Origine et histoire de l'Abbaye de Noyers
L’ancienne abbaye Notre‑Dame de Noyers, édifiée au début du XIe siècle à Noyers, sur la commune de Nouâtre (Indre‑et‑Loire), fut l’un des monastères les plus importants de Touraine. Elle exerça une influence religieuse, morale et agricole notable en Basse‑Touraine et dans le Châtelleraudais, disposant de revenus considérables et recevant parfois des légats du pape ainsi que les comtes d’Anjou et de Touraine ; Henri IV y séjourna trois jours en septembre 1587. Hubert, seigneur de Noyant, acquit l’église de Malran, seigneur de Nouâtre, et fonda une nouvelle abbaye qu’il confia à des moines de l’ordre de Benoît ; l’abbé Évrard ou Ébrard, venu de Saint‑Julien de Tours et de Marmoutier, amena le premier noyau de moines. Hubert et son fils Thomas donnèrent pour l’entretien des religieux trois alleux situés au sud de la Vienne — Charçay, Doucé et Chaveignes — ainsi que les personnes serviles attachées à ces domaines. Les fondateurs obtinrent l’accord de Foulques Nerra et de son fils Geoffroy Martel, seigneurs du lieu, puis la confirmation royale de Robert II, qui concéda un diplôme à Orléans au début de 1031. L’église abbatiale, bâtie avec des pierres provenant d’une carrière sur le coteau opposé à la Vienne, fut achevée vers 1032 et consacrée par Arnoul, archevêque de Tours, sous le vocable de Notre‑Dame de Noyers. L’abbatiale fut agrandie et restaurée à plusieurs reprises : l’abside datait du XIe siècle, la nef et les chapelles relevaient de la première moitié du XIIe siècle, et des transformations ultérieures inclurent la suppression d’un narthex au XIIe siècle pour implanter un clocher ; entre 1542 et 1544 François de Mauny fit poser un jubé de goût Renaissance et réédifier le logis abbatial et les cloîtres. Ravagée par les Protestants en 1562 puis seulement réparée, l’abbaye fut supprimée en 1791 ; l’abbatiale fortifiée fut entièrement rasée et les bâtiments conventuels vendus comme biens nationaux. Jusqu’environ 1925 subsistèrent les ailes sud et ouest des bâtiments conventuels, puis l’aile ouest fut démolie ; les carrelages provenant de la salle capitulaire ont été déposés dans l’église. Aujourd’hui restent trois bâtiments importants de la reconstruction du XVIIIe siècle : le portail monumental, timbré aux armes de France et encadré de deux pavillons, l’ancien réfectoire et la cuisine des moines au sud, et plus à l’est le logement abbatial ; les ailes est et ouest du cloître ont été démolies. Les vestiges de l’abbaye ont fait l’objet de protections au titre des monuments historiques : la salle capitulaire a été classée en 1964 et la façade et la toiture du bâtiment sud inscrites en 1971. Parmi les abbés commendataires figurent François de Mauny (1542) et Mgr Urbain‑René de Hercé, abbé de 1761 à 1790.