biens ; l'abbatiale échappa néanmoins à la destruction grâce à l'intervention d'un prêtre local. Au XIXe siècle les bâtiments servirent successivement de collège puis d'établissement religieux ; les Prémontrés revinrent à Mondaye en 1859, furent de nouveau expulsés à la fin du siècle puis autorisés à regagner le monastère en 1921. L'abbaye subit des bombardements lors du débarquement de juin 1944 et fit l'objet de restaurations successives, dont des travaux engagés en 2007 pour l'abbatiale ; l'ancienne ferme, rachetée en 2007 grâce à des donateurs, a fait l'objet d'une première tranche de restauration achevée en 2012, retrouvant la perspective d'entrée entre la poterne et l'abbatiale. Sur le plan spirituel et communautaire, les chapitres généraux de la fin des années 1960 ont adapté les constitutions aux orientations du concile Vatican II, favorisant la participation des laïcs et le développement des activités apostoliques et agricoles. Aujourd'hui la communauté, forte de plus de quarante chanoines répartis entre Mondaye et ses prieurés de Conques, Sarrance et Tarbes, assure des ministères paroissiaux et des accueils spirituels ; l'accueil de retraitants et de visiteurs constitue une part importante de la vie de l'abbaye, qui dispose d'infrastructures pour recevoir groupes et individuels. L'architecture de Mondaye reste majoritairement classique, marquée par l'œuvre d'Eustache Restout, tandis qu'une chapelle de l'église présente un décor baroque ; l'église, longue d'environ soixante mètres, offre une nef de cinq travées, de larges bras de transept et une coupole peinte qui reprend la composition de la chapelle de Sceaux. L'orgue, réalisé en 1741 par le facteur Claude Parisot avec un buffet sculpté par Melchior Verly, compte vingt-sept jeux et a été restauré en 1965 et 2004 ; il est encore employé pour des concerts. Le cloître, amorcé au XVIIIe siècle puis continué au XIXe siècle, reste inachevé et ne forme pas le jardin clos traditionnel ; l'escalier conduisant à la bibliothèque possède des rampes en fer forgé et la salle des pas‑perdus conserve un autoportrait d'Eustache Restout. La bibliothèque recèle près de 65 000 volumes, dont quelques ouvrages des XVIe et XVIIe siècles, et une partie de l'abbaye est ouverte à la visite. L'ensemble du site bénéficie d'une protection au titre des monuments historiques : plusieurs éléments ont été inscrits ou classés par arrêtés pris entre 1927 et 1999, couvrant l'église, les bâtiments conventuels, le pavillon d'entrée, l'aile sud et l'enclos avec ses granges. Les prieurés dépendant de Mondaye sont Sainte‑Foy de Conques, Notre‑Dame des Neiges à Laloubère et Notre‑Dame de Sarrance.
