Abbaye de Noirlac à Bruère-Allichamps dans le Cher

Patrimoine classé Patrimoine religieux Abbaye Route Jacques-Coeur

Abbaye de Noirlac

  • Abbaye de Noirlac
  • 18200 Bruère-Allichamps
Abbaye de Noirlac Le cloître
Abbaye de Noirlac
Abbaye de Noirlac
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Abbaye de Noirlac
Crédit photo : Manfred Heyde - Sous licence Creative Commons
Propriété du département

Période

XIIe siècle, XIIIe siècle, XIVe siècle, 1ère moitié XVIIIe siècle

Patrimoine classé

Abbaye de Noirlac (ancienne) (cad. C 1155 à 1160) : classement par liste de 1862

Origine et histoire de l'Abbaye de Noirlac

L'abbaye de Noirlac est une abbaye cistercienne située à Bruère‑Allichamps, près de Saint‑Amand‑Montrond dans le département du Cher ; elle figure parmi les abbayes cisterciennes les mieux préservées et appartient au département du Cher depuis 1909. Fondée en 1136 par des moines venus de Clairvaux, elle prit plus tard le nom de Noirlac en raison d’un étang voisin; une charte d’établissement d’Ebbes V de Charenton date de 1150 et a permis l’accroissement de son patrimoine. La construction s’étend principalement du XIIe au XIIIe siècle : le chœur, le transept et les deux dernières travées de la nef furent élevés au milieu du XIIe siècle, puis les voûtements et les ailes orientale et occidentale des bâtiments conventuels furent réalisés dans la seconde moitié du XIIe siècle; aux XIIIe et XIVe siècles on acheva la nef et on reconstruit progressivement les galeries du cloître. Les remaniements du XVIIIe siècle ont concerné la charpente du cellier, le dortoir des moines, l’aile est et l’installation d’un escalier monumental dans l’ancien réfectoire, tandis qu’une restauration générale a été menée dans la seconde moitié du XXe siècle. Les vitraux de l’église et du réfectoire, exécutés d’après les cartons de Jean‑Pierre Raynaud, ont été posés en 1977.

L’organisation monastique respecte la séparation des moines et des convers : l’ensemble des bâtiments se développe autour d’un cloître à quatre galeries qui dessert les espaces des moines à l’est et, côté ouest, les bâtiments des convers et les communs. La galerie est du cloître, plus ancienne, remonte au début de la construction de l’église au XIIe siècle ; elle donne accès à la sacristie, à la salle capitulaire, à l’escalier du dortoir et au chauffoir, où l’on voit un enfeu du XIIe siècle. La galerie nord permet l’accès à l’abbatiale par deux portes distinctes, la galerie sud desservait le réfectoire et la cuisine tandis que la galerie ouest ne s’ouvre pas sur le bâtiment réservé aux convers ; une ruelle des convers reliait autrefois ce bâtiment à la galerie.

L’église abbatiale, conçue selon les exigences liturgiques cisterciennes, présente un chœur peu profond, un chevet plat encadré de contreforts, deux chapelles latérales ouvrant sur le transept et une nef dont l’ordonnancement séparait moines, infirmes et convers; les accès nord, sud et ouest répondent aux usages monastiques. Le chevet est percé de trois lancettes surmontées d’une rose, et les chapelles latérales sont éclairées par de plus petites lancettes ; la piscine liturgique est aménagée dans le mur sud du chœur. La croisée du transept conserve une voûte à clé pour l’oculus permettant le passage des cordes des cloches ; la charpente du transept est conservée et une analyse dendrochronologique a daté la charpente du bras sud vers 1170 et celle du bras nord vers 1187–1188, tandis que le clocher en élévation a disparu dont le plan reste perceptible dans l’enrayure. Les règles du chapitre général de 1157 imposaient dans l’ordre cistercien des clochers en bois de petites dimensions, limitant le nombre et le poids des cloches.

La façade ouest a subi des destructions importantes et le porche d’entrée a été détruit lors d’un incendie dont l’attribution a parfois été faite à l’armée huguenote de 1562 mais qui est probablement une conséquence des combats de la Fronde ; subsistent des colonnes, les amorces de voûtes d’ogives, une rose et une bouche à feu vestige des fortifications de la guerre de Cent Ans.

Le bâtiment des moines, à l’est du cloître, est composé de deux niveaux comprenant la sacristie, la salle capitulaire, le parloir, le chauffoir et l’escalier d’accès au dortoir ; l’étage abritait le dortoir et la chambre de l’abbé, transformés au XVIIIe siècle puis réaménagés au XXe siècle. La salle capitulaire, lieu des réunions du chapitre, est soignée dans son appareillage et a livré par des fouilles des sépultures, probablement celles d’abbés et de grands donateurs. Le dortoir fut modifié après l’autorisation pontificale d’individualiser les couchages autour de 1500 et transformé au XVIIIe siècle en chambres meublées. L’aile en retour présente un noyau médiéval remanié au XVIIIe siècle, abritait l’infirmerie au rez‑de‑chaussée et un appartement priorial à l’étage.

Le réfectoire, au centre de l’aile sud, a retrouvé lors des restaurations du XXe siècle son volume originel : il forme un long rectangle divisé en travées, couvert de voûtes d’ogives et largement éclairé par des lancettes et des roses, avec la chaire du lecteur aménagée dans le mur ouest et des vestiges de banquettes le long des parois. Au cours du XVIIIe siècle, cet espace avait été transformé en appartements pour hôtes et doté d’un entresol et d’un escalier monumental, restitué depuis dans un bâtiment voisin. Le bâtiment des convers conserve le cellier au rez‑de‑chaussée, avec silos et cuve, et le dortoir à l’étage ; la charpente a été restaurée.

Sur le plan hydraulique, un réseau d’adduction et de collecteurs a été mis en place dès le XIIe siècle, avec la captation d’une source proche du transept et des canalisations souterraines entourant les bâtiments monastiques, tandis que des conduits plus modestes parcouraient le cloître.

Après un âge d’or alimenté par de nombreuses donations et la gestion d’un important patrimoine foncier, l’abbaye connut la violence de la guerre de Cent Ans, des occupations et des exactions, puis une crise interne et un affaiblissement moral qui commencèrent au XVe siècle. Fortifiée et dotée d’un donjon pour sa défense, elle fut par la suite mise en commende en 1510; elle subit d’importants dommages lors des guerres du XVIIe siècle, en particulier pendant la Fronde. Vendue comme bien national à la Révolution, elle fut transformée en manufacture de porcelaine au XIXe siècle, ce qui entraîna des aménagements et des destructions (planchers dans l’église, surélévations et ouvertures dans le cloître) avant la cessation de l’activité en 1866. Classée Monument historique en 1862, l’abbaye connut ensuite diverses affectations, servit de camp pour réfugiés espagnols en 1938–1939 puis d’annexe d’hospice, avant d’être restaurée entre 1950 et 1980 sous la direction des services des Monuments historiques.

Acquise définitivement par le département du Cher en 1909, l’abbaye est aujourd’hui un centre culturel de rencontre labellisé et membre de la Charte des abbayes et sites cisterciens d’Europe ; elle accueille des actions de création et de transmission, des résidences d’artistes et de nombreuses animations et expositions, et reçoit un public régulier tout au long de l’année.

Liens externes