Période
XIIIe siècle, XVe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle, XIXe siècle
Patrimoine classé
Les bâtiments de la ferme actuelle des Granges de Port-Royal, à l'exclusion des parties classées (cad. A 66) : inscription par arrêté du 18 mars 1980 - L'ensemble des parties bâties et non bâties, en totalité (cad. A 14 à 17, 37 à 54, 61 à 68, 181) : classement par arrêté du 10 octobre 2008
Origine et histoire de l'Abbaye de Port-Royal des Champs
L'abbaye de Port-Royal des Champs, fondée en 1204 par Mathilde de Garlande, se situe au cœur de la vallée de Chevreuse, sur la commune de Magny‑les‑Hameaux. Le nom ancien du vallon, Porrois, a évolué en Port‑Royal en raison du soutien des souverains et des privilèges royaux accordés au monastère. L'église principale, dirigée par Robert de Luzarches, a été édifiée au début du XIIIe siècle selon les principes cisterciens, avec une nef de six travées, un transept saillant et un chevet plat. Le monastère, implanté autour du ruisseau Rhodon, présente l'organisation typique d'une abbaye cistercienne : cloître, bâtiments conventuels et aménagements hydrauliques destinés à l'irrigation et à l'énergie. Après des réparations et des transformations aux XVe et XVIe siècles, la communauté connaît une profonde réforme sous l'abbesse Angélique Arnauld et sous l'influence spirituelle de Saint‑Cyran, qui renforcent la pratique liturgique, l'enseignement et la charité. Confrontées à l'insalubrité du site, les religieuses se replient à Port‑Royal de Paris en 1625 ; des Solitaires laïcs s'installent aux Champs à partir de 1638, assainissent les lieux et entretiennent les bâtiments. Au retour des religieuses en 1648, les Solitaires se retirent aux Granges sur le plateau et y créent, dès 1651, les Petites Écoles, établissement où Jean Racine fut élève. Port‑Royal devient alors un centre intellectuel et spirituel majeur, associé à la Réforme catholique et, progressivement, aux positions jansénistes défendues par des figures comme Antoine Arnauld, Blaise Pascal et Louis‑Isaac Lemaistre de Sacy. Les débats théologiques et les pressions du pouvoir et de la hiérarchie ecclésiastique entraînent expulsions et interdictions ; la dispersion des religieuses est prononcée en 1709 et le Conseil d'État ordonne la démolition de l'abbaye en 1710. Entre 1710 et 1713 l'essentiel des bâtiments est rasé ; les pierres sont récupérées et de nombreux corps exhumés et transférés, si bien qu'il ne subsiste que des éléments fragmentaires : le colombier, le moulin, l'étang du Rhodon, des portions de murs et de tourelles, des caves et les fondations de l'église. Vendu comme bien national à la Révolution, le domaine change plusieurs fois de mains ; au XIXe siècle Louis Silvy fait édifier un oratoire à l'emplacement de l'ancien autel, replante des tilleuls et aménage le canal. Une campagne menée à la fin du XIXe siècle par l'architecte Mabille remplace l'oratoire par un édifice néo‑gothique et la Société des Amis de Port‑Royal participe à la conservation du site. Les bâtiments des Granges et le logis des Petites Écoles, datés du XVIIe siècle, ont été aménagés et accueillent depuis les années 1960 le musée national des Granges de Port‑Royal, qui conserve tableaux, gravures, livres anciens et objets liés à l'histoire du monastère. Le domaine a été progressivement acquis par l'État et bénéficie de protections au titre des monuments historiques et du site naturel, des mesures complétées par la création en 2006 d'un groupement d'intérêt public culturel réunissant l'État et les collectivités pour sa gestion. Aujourd'hui le site combine ruines, bâtiments conservés, musée et domaine forestier et paysager ; ses vestiges, ses collections et ses jardins reconstitués témoignent de son rôle religieux, intellectuel et mémoriel du Moyen Âge au XXe siècle. Port‑Royal des Champs a inspiré de nombreux artistes et écrivains, a été un lieu de pèlerinage et de mémoire après sa destruction, et demeure un lieu de visite, de recherche et d'animation culturelle.
