Origine et histoire de l'Abbaye de Quincy
L'abbaye Notre‑Dame de Quincy est une ancienne abbaye cistercienne située à Tanlay, dans l'Yonne, à environ 10 km à l'est de Tonnerre, dans un vallon arrosé par le ru de Melisey. Elle est fondée en 1133 par des moines venus de l'abbaye de Pontigny et l'église abbatiale est consacrée en 1139. Dès ses débuts, l'abbaye connaît une grande prospérité : elle compte jusqu'à cent cinquante moines, possède quatorze granges et maisons urbaines, six à sept moulins ainsi que des celliers à vin à Auxerre, Chablis et Épineuil. Le site, comme toute implantation cistercienne, offrait bois, pierre et eau ; la fontaine de Saint‑Gauthier alimentait le grand cloître par de longs conduits en pierre et trois moulins étaient installés sur le cours d'eau. Quincy sert aussi de nécropole à la famille des Courtenay.
Dès le XIIIe siècle l'abbaye est le théâtre de conflits internes et de querelles de voisinage ; elle est endommagée pendant la guerre de Cent Ans puis retrouve un certain dynamisme à la fin du Moyen Âge. Lors des guerres de Religion, l'abbé commendataire cardinal de Coligny se convertit, la communauté est presque anéantie et un incendie ravage une partie des bâtiments. L'institution décline sans éclat aux XVIIe et XVIIIe siècles. Vendue comme bien national pendant la Révolution, l'abbaye sert ensuite de carrière de pierres puis devient, au début du XIXe siècle, le siège d'une exploitation agricole ; elle est rachetée en 1822 par le propriétaire du château de Tanlay. Le cloître et l'église sont détruits pendant la Révolution et au début du XIXe siècle ; l'église abbatiale avait été entièrement démolie peu avant 1855.
Les bâtiments ont fait l'objet d'inscriptions au titre des monuments historiques et, après avoir longtemps servi à des usages agricoles, les vestiges ont été étudiés et partiellement restaurés ; l'ensemble est désormais ouvert à la visite. Depuis le 5 avril 2022, et avec l'accord de l'archevêché, Dom Boniface Hill, moine bénédictin, s'est de nouveau installé à l'abbaye et des études concernant le logis abbatial et la chapelle des Étrangers ont débuté la même année.
L'abbaye avait à l'origine le plan typique de l'ordre cistercien, avec un cloître bordé au nord par l'église abbatiale, la salle capitulaire et les espaces conventuels à l'est, un réfectoire au sud et des bâtiments pour les convers à l'ouest. De nombreux bâtiments élevés aux XIIe et XIIIe siècles furent profondément remaniés entre le XVe et le XVIIIe siècle, avec notamment une tourelle d'escalier ajoutée à un corps de logis et des modifications de façades.
Aujourd'hui, il ne subsiste de l'ensemble claustral qu'une partie du bâtiment des moines formant un parallélépipède de 25 mètres sur 14 mètres à deux niveaux, le corps de logis et une basse‑cour du XVIIIe siècle ; un petit bâtiment daté de la fin du XVIIe ou du début du XIXe siècle sert d'accueil aux visiteurs. Le logis abbatial, daté de la fin du XVe siècle, conserve une tourelle dont l'intérieur se termine par un épanouissement de nervures fines ornées d'écussons et d'inscriptions, et le bâtiment adjacent, ancien logement des fermiers avec étables et écuries, présente de belles voûtes à nervures ogivales du XIIIe siècle.
Quincy est fille de l'abbaye de Pontigny. Comme de nombreux monastères, il passe à la commende après le concordat de 1516 ; parmi les abbés commendataires figurent Louis de Mégrigny et, en 1636, Mathieu de Mégrigny, son neveu, devenu ensuite abbé de Pontigny.