Origine et histoire de l'Abbaye de Montauriol
Le seul vestige de l'ancienne abbaye Saint-Théodard de Montauriol, situé rue Jeanne-d'Arc à Montauban (Tarn-et-Garonne), est un colombier en briques de plan circulaire. Sur l'un des côtés de la coupole, il présente un mur-abri cantonné de trois fausses petites échauguettes en encorbellement, demi-circulaires et non évidées. Le pourtour du colombier est ceint d'un crénelage et percé d'une gargouille.
L'abbaye trouve son origine vers 820, lorsqu'une famille liée à saint Théodard donna des terrains à Mons Aureolus (Mont Oriol) pour y édifier un monastère dédié à saint Martin de Tours. Saint Théodard mourut dans l'abbaye le 1er mai 893 ; de nombreux miracles sur son tombeau contribuèrent à sa canonisation et l'établissement prit alors le nom de Saint-Théodard. Un bourg se développa autour du monastère, qui reçut d'abondants dons et devint l'une des plus importantes abbayes du Midi, dépassant même celle de Moissac. L'abbatiale romane dut être reconstruite à cette époque.
En 1079, l'abbaye fut placée sous la dépendance de l'abbaye de la Chaise-Dieu, qui y nommait des supérieurs et percevait une redevance annuelle. Au XIIe siècle, la région était disputée entre le comte de Toulouse Alphonse Jourdain et les ducs d'Aquitaine Guillaume IX et Guillaume X, et les familles locales prirent parti pour l'un ou l'autre seigneur ; l'abbaye semblait favorable aux ducs d'Aquitaine. En 1140, après que les moines eurent acquis des terres sur un plateau dominant le Tarn, Alphonse Jourdain les fit confisquer. Par la charte du 9 octobre 1144, il fonda la ville nouvelle de Montauban pour assurer le contrôle du Bas-Quercy et verrouiller la route vers Toulouse. L'abbé Ancelin protesta auprès du pape Eugène III et obtint gain de cause : le comte Raymond V lui céda alors la moitié de la seigneurie de Montauban, et la charte des coutumes favorisa la croissance rapide de la ville.
Pendant la croisade contre les Albigeois, l'abbé Raymond d'Azémard soutint Simon de Montfort dans l'espoir de retrouver la souveraineté sur Montauban ; les habitants, qui soutenaient Raymond VI, le dénoncèrent et le comte de Toulouse fit emprisonner l'abbé, qui y mourut en 1212. La situation ecclésiastique évolua en 1317 lorsque le pape Jean XXII créa le diocèse de Montauban et fit de l'abbé Bertrand Ier du Puy le premier évêque ; le nouveau diocèse fut rattaché à l'archevêché de Toulouse et exempté de la juridiction de Bourges. Les évêques élevèrent une cathédrale à l'emplacement de l'ancienne abbatiale en conservant la tour occidentale, mais la construction, commencée au début de la guerre de Cent Ans, fut contrainte par des ressources limitées. En 1379, des moines occupaient encore la cathédrale, devenue leur abbatiale, mais l'office abbatial fut ensuite confié à un prieur et des clercs séculiers prirent possession des prébendes et des offices. Lorsque Georges d'Amboise fut élu évêque en 1484, il possédait déjà la dignité d'aumônier.
Aux guerres de Religion, qui débutèrent en 1560, Montauban se rallia largement à la Réforme ; la cathédrale de Montauriol fut incendiée par les protestants entre 1561 et détruite en 1567, et les pierres des édifices démolis furent employées pour renforcer les remparts qui tinrent en 1562 face à trois assauts dirigés par Blaise de Monluc. Classé au titre des monuments historiques le 22 août 1927, le colombier reste aujourd'hui le seul élément encore visible de l'ancienne abbaye de Montauriol.