Origine et histoire de l'Abbaye de Saint-Amand
Les traditions sur la vie de l'ermite Amand proviennent des récits d'Étienne Maleu, chanoine de Saint-Junien, au début du XIIIe siècle. Vers 500, Amand se serait installé sur le flanc sud d'un promontoire rocheux au confluent de la Vienne et de la Glane, lieu dépendant du vicus de Comodoliac et appartenant à l'évêque de Limoges Rorice Ier. Le site dominait un important point de passage constitué par les gués des deux rivières ; l'évêque y fit édifier un oratoire et une cellule pour l'ermite. Après la mort d'Amand, sa renommée fut éclipsée par celle de son disciple Junien, et ce n'est qu'en 1083, sous l'impulsion d'Hugues, abbé de Cluny, que l'on retrouva son tombeau. Un chanoine nommé Ramnulfe fit construire une église, consacrée en 1094 ; contrairement à une appellation récente, cet édifice n'a jamais été le siège d'une abbaye. En 1339, elle est mentionnée comme église paroissiale extra-muros sous le nom de Saint-Amand-le-Vigen (Sanctus Amandus de Viniano), sans doute en raison de la proximité de la Vienne. De cette église à nef unique et chœur à abside subsistent le croisillon nord, dont le mur s'infléchit en absidiole, la moitié nord du mur du chevet et deux salles basses voûtées. Des fouilles récentes dans le croisillon nord ont mis au jour un réseau de canalisations alimentant d'abord un bassin en tuiles plates, remplacé ultérieurement par la fontaine en granit dite de Saint-Amand. Le sarcophage présent sur le site n'est pas le tombeau du saint ermite ; il aurait été déposé là au début du XIXe siècle. Les franciscains Récollets s'installèrent en 1598, construisirent un couvent au sommet de la colline en 1640 et restaurèrent l'église en 1646-1647. L'édifice fut partiellement démoli lors des transferts de propriété liés à la Révolution et apparaît en ruine sur une gravure des années 1825-1830. C'est peut-être à l'emplacement de leur église haute, dédiée à Notre-Dame, que Pierre-Léonard Périgord, premier sous-préfet de l'arrondissement de Rochechouart, fit construire vers 1825 une sorte de belvédère de style italianisant. L'aménagement du site en terrasses date des années 1890-1900, après la création de la nouvelle route d'Angoulême en bord de Vienne. Les vestiges très transformés du couvent des Récollets abritent aujourd'hui une auberge de jeunesse.