Origine et histoire de l'Abbaye de Prébenoît
L'abbaye de Prébenoît est une abbaye cistercienne située dans le département de la Creuse (Nouvelle-Aquitaine), active du XIIe siècle à la Révolution et en grande partie détruite au XIXe siècle. Peut-être installée près d'une communauté d'ermites vers 1120, elle est fondée en 1140 par l'abbaye de Dalon grâce à une donation du seigneur de Malval et prend le nom de Prébenoît. Le premier abbé, probablement le fondateur, se nomme Pierre ; la communauté vient de Dalon ou de l'abbaye de Chatreix et l'abbaye rejoint l'ordre de Cîteaux en 1163. Diverses familles nobles régionales, notamment les Déols et les Brosse, alimentent le patrimoine de la maison, qui reste cependant modeste. Les seigneurs de Brosse font établir leur sépulture à Prébenoît : Roger de Brosse y est inhumé avec son épouse Marguerite de Déols et plusieurs descendants, dont Jean de Brosse. Le tombeau de la famille de Brosse est connu par des récits de voyageurs, notamment une description de Duval en 1788 publiée par A. Guy et complétée par des références plus anciennes mises au jour par Ph. Loy. Les vassaux des seigneurs de Boussac complètent les donations : entre 1162 et 1192 les Nouzerines cèdent plusieurs lieux et granges proches, autour de 1200 les Adhémar donnent terres, bois, prés, dîmes et droits dans divers lieux, et la famille de Verneiges attribue les domaines de Molles et Bramareix. L'abbaye possède des biens dispersés autour d'elle et au sud de la Petite Creuse, gérés par environ sept granges, dont une à Sinaise dans l'Indre. Pour mettre en valeur ces terres, les moines réalisent d’importants aménagements hydrauliques : au début du XIIIe siècle ils canalisent le ruisseau Cluzeau, établissent plusieurs moulins et créent trois étangs artificiels — l'Étang noir, l'étang des Côtes et l'Étang rompu — l'Étang noir ayant une chaussée de 100 m rompue dans les années 1970; au XVIIIe siècle une dérivation alimente des douves converties en vivier et un canal de vidange est creusé. La construction de l'ensemble monastique est achevée vers 1180. Pendant la guerre de Cent Ans les bâtiments sont fortifiés : on creuse des douves, on raccourcit la nef, on dote l'église de tours de défense et on réduit les bâtiments conventuels pour établir un périmètre défensif. Dès la fin du XVe siècle les seigneurs de Saint‑Julien sont qualifiés de « gardiens » de l'abbaye jusqu'en 1599. Lors des guerres de Religion l'abbaye subit occupations et pillages ; en 1590‑1591 elle est aux mains des protestants puis reprise après des combats qui laissent l'abbatiale et les bâtiments conventuels ravagés. En 1621 l'abbé commendataire Mathieu de Verthamont évoque « grandes et pitoyables ruynes » et les abbés suivants n'engagent pas de restauration importante ; en 1691 le lieutenant général de Guéret constate le mauvais état de l'ensemble. Malgré les donations, la gestion par des abbés commendataires prive l'abbaye de moyens de remise en état : l'inventaire de 1790 indique des revenus de 5 502 livres et des dépenses de 5 188 livres, dont 1 800 livres allouées à l'abbé commendataire, et à la veille de la Révolution il ne reste que deux moines. Le vieux mausolée en bois et cuivre mentionné en 1790, sans doute le tombeau de Jean de Brosse, est démonté et transféré à Guéret à la Révolution puis disparu depuis. Lors de la Révolution les biens de l'abbaye sont déclarés biens nationaux et vendus à Henri Carbonnières ; ils sont ensuite attribués à la Légion d'honneur, transférés à la Caisse d'amortissement en 1806, cédés à Louis Gérouilhe de Beauvais en 1811 et revendus au comte de Beaufranchet en 1829, l'ancien bâtiment conventuel servant alors de logement à des fermiers. Le site se dégrade progressivement jusqu'aux années 1960, lorsque le centre d'animation et de tourisme loue et restaure le bâtiment ; la commune de Bétête acquiert l'édifice en 1987 et plusieurs associations poursuivent la restauration et des fouilles sur l'emplacement de l'ancienne abbatiale, entièrement rasée. La fontaine du village de Châtelus‑Malvaleix provient de l'abbaye et, en 2022, un moine ermite cistercien s'installe sur le site. Sur le plan architectural, les bâtiments conventuels présentent un plan en équerre pour les deux corps principaux avec une dépendance en retour ; la façade sud est percée d'une porte encadrée de pilastres à chapiteaux d'inspiration ionique et surmontée d'un fronton décoré de deux médaillons sculptés et d'un losange. À l'intérieur la cage d'escalier et la salle dite A5 conservent des peintures murales du début du XVIIIe siècle représentant l'abbaye, des motifs floraux, des volutes, des rinceaux et une corbeille de fleurs. De la chapelle gothique subsistent une porte ornée d'un arc trilobé et quelques vestiges de murs. Prébenoît est fille de l'abbaye de Dalon et la succession des abbés est documentée de Pierre (1140) à N. d'Omingon‑Gassens (1784‑1791).