Période
XIVe siècle, XVIIe siècle, XVIIIe siècle
Patrimoine classé
La salle capitulaire, le réfectoire, les constructions situées entre ces deux salles ; le colombier : classement par arrêté du 18 mars 1920 - L'abbaye en totalité, à l'exception des parties déjà classées, y compris les parties désignées comme suit : le réseau hydraulique (canaux, canalisations souterraines et aériennes, digues, étang et ponts) (cad. F 8, 9, 11, 56 à 66, 73, 74, 76, 89 à 93, 95) ; le bief (cad. F 73, 74, 76, 96) ; les sols archéologiques (cad. F 59, 62 à 65) ; le cellier (cad. F 65) ; les vestiges du bâtiment des convers et du cloître (cad. F 64, 65) ; les vestiges de l'église (cad. F 62, 64, 65) ; le bâtiment de basse-cour (cad. F 64) ; les murs de clôture et leurs portails (cad. F 56, 57, 59 à 66, 76, 95, cf plans cadastraux annexés à l'arrêté) : inscription par arrêté du 16 juillet 2012 - Hôtel des abbés commendataires de l'abbaye de Reigny, sis au hameau de Reigny : les façades ; les toitures ; les structures porteuses (cad. F 68, cf plan cadastral annexé à l'arrêté) : inscription par arrêté du 10 juillet 2012 - Moulin de l'abbaye de Reigny, sis au hameau de Reigny : les façades et toitures (cad. F 93, cf plan cadastral annexé à l'arrêté) : inscription par arrêté du 10 juillet 2012
Origine et histoire de l'Abbaye de Reigny
L'ancienne abbaye cistercienne de Reigny est située au hameau de Reigny, dans un domaine de 14 hectares au bord de la Cure, entre Vermenton et Lucy‑sur‑Cure, dans l'Yonne. Le site, appelé Reigniacum, a été établi sur un ancien emplacement gallo‑romain. Ses origines tiennent à une petite communauté d'ermites qui s'installèrent à la Terre de saint Pierre au début du XIIe siècle, avec des donations confirmées en 1105. La communauté rejoignit l'ordre cistercien en 1127 ; après la mort de leur abbé Julien, saint Bernard dépêcha Étienne de Toucy pour la diriger, et Étienne, accompagné de douze moines, érigea des bâtiments provisoires puis procéda à la fondation officielle en 1134. L'abbaye reçut la protection du pape Eugène III en 1147 et connut un important développement au Moyen Âge, accueillant jusqu'à trois cents moines et gérant un vaste domaine agricole organisé en granges, celliers et moulins. Les nombreuses donations de la noblesse locale et des seigneurs riverains étendirent ses possessions, qui allaient des terres et bois de Puisaye aux vignes du Tonnerrois. L'église primitive, construite vers 1162, fut détruite par les Huguenots en 1587 et il n'en subsiste que les fondations ; une seconde église fut élevée de 1759 à 1765 par Claude‑Louis d'Aviler avec Pochet et Claude‑Nicolas Ledoux, puis détruite pendant la Révolution. Parmi les bâtiments conservés, le réfectoire cistercien du début du XIVe siècle, remarquable par sa nef à double travée et sa polychromie, fait partie des rares exemples de ce type en France. La salle et le dortoir des moines, transformés au XVIIIe siècle et aujourd'hui meublés, ainsi que la salle à manger réaménagée, témoignent des réemplois successifs. Le logis des abbés (XVIIe siècle), la grange dîmière (XIVe siècle), le portail du XVIIIe siècle, un pigeonnier du XVIIe siècle et le moulin du XIXe siècle complètent l'ensemble abbatial. Le colombier, de grande taille, contient 3 500 boulins en terre cuite et deux échelles pivotantes. L'ingénieux réseau hydraulique cistercien a été conservé et la remise en service du moulin hydraulique est prévue. Le cloître et une partie des bâtiments conventuels, datés du XIIIe siècle, furent en grande partie détruits à la fin du XVIIIe siècle ; les fondations des bâtiments démolis sont encore visibles après des fouilles. Reigny était fille de l'abbaye de Clairvaux et administra de nombreuses dépendances et terres reçues par donations, notamment à Quarré‑les‑Tombes, Trinquelin et Vau‑Marin. Parmi les abbés se succédèrent Étienne de Toucy, Ascelin, Jean III de Mailly, Claude de Dinteville, Basile Fouquet et Jean‑Marie Du Chastel ; Étienne, premier abbé envoyé par Bernard de Clairvaux, mourut en 1162, Basile Fouquet s'y retira et y mourut en 1680, et Jean‑Marie Du Chastel exerça à la fin du XVIIIe siècle. Les armes de l'abbaye sont « de sable à un pal d'argent chargé d'un cœur de sinople », surmontées de la crosse abbatiale. Classée au titre des monuments historiques depuis le 18 mars 1920, l'abbaye et ses terres appartiennent aujourd'hui à un particulier et font l'objet de travaux de restauration entrepris depuis 2005.