Période
2e moitié XIIe siècle, XIIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
Les parties bâties et non bâties de l'ensemble immobilier clos de murs de l'ancienne abbaye, y compris ces derniers (cad. D 44, 45, 48, 51, 53, 126 à 130, 155 à 176) : classement par arrêté du 5 mars 2004
Origine et histoire de l'Abbaye de Preuilly
L'ancienne abbaye cistercienne de Preuilly, parfois orthographiée Prully, se situe sur la commune d'Égligny en Seine‑et‑Marne. Fondée en 1118 par l'envoi d'Arthaud et d'une douzaine de moines par Étienne Harding, elle constitue la cinquième fille de Cîteaux et la première à ne pas être une abbaye primaire. La construction de l'abbatiale s'étend approximativement de 1170 à 1200 et l'établissement prospère grâce au patronage de Thibaut IV de Champagne et d'Adèle de Blois. Les moines de Preuilly fondent à leur tour les abbayes de Vauluisant et de Barbeau. Les archives royales et papales attestent de son importance : une charte royale de 1138, une charte de Louis VII datant de 1140 retrouvée en 2011, et une bulle d'Adrien IV de 1158 confirment ses biens et privilèges. Au début du XIVe siècle, l'abbaye administre notamment dix moulins et dix‑sept granges. Elle subit des fermages à la fin du XIVe siècle et en 1491. À partir du XVIe siècle, la commende s'instaure, Jacques d'Escoubleau de Sourdis étant le premier abbé commendataire connu en 1536 ; l'abbaye possédait aussi un hôtel à Paris. Le monastère endure de nombreuses épreuves : pillages et occupation anglaise aux XIVe et XVe siècles, nouveaux pillages pendant les guerres de Religion en 1567, et un pillage encore lors de la Fronde en 1652. Le cloître fait l'objet d'une restauration entre 1721 et 1736, mais les biens sont partagés à partir de 1686 en plusieurs lots. À la Révolution, la communauté est dissoute (le dernier abbé est Charles‑François de La Rochefoucauld) et les bâtiments sont déclarés biens nationaux puis vendus aux enchères en 1791 ; seules dix religieux restent au moment de la dissolution. Les démolitions se poursuivent jusqu'au rachat progressif des lots par le docteur Henri‑Marie Husson entre 1829 et 1842, restituant l'unité du domaine ; son fils acquiert le logis abbatial en 1866, ce qui arrête les destructions. Vers 1860, une chapelle est aménagée dans des parties de l'ancien ensemble conventuel. L'abbaye est classée au titre des monuments historiques le 5 mars 2004, après des inscriptions antérieures qui avaient fait l'objet d'annulations. Aujourd'hui propriété de la famille Husson, le site se présente en ruines : subsistent les murs du chœur jusqu'à l'amorce des ogives, les murs latéraux de la nef, le croisillon sud du transept et les soubassements de la salle capitulaire, ainsi que la ferme du Domaine et la grange des Beauvais, objets de recherches sur l'économie cistercienne. Le lieu s'ouvre au public lors des Journées européennes du patrimoine et à l'occasion du pèlerinage annuel de Notre‑Dame‑du‑Chêne, qui a lieu le dernier dimanche de septembre. Un mât de mesure installé le 1er octobre 2015 dans le cadre d'un projet éolien est visible depuis le site, notamment le soir lorsque sa signalisation lumineuse est active. Le 900e anniversaire de l'abbaye a été marqué par une messe solennelle célébrée par Mgr Nahmias lors du pèlerinage de septembre 2018. La succession des abbés, d'Artaud à Charles‑François de La Rochefoucauld‑Bayers, est bien documentée ; un fragment de la dalle funéraire de l'abbé Norbert a été offert au musée du Louvre en 2014.